Marshmallow

Publié le 26 février 2013 par Lordsofrock @LORDS_OF_ROCK

INTERVIEW - Début février nous étions à Orléans pour le concert de Marshmallow. Tout de suite après leur show, les quatre garçons nous ont fait le plaisir de répondre à quelques questions dans les loges du Bouillon. Pour les veinards qui étaient dans les parages, désolés d'avoir retardé le groupe pour la séance de dédicaces. On ne recommencera plus c'est promis.

Séduit par l'album l'année dernière, il me tardait donc de rencontrer ces corréziens en région Centre. Après 2 tentatives d'interview avortées plus tôt dans la journée, le rendez-vous est donc pris à 22h. Le concert touche à sa fin, Fred, Pierre, Julien et Fabien rangent leurs instruments et me retrouvent donc dans une des loges du Bouillon, une salle de spectacle au beau milieu du campus orléanais…

Lords of Rock : On va commencer soft. D'où venez vous ?

Fred : La réalité des faits c'est qu'au tout départ nous venons du centre de la France. Pierre est de Vichy, nous on est de Corrèze mais on a fait nos études à Clermont Ferrand. On a commencé le groupe là-bas donc quelque part on peut dire qu'on est un groupe de Clermont même si on n'y habite plus du tout. Maintenant on est plutôt sur Paris.

Et depuis quand le groupe existe ?

Fred : Quand la mère de Fabien a accouché, il a pris une guitare et moi j'étais dans le berceau d'à côté à peu près. On se connait depuis toujours, on est du même bled, un tout petit bled un peu comme dans « Retour vers le futur » tu vois. On vient de Corrèze, entre Chirac et Hollande. C'est devenu vraiment sérieux avec Pierre il y a cinq ans.

Pierre est le dernier arrivé ?

Fred : C'est ça, quand tu formes un groupe de trois mecs qui se connaissent depuis très longtemps, c'est difficile de trouver quelqu'un qui arrive à rentrer dans le truc et avoir le même esprit. On l'a attendu longtemps et on l'a trouvé il y a cinq ans.

Pourquoi Marshmallow ? Franchement quand tu fais des recherches sur « Marshmallow » sur Google…

Fred : Tu as vingt bonshommes qui bouffent de la guimauve c'est ça ? En fait au départ on s'appelait Revolver parce qu'on était fans des Beatles, on faisait de la musique, on transpirait sur scène mais on ne voulait pas en vivre. A un moment on a fait un enregistrement, on avait une chanson où il y avait Marshmallow dedans. Il a fallu trouver un nom du coup c'est venu comme ça. Il n'y a pas plus de réflexion que ça.

Julien : Il n'y a aucun fondement, on n'avait pas du tout de nom et il nous en fallait un alors le batteur de l'époque qui avait des bonnes idées nous a dit « On va s'appeler Marshmallow ».

Fred : C'est un peu comme les mecs qui s'appellent Jean-Marc, ils n'ont pas choisi leur prénom. Nous c'est pareil.

En même temps Marshmallow ça se retient !

Fred : C'est une impression que l'on a, je crois que les gens retiennent notre nom.

Julien : Finalement c'est pas si pourri que ça ! Tout le monde nous en parle.

Fred : Mais d'un autre côté tu peux te dire que notre musique est un peu guimauve, qu'on est mous du cul…

En ce qui concerne vos influences, vous êtes surtout fans des Beatles ?

Fabien : Au départ c'est ce qui nous a réuni. Après on écoute plein d'autres choses.

Julien : Ca reste le meilleur groupe du monde !

Et dans les artistes actuels ?

Julien : Il y en a plein, on aime la plupart des groupes qui descendent des Beatles.

Fred : Et puis on aime des groupes comme les Strokes qui ont relancé la musique en 2002, il y a beaucoup d'anglais comme Blur et Oasis, même des groupes comme MGMT qui sont extrêmement novateurs mais qui viennent tout droit des années 60. Ces mecs-là s'inspirent des Beach Boys, de la musique surf, et au delà de ça ils ont le sens de la mélodie, des arrangements et ils arrivent à faire des albums contemporains. Enfin voilà, on écoute principalement des groupes qui ne sont pas français, même si nous on s'acharne à chanter en français.

Justement, pourquoi chanter en français ? Il y a peu de groupes qui le font.

Fabien : Disons que, même si on aime des artistes qui ne chantent pas en français, on essaye de faire quelque chose qu'on ne connaît pas en France.

Fred : Ce qu'on aurait bien aimé entendre de la part de groupes français. Alors même si on tâtonne, on n'arrive pas forcément tout de suite avec le truc parfait, mais on prend le risque de progresser. On cherche à faire comme les groupes qu'on aime, mais en français.

Le fait de chanter en français vous aidera peut être à séduire un public plus large…

Fabien : Probablement, mais ce n'est même pas la base de notre démarche. Chanter en anglais, à part faire des reprises, ça ne nous correspond pas, on aurait l'impression de se travestir.

Fred : C'est agréable à écouter l'anglais. Le français pour que ça sonne il faut se creuser la tête, et justement on est prétentieux donc on veut faire quelque chose qui n'a jamais existé.

Fabien : Disons que quelque chose qui sonnerait en anglais avec simplement trois mots, ça devient compliqué à faire en français.

Fred : On ne veut pas marcher dans les traces de quelqu'un d'autre. Et puis on aime le rock, mais on ne veut pas faire que de ça. Là on va sortir un EP où il y aura du clavier. On teste différents styles.

Fabien : On passe à la deuxième question ?

Le clip de « A l'heure d'été » était façon « Hélène et les garçons », c'était juste histoire de raconter votre jeunesse ou simplement pour enfin choper des minettes ?

Fred : On a été quatrième voir cinquième degré sur ce coup là.

Julien : Et les filles étaient canons.

Fred : Nous on fait des chansons méticuleusement, on se casse la tête à chanter en français, donc on ne se pose pas de question d'éthique en terme de promotion. Si Patrick Sébastien nous appelle demain et nous dit qu'on passe en prime à 20h30 on y va. L'éthique on la réserve pour nos chansons.

De toute façon les médias sont tellement peu intéressés par le rock, il faut saisir n'importe qu'elle opportunité pour se montrer.

Fred : Tout à fait.

Je suis de la génération « Hélène et les garçons » et ce clip me rend nostalgique, la musique est entêtante, du coup je retiens plus facilement un clip comme ça.

Fabien : Le clip colle parfaitement avec le morceau…

Fred : Je te coupe vite fait, le morceau en question c'était un clin d'oeil aux années 60 donc on trouvait que ça allait bien avec.

Fabien : C'est exactement ce que je voulais dire…

L'année dernière vous avez sorti votre premier EP ?

Fred : Alors dans notre réel parcours, on a fait des chansons bien avant ça, qu'on a sorti par nos propres moyens, qu'on distribuait nous-même etc… Après, quelque chose qui est diffusé nationalement et qui est chroniqué, oui, c'est la première fois.

Et concernant l'album, il se vent bien ?

Fred : C'est difficile à vendre un album. Maintenant c'est plutôt des téléchargements.

Pierre : Si tu veux, au ratio de ce qu'il y a comme promotion, de notre exposition, c'est pas mal. On a fait quasiment que de la presse spécialisée, on passe juste sur OuiFM et Le Mouv', ce n'est pas capté partout, donc si on tient compte de tout ça c'est pas mal.

J'ai l'impression que c'est un problème courant pour les groupes de rock.

Pierre : C'est pas compliqué, tu passes un titre une fois par jour entre 8h et 10h tous les matins sur une radio nationale, c'est entre 10000 albums de vendus en un mois.

Fred : Et puis nous on a jamais été en playlist sur les radios nationales. On a fait tout ce qu'on pouvait mais c'était dans des émissions ponctuelles, très ciblées. L'autre problème aussi c'est qu'on avait pas de tourneur. On a sorti un album sans tourneur, mais maintenant on en a un donc ça va aller mieux. Tous les groupes qu'on a aimé n'ont pas marché dès le premier disque.

Oui mais il faut avoir l'opportunité d'en faire un deuxième…

Fred : On a la chance d'avoir un producteur qui nous aime beaucoup et qui nous fait confiance pour la suite. Dès qu'on rentre à Paris on enregistre un nouvel EP avec des choses totalement différentes comme je te parlais.

Un EP qui va permettre d'enchaîner sur un deuxième album ?

Fred : On est pas sûrs de vouloir en sortir un deuxième en fait.

Julien : De toute façon sur 95 % des albums qui sortent à l'heure actuel, il y a trois ou quatre singles qui sortent et les albums entiers se vendent moins. Donc on hésite. Le seul intérêt c'est d'être chroniqué.

Fred : Justement sortir plusieurs EP ça permet d'avoir le même résultat vu qu'on nous les chronique aussi. Le nouveau format c'est plutôt le téléchargement de trois ou quatre titres, et finalement c'est plus intéressant d'être chroniqué sur trois EP dans un court laps de temps. Ça nous a quand même plu de faire un album comme ça en français parce qu'on a fait un son particulier, ce n'est pas noyé dans la réverb, ce n'est pas extrêmement identifiable. C'était une prise de risque à prendre. Par exemple la plupart du temps je n'ai fait qu'une prise de chant. Quand on est arrivé à Paris, Yarol Poupaud voulait voir un peu ce que ça donnait donc on jouait comme ça simplement histoire de lui montrer vite fait. Et du coup, ça rendait bien donc on a gardé pas mal de prises. Bon sur certaines on a pas pu, mais pour la plupart c'était comme ça. Ce qui fait que quand tu écoutes l'album, ça rend la chose moins lisse, de temps en temps tu sens que la voix gratte un peu, mais au final ça permet de garder un petit côté live et c'est tant mieux.

Justement en parlant de live, tu parles beaucoup avec le public, tu tentes quelques blagues et c'est appréciable. On se croirait entre potes en plein bœuf.

Fred : Ca dépend des soirs. On n'est pas du genre à tout formater, tout préparer à l'avance pour que le concert soit le même partout. Quand on joue dans des salles confinées et que le public est réceptif, l'ambiance monte plus facilement ce qui fait qu'on décuple nos forces. On peut faire des concerts de merde, mais quand on est tous les quatre en pleine forme ça peut donner des concerts qu'on n’oublie pas.

Comme le 28 mars à Paris ?

Fred : Par exemple, et puis quand tu vas à Paris au début ça paraît effrayant et tu joues moins bien que ce que tu peux faire. Nous l'avantage, c'est qu'on a joué partout dès qu'on est arrivés là-bas. On a demandé l'autorisation à la mairie de Paris de jouer dans les squares de tous les arrondissements. On jouait le midi et le soir pendant trente à quarante minutes. Tu avais des gens qui emmenaient leurs enfants jouer à la balançoire, tu en avais d'autres qui pissaient contre des arbres, des gens qui rentraient du travail, d'autres qui mangeaient dans le square parce qu'ils n'avaient pas beaucoup de temps le midi… enfin tu avais de tout et nous on s'installait en un quart d'heure pour jouer devant eux. Après ça tu as l'impression d'être chez toi et tu dédramatise Paris. Et petit à petit on a fait quelques salles comme le Nouveau Casino.

Et aussi l'ouverture d'un match de rubgy !

Pierre : Oui, on a joué juste avant un match du Racing Métro 98…

Fred : 92 !

Pierre : Enfin le Racing Métro nous a contacté pour jouer courant décembre, d'habitude il y a des animations, des jongleurs, enfin tout un tas de trucs, et nous avec.

Fred : Par contre, le truc bizarre, c'est que quand tu joues devant 6000 personnes qui sont là pour toi, tu as l'impression d'être face à une marée humaine. Tu as le trac qui monte. Par contre, tu joues au Stade de France devant 20000 personnes, tu as l'impression qu'il n'y a pas un chat. C'est tellement énorme comparé à la capacité du stade…

Pierre : Surtout qu'au début du concert les gens s'installaient, à la fin ils était 35000 et tu avais un siège sur trois seulement de pris. Et puis la scène était au milieu du terrain, on était loin du public.

Tout ça réussit à faire en sorte que vous viviez de votre musique ?

Fred : Oui mais difficilement. On a tous de temps en temps des petits boulots, mais ponctuels. Il y a des hauts et des bas.

Le fait de tourner davantage vous permettra sûrement d'en vivre.

Fred : C'est sûr que ça va aider un peu, mais il faut faire gaffe quand même. C'est un combat quotidien.

Pierre : Disons qu'on en survit. C'est une passion et on arrive à se nourrir grâce à ça donc c'est une chance, mais il faut faire attention et éviter les excès. Tout seul c'est jouable. Mais dès que tu veux faire ta vie, avoir une femme et des enfants, tu ne peux pas y arriver.

Fred : Il y a un truc paradoxal ; c'est pendant la période où on a fait le plus de promo qu'on a gagné le moins. Quand tu vas dans des émissions télé ou radio, tu ne gagnes rien, c'est gratuit, mais bon il faut bien se faire connaître. Par contre on est conscients qu'on a des privilèges de temps en temps. On fait des choses que des mecs comme nous ne pourraient pas faire. La chose positive avec toute la promo qu'on a fait, c'est que maintenant tout le monde nous connaît. Alors on est pas célèbres, mais quand on dit aux gens « Marshmallow », ça leur dit quelque chose.