J’ai attaqué ce livre en m’attendant à un roman pour adolescentes. Certes, c’en est un, mais la plume de Sophie Jomain en fait quelque chose de très frais, très prenant, plein d’humour et loin de tomber dans la niaiserie attendue. J’ai beaucoup aimé cette héroïne certes apparemment banale, affublée de grosses lunettes et d’une copine bien plus belle qu’elle, diminuée par un accident au début de l’histoire, prise pour cible par tout son lycée et qui, pourtant, ne manque pas de caractère ni de charme. J’aime les héroïnes qui ont de la poigne. De manière générale d’ailleurs, j’ai trouvé les personnages particulièrement convaincants. On n’a pas beaucoup de doutes sur la réelle nature des quatre garçons, mais malgré cela, on reste longtemps dans le doute quand aux réelles intentions d’Hugo. S’il prétend s’attacher à Satine et être sincère dans sa volonté de la protéger (ce qui provoque chez elle des réactions physiques plutôt troublantes….), il est tout aussi étrange de constater que l’inquiétant Marc tient exactement le même discours et les mêmes arguments à ses victimes. Il en est de même pour Eric, qui affirme être un soutien pour le pamphlet avec tellement de conviction qu’il en passerait presque pour un dangereux maniaque. Même Carla, qui semble au départ être guère plus qu’une jolie danseuse écervelée, se révèle bien moins superficielle et bien plus touchante que prévu lorsque ses amours vampiriques prennent une tournure inattendue.
Les beaux garçons de l’histoire ne sont d’ailleurs pas là pour faire de la figuration. Les vampires de Sophie Jomain aiment la sensualité et ne se gênent pas pour le dire et le montrer, et la tension sexuelle qui se dégage des étreintes de Satine et Hugo est palpable et ne se cantonne pas au sous-entendu. La manière dont les vampires éblouissent leur entourage se mue donc en une attraction physique assez primaire et j’ai aimé ce côté franc de l’attrait inexplicable et pas nécessairement sentimental d’un vampire qui n’a qu’à sourire pour faire se pâmer une fille, même la plus déterminée qui soit.
Certains aspects sont néanmoins restés un peu en retrait au point que je me suis demandé si on cherchait vraiment à me faire avaler ça. Par exemple, que Hugo soit très opportunément un danseur exceptionnel, parfait, mais les scènes de danse manquent un peu de détail et de profondeur (alors que pour le coup, côté rapprochement physique, il y a de quoi faire) et surtout, le fait qu’il fasse parti des recruteurs des danseuses du Moulin Rouge à dix-huit ans et que ça n’étonne personne, mouais, un peu gros. Il aurait fallu fignoler un peu ces petites choses pour décrocher le cinq sur cinq.
La note de Mélu:
Un livre pour jeunes adultes plein de qualités!
Un mot sur l’auteur: Sophie Jomain est une auteure française. D’autres de ses romans sur Ma Bouquinerie:
catégorie “animal”