Le retour du loup indubitable, à une crotte près

Par Baudouindementen @BuvetteAlpages

Biodiversité - La Belgique doit se préparer à l’arrivée du loup ; s’il n’est pas déjà là, il ne tardera pas

par Michel de Muelenaere

Loup, pas loup ? La satanée crotte qui aurait pu répondre à cette question et trancher définitivement entre les sceptiques et les enthousiastes n’a pas (encore) parlé. Car même après qu’un grand canidé eut été photographié par la VRT, en juillet 2011 près de Gedinne, et reconnu fort et clair par un spécialiste français, un doute continue à planer. Recueilli en mars 2012, à 5 km à vol d’oiseau du premier signalement, l’indice aurait donc pu confirmer sans discussion possible qu’un loup est venu pointer sa truffe sur le territoire belge.

Fragmenté et tortueux

Le Soir du 21 février 2013 : Le retour du loup, indubitable, à une crotte près
Que les experts ès étrons sachent que celui-ci est « fragmenté et tortueux », est long de plus de 20 cm, a un diamètre de 2,5 à 3 cm et est « constitué de poils et de quelques fragments d’os ». C’est cette dernière caractéristique qui a surtout passionné les spécialistes. Car si Canis lupus excrète habituellement comme un vulgaire cabot, il se permet de temps à autre une déjection plus singulière. « C’est un modèle qui lui est propre, s’enthousiasme Bernard De Wetter, naturaliste et conférencier lupologue. Cinquante à soixante pour cent de poils du mammifère qu’il vient d’ingurgiter : ici, il n’y a pas l’ombre d’un doute ! ». Pas un chien ne chie de la sorte, si on nous passe l’expression. Selon les experts du réseau belge « loup-lynx » les caractéristiques de la preuve « la classent dans la catégorie « Indice possible de Loup dans les évaluations standardisées ».

Las, les analyses génétiques à l’université de Liège « ont été réalisées, malheureusement sans succès ». Le mythe de l’insaisissable animal n’a donc pas tout à fait cédé. Mais il n’y a plus qu’un fifrelin de doute. « Peu importe que le loup soit passé il y a six mois ou qu’il se présente dans un an, dit Baudouin de Menten, membre du réseau. Il arrivera en Belgique un jour où l’autre ». Les arguments, selon Bernard De Wetter : « En 150 ans, la superficie forestière a doublé en Wallonie, le gibier est beaucoup plus abondant, l’animal est protégé et l’opinion y est favorable ».

Farouche, futé et fantomatique, le loup a parfaitement appris à vivre à proximité de l’homme. Et sa capacité à parcourir d’immenses distances et de franchir les obstacles (tunnels, autoroutes…) lui permet d’aller et venir à sa guise. Le spécimen belge pourrait venir du nord des Vosges où il est présent depuis 2011 et en couple depuis 2012. « Ce n’est donc pas l’atterrissage d’une soucoupe volante, poursuit De Wetter. C’est logique, prévisible, qu’il arrive ici ». Même si la Wallonie n’est pas les alpages français qui regorgent de moutons, il faut se préparer, disent en chœur les connaisseurs. En Flandre, l’ASBL Landschap a même créé un site pour diffuser un maximum d’informations et aider ceux qui verraient le bout de sa queue. « La question de la cohabitation va immanquablement se poser, avertit de Menten. Nous avons la chance d’être un des derniers pays que le loup va coloniser. Préparons-nous. Et évitons de commettre les erreurs de pays qui nous ont précédés. »
Informer, conscientiser : du 28 février au 30 mars Bernard De Wetter donnera partout des conférences partout en Belgique.

Lynx y es-tu ?

Le loup n’est pas le seul grand prédateur que les amateurs aimeraient voir remettre la patte en Belgique. Le lynx en est aussi. Un autre paroissien très discret. Mais pas seulement ; il est aussi très fragile. La preuve en France, dans les Vosges, où, de 1983 à 1993, 21 lynx issus des Carpates ont été réintroduits. La moitié a survécu, croissant jusqu’à une trentaine d’individus en 2000. Aujourd’hui, moins de cinq à peine seraient en vie, alertent les associations environnementales, alors qu’entre 1992 et 2003, près de 58 jeunes lynx ont été observés. Les causes ? Les collisions avec les voitures, mais aussi le braconnage « le facteur le plus limitant au développement de l’espèce ».

Source : Le Soir

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