Depuis plusieurs années, la pluie ne semblait pas la quitter. Ses jours et ses nuits s’écoulaient dans un décor humide et gris. Déceptions, peines et nostalgies arrosaient quotidiennement sa flore émotionnelle. Son ombrelle d’indifférence ne parvenait plus à la soustraire aux rigueurs de la souffrance.
Roulant dans le sens contraire de ses doutes, l’espoir se mit à briller comme un phare à l’horizon de sa déroute.
Notre amie sentit alors le souffle chaud d’une consolation frémir au creux de sa désolation. C’était une vision que son esprit prit du temps à reconnaître, étant donné sa condition. Devant elle, à travers un rideau liquide chatoyait un arc-en-ciel à vous redonner le goût d’exister.
La beauté du spectacle fit migrer une légère ondée sous ses paupières.
Incapable de colmater la marée, elle accueillit volontiers cette relâche torrentielle. Puis, épuisée d’avoir tant pleuré des yeux, de la bouche et du nez, elle tomba endormie.
Son sommeil foisonnait d’images lumineuses. Des hommes, des femmes et des enfants souriaient, dansaient, riaient, comme autant d’arcs-en-ciel rayonnants.
À son réveil, elle n’était plus la même. Les nuages du passé s’étaient évaporés. En elle, gargouillait un nouvel appétit : Je serai un arc-en-ciel, moi aussi. Mais comment?