Signal faible : l'ultra low cost

Publié le 26 février 2013 par Gommette1

Inutile de se lamenter, l’affaissement économique de l’Europe se poursuit avec des pays égarés dans les tréfonds de la récession et des gouvernements d’une effarante incapacité à réagir. Conséquence : la croissance décroit encore, les usines disparaissent, les boutiques ferment et les chômeurs chôment plus longtemps et en plus grand nombre.

Ce scénario déprimant incite les entreprises à réagir pour amadouer des consommateurs navrés de ne pouvoir se lâcher en vidant leur bas de laine rebondi de liquide, d’or en barre et d’assurance vie, trop désespérés de vivre un quotidien rétréci par le matraquage fiscal d’Etats prédateurs qui se moquent comme d’une guigne de leur avenir. 

Dans le secteur automobile, la funeste déprime touche les constructeurs généralistes moyenne gamme qui se creusent les méninges pour tirer les coûts vers le bas et plonger dans le low cost. Aujourd’hui, seul Renault avec sa marque Dacia domine sur ce segment, mais d’autres constructeurs comme Peugeot, Fiat ou Volkswagen y songent sérieusement. En effet, ce qui était à l’origine des véhicules réservés aux seuls pays émergents et/ou pauvres, est devenu un succès commercial chez des occidentaux qui se serrent la ceinture : en 8 ans, la Logan de Dacia à 8.000 euros s’est vendue à 450.000 exemplaires rien qu’en France !

Mais compte tenu d’une crise toujours aussi tenace, les automobiles Dacia (qui par parenthèses se sont embourgeoisées) sont encore trop chères ! Alors Renault envisage de sortir la marque japonaise Datsun (détenue par Nissan) de la naphtaline pour produire des automobiles « ultra low cost » à 3.000 euros ! Evidemment, le patron du groupe Renault-Nissan annonce réserver cet « ultra low cost » aux pays émergents comme l’Inde en priorité, mais si d’aventures les Européens paupérisés en rêvaient…

En fait, l’émergence de « l’ultra low cost » est un signal faible à regarder de très près : le consommateur occidental malmené entre dans une longue phase existentielle et s’interroge sur ses modes consommatoires. Pourquoi acheter une automobile à 12.000 ou 20.000 euros quand l’essence est de plus en plus chère, quand les embouteillages gâchent le plaisir, quand les édiles vous empêchent de circuler, quand la pollution vous mine le moral déjà en berne ? Le monde bascule (ça on le sait…), l’Occident perd pied alors que l’Orient escalade le futur, les entreprises devront changer leur lunette de visée et intégrer l’idée que le monde riche d’hier n’est pas celui de demain. D’autant que cette drôle de crise dans laquelle nous pataugeons devrait encore durer une dizaine d’années et aura définitivement changer nos habitudes de consommation : pauvres et heureux de l’être ?