La promesse de la stabilité fiscale est déjà morte. Jérôme Cahuzac recherche d’ores et déjà 6 milliards d’euros de recettes supplémentaires pour 2014. C’est ce qu’il a déclaré sur Europe 1, dans un style qui ressemblait plus à du novlangue qu’à de la langue de bois.
Il flottait un petit air de 1984 lundi matin sur Europe 1 quand le ministre du Budget s’est exprimé. Dans le novlangue du livre de George Orwell, il faut faire disparaître des mots. Tel est le sort réservé au mot « impôt », qui a disparu de son discours : Jérôme Cahuzac préfère parler de « recettes fiscales supplémentaires ». Pour lui, « la stabilité fiscale impose de trouver six milliards d'euros de recettes supplémentaires ». C’est une deuxième forme de novlangue : changer le sens des mots. Après « la guerre c’est la paix », voici « la création d’impôts de nouvelles recettes, c’est la stabilité » ! N’est-il pas évident que si l’on modifie la fiscalité, alors elle n’est pas stable, par définition ? Le ministre trouve prétexte de la compensation d’impôts levés en 2013 à titre exceptionnel, alors qu’il s’agit en réalité d’un mélange d’effet Laffer, de non augmentations d'impôts et effectivement de quelques taxes exceptionnelles non renouvelées. Tout ceci car « la situation financière de la France (...) ne permet malheureusement pas de nous priver de six milliards d'euros de recettes. ». L’État n’en aurait pas les moyens, alors que pour les Français, qui n’ont, c’est bien connu, aucun problème de pouvoir d’achat et ignorent la crise, la facture sera soyons en sûrs indolore.
Le ministre du Budget tente de rassurer : « des économies dans la dépense publique sont inévitables, nous avons commencé à en faire, nous continuerons à en faire, non seulement au sein du budget de l'État mais au sein des opérateurs, au sein des différentes politiques publiques. ». Comme nous l’avons déjà vu, les dépenses publiques n’ont en fait jamais baissé, tout au plus leur croissance est moins rapide. Elles vont même atteindre, selon la Commission européenne, un record de 57,0% du PIB dès 2013.
M. Cahuzac ne donne pas de piste pour ces nouveaux prélèvements, bien qu’il dise envisager « une allocation autonomie pour les jeunes (...). Il faut tenir l'engagement de permettre aux jeunes d'être autonomes. ». « Allocation autonomie », quel bel oxymore puisque celui qui reçoit une allocation n’est, encore une fois par définition même, pas autonome. Mais sans doute que pour le ministre « l’assistanat c’est l’autonomie ».
Source : La Tribune.