Comme nous l'avions évoqué la semaine dernière, le gouvernement a reconnu que le budget ne respecterait pas la règle d'or (déficit de 3 % du PIB) malgré tous les nouveaux sacrifices imposés aux classes populaires et moyennes depuis le nouveau quinquennat. A contrario, pour le grand patronat et l'oligarchie tout va très bien, merci pour eux !
Avant le 1er janvier 2013, les instances de l'UE émettaient seulement un avis a posteriori en matière budgétaire, se contentant d'émettre des propositions que le gouvernement suivait ou ignorait.
Mais ça c'était avant !
Avant que l'UMP, le Centre et le Parti socialiste n'acceptent de livrer le pays à la finance internationale en lui imposant le pacte budgétaire (MES - TSCG), un carcan dogmatique et réglementaire qui bafoue la souveraineté populaire.
Ledit pacte prévoit que le pays qui ne respecte pas la règle d'or se retrouve automatiquement sous la tutelle de l'UE.
C'est ce que Olli Rehn, le commissaire européen chargé des Affaires économiques, confirme en des termes plus diplomatiques dans sa lettre aux ministres des finances des pays membres de l'UE :
« Si la croissance se détériore de manière imprévue, un pays peut bénéficier d'un délai pour corriger son déficit excessif, à condition qu'il ait fourni comme convenu les efforts budgétaires demandés (...) De telles décisions ont été prises l'an passé pour l'Espagne, le Portugal et la Grèce »
Ce qui signifie que si la France ne respecte pas la règle d'or en 2013, elle sera mise sous tutelle. Les chiens de garde de la majorité présidentielle et du néolibéralisme enfumeront sans doute les citoyen-ne-s sur des airs de victoire si l'UE ne la sanctionne pas financièrement.
Dans ces conditions, les instances de l'UE rendront un avis a priori sur le projet de budget, c'est-à-dire avant qu'il ne soit voté par le Parlement, assorti de recommandation que le gouvernement devra probablement respecter sous peine d'amendes... Les pays évoqués par le commissaire susnommé ont expérimenté le système...
En d'autres termes, Hollande, Ayrault, Moscovici et Cie deviendront les marionnettes des commissaires européens, lesquels sont, on le sait, des néolibéraux fanatiques : les 35 heures, bon nombre de services publics, y compris l'éducation nationale, et les retraites risquent de subir quelque mauvais traitement...
Dans cette perspective, le gouvernement Ayrault racle déjà les fonds de tiroir pour anticiper les recommandations de l'UE. Il entend même fiscaliser les allocations familiales, ce qui fragilisera davantage la solidarité nationale, clé de voute d'une sécurité sociale qui part en lambeaux sous le coup des mesures austéritaires.
D'ailleurs, Marisol Touraine ne manque pas de zèle :
« Il y aura des efforts, je le dis (...) Aucune piste n’est aujourd’hui privilégiée»
Si nous étions méchants, nous pourrions paraphraser Audiard en disant ceci :
« on reconnait un-e social-démocrate au fait qu'il a tendance à privilégier systématiquement une mesure de droite et de régression sociale ! Demandez à Schröder, à Papandreou ou à Zapatero.»
Notre futur risque de ressembler au présent, mais en pire...