La méthode des « trois sœurs » ou du « jardin Iroquois » qui consiste à cultiver simultanément maïs, courges et fèves est une technique agricole ancestrale de culture associée pratiquée par les Amérindiens d’Amérique du Nord ou Centrale depuis plus de 6,000 ans. Cette technique qui est particulièrement adaptée aux climats tempérés ou secs connait depuis quelques années un regain d’intérêt important chez les jardiniers amateurs. Dans le documentaire récent de Marie-Monique Robin (Les Moissons du Futur), c’est la Milpa (la version Mexicaine de la méthode des Trois Sœurs) qui est longuement évoquée et citée en exemple de premier modèle d’agroécologie. D’apparence rudimentaire, cette méthode permet en fait de mettre en place un mini écosystème autosuffisant d’une efficacité étonnante qui demande un apport énergétique minimal.
Les 3 soeurs - maïs/haricot/courge
crédit photo: esagor via photopin cc
L’association du maïs, de la courge et du haricot n’est pas innocente et trouve son origine dans les mythologies Amérindiennes. Mais d’un point de vue botanique, ces trois plantes se complètent harmonieusement et bénéficient l’une de l’autre tout en conservant la fertilité du sol d’année en année. Les plants de maïs jouent le rôle de tuteur pour les haricots grimpants. Les plants de haricots fixent dans le sol l’azote dont les autres plantes ont besoin. Quant aux courges (ou encore potirons, calebasses, courgettes, pastèques etc.), elles fournissent avec leur feuillage abondant une couverture qui aide à la fois à conserver un taux d’humidité constant dans le sol et à réduire la prolifération des mauvaises herbes. En fin de saison, les déchets résiduels de chaque plante constituent la base d’un compost riche qui peut être réincorporé au sol.
D’un point de vue nutritif, la culture des trois plantes génère une alimentation tout à fait équilibrée. Riche en glucides et en protéines, le maïs est un aliment énergétique qui contribue toujours à l’équilibre alimentaire de nombreuses sociétés. Les haricots secs sont riches en protéines et contiennent même les acides aminés qui manquent au maïs. Finalement, les courges (et leurs graines) sont sources de vitamines et de lipides.
Il existe bien sur plusieurs variantes de la technique en fonction du type de sol ou du climat, mais dans l’ensemble, la méthode reste la même. Un espace minimum de 3m² est nécessaire pour la mise en place de la culture et ce dans un sol riche en compost et en fumure la première année. Le maïs est d’abord planté en Mai ou Juin selon le climat dans des petites buttes de terre exposées plein sud et espacées de 50cm environ. On peut planter entre quatre et sept graines de maïs par butte. Lorsque les plants de maïs on atteint une quinzaine de centimètres de hauteur, désherber chaque butte et planter la même quantité de haricots à rames autour des plants de maïs. On sème les courges en même temps mais en alternance (ou toutes les trois ou quatre buttes) sur des buttes sans maïs (3 ou 4 graines par buttes). Si on ne sème qu’une ou deux buttes sur un terrain réduit, on peut semer les courges en cercle autour des plants de maïs/haricots. La Milpa Mexicaine est un système similaire qui peut aussi inclure d’autres variétés de plantes (poivrons, piments, tomates, avocats, patates douces etc.)
Les 3 soeurs figurent sur la série limitée 2009 du Dollar Amerindien - CC Wikimedia Commons
A l’origine, les techniques agricoles de La Milpa et du jardin Iroquois avaient un rôle à la fois économique et socioculturel puisque qu’elles s’appuyaient sur l’interaction entre différentes communautés et sur une relation sacrée avec la terre nourricière. Aujourd’hui, alors qu’on évalue les ravages de plus d’un demi-siècle de monoculture du maïs, La Milpa est aujourd’hui considérée comme un modèle exceptionnel de permaculture et d’agriculture durable. L’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture soutient un programme d’aide au maintien de la Milpa au Mexique. Le département de botanique de l’Université de Cornell à New York propose même des formations publiques à la technique des trois sœurs.
Source: No Tech Magazine
Voir aussi : agriculture durable, alimentation, permaculture