Editions Thierry Marchaisse
Traduit de l'anglais par Dominique Goy-Blanquet
et Guy Le Gaufey
Paru en Octobre 2011
284 pages
20 euros
Quatrième de couverture : Réfugiée en Angleterre, lors de la seconde guerre mondiale, Katherine Lind y survit solitaire, confrontée à la vie étriquée d'une bibliothèque de province. L'exil l'a coupée de tout. Ne subsiste, au milieu d'un hiver impitoyable, que le souvenir d'un mois d'été dans la campagne anglaise lorsque, six ans plus tôt, écolière encore, elle était venue rendre visite à son correspondant, Robin Fennel. Pourtant, il s'est passé peu de choses entre elle et ce garçon, si peu qu'elle ne sait comment l'accueillir, face à l'intimité qu'il quémande à la veille de partir pour le débarquement. "Odyssée à l'intérieur d'un rêve", où une existence affronte ses propres limites dans l'engrenage des ratages quotidiens, ce deuxième et dernier roman d'un jeune poète est devenu un classique des lettres anglaises.A propos de l'auteur : Philip Larkin (1922-1985), poète, romancier et critique de jazz, est considéré comme l'un des plus grands poètes anglais du XXe siècle. Un choix de ses poèmes, La vie avec un trou dedans, est publié aux mêmes éditions.
A l'image de sa couverture élégante et sobre, Une fille en hiver est le récit introspectif de Miss Katherine Lind. Réfugiée en Angleterre, pendant la Seconde Guerre Mondiale, elle y subsiste grâce à un travail de bibliothécaire. Solitaire, elle se remémore les instants passés aux côtés de Robin et de Jade Fennel lors d'un séjour linguistique et amical passé chez eux, il y a de cela six ans.Dans une famille conservatrice anglaise, Robin est un garçon au caractère tempéré et calme, tandis que Jade la soeur ne se retient pas de ses humeurs fluctuantes. Les parents Fennel, amicaux, bienveillants, hospitaliers sont plutôt discrets laissant à la jeune étrangère tout le loisir de découvrir l'Angleterre en compagnie de jeunes gens. Mais très vite, Katherine se retrouve coincée entre Robin et Jade, qui se disputent la vedette et ne manquent pas une occasion de décontenancer la jeune femme. J'ai aimé la grande délicatesse et la sensibilité de la plume poétique de Philip Larkin, saisissant des instants, des souvenirs, des fragrances, des émotions et des pensées. Une fille en hiver ne manquera pas de nous rappeler les romans intimistes anglais où l'action est nulle mais laisse place au velouté des moments partagés. J'ai aimé la narration, lente, précieuse qui met en contraste les froides journées d'exil, aux côtés d'un patron odieux comme pour rappeler la tristesse et la solitude et le séjour merveilleux de son enfance. La première partie met en scène les longues errances de Katherine dans les rues glacées de Londres. Nous sommes naturellement en hiver. La seconde partie contraste complètement puisque le récit des journées et des visites ensoleillées lors de son séjour dans la famille Fennel se passe en été. Par contraste, tout y est plus insouciant, excitant, plein de joie contenue... Pourtant ce séjour marqué par la formidable retenue du jeune Robinsemble contrariée Katherine qui aurait souhaité plus.La dernière partie du livre est un retour en hiver, où les doutes assaillent l'esprit déjà tourmenté de Katherine. Les illusions s'envolent. Même lorsque Robin, à la veille de partir pour le débarquement, la surprend chez elle et lui demande un moment d'intimité...Roman d'impressions, roman d'introspection, roman de sentiments, Une fille en hiver est plaisant à lire pour ces moments de lecture, entre langueur et sensibilité, tissé de mots raffinés, porté par une héroïne attachante. Les dialogues retenus, les actes manqués, les regards discrets, l'ambiance langoureuse, tout semble se passer comme dans un poème de Keats où la profondeur de l'âme est essentielle. De la belle littérature.
Un grand merci à Babelio et l'opération Masse critique pour la découverte.Merci également aux éditions Thierry Marchaisse En savoir plus sur l'auteur : http://fr.wikipedia.org/wiki/Philip_Larkin