J'aime assez cette expérience de la vieillesse où je m'aventure, un peu malgré moi. Je regarde dans le miroir cet inconnu qui me regarde.
C'est une singulière observation à laquelle je me livre, comme si, en somme c'était un autre que moi que je voyais advenir sous mes yeux. Mes traits dessinent un visage autre que celui auquel j'étais accoutumé. Cet inconnu qui me regarde, oui, je sais bien que c'est moi. Absurdement, je me dis « c'est moi » sans y croire vraiment, avec amusement presque. Mais je sais que ça ne durera pas, que les maux dégradants vont venir, que l'effondrement à un moment deviendra inquiétant, puis effrayant. Je n'en suis pas encore là. Pour l'instant j'assiste à la naissance d'un autre moi pleinement conscient qu'un autre moi disparaît qui ne reviendra jamais.