Magazine Journal intime

Guérisons diverses

Par Eric Mccomber
La guérison, c'est un truc inouï. Je connais bien peu de fulgurances aussi profondes, aussi intimes que la guérison. En ce moment, je les cumule. Je guéris finalement de toi, Mathilde, et tout ce que j'ai dû laisser aller dans le sillage de ta téléportation. Je guéris de mes horizons et de mes azimuts dissous. Je guéris du petit chat roulé en boule qui ne s'est finalement jamais éveillé, n'a jamais ouvert les paupières, n'a jamais été donné à la lumière. Même de ça, je guéris. Ouh, comme le temps à filé, noir et gris sous les ponts écroulés. Comme les lunes ont cru, décru, et cessé de croire… Leurs vagues reflets brouillant les flots des Danubes, des Isar et des Prut, à quelques mètres de ma tente. J'en ai lessivé, des cuissards, aux flots durs et douloureux de ces ruisseaux de l'oubli, derrière les cimetières, ou hors du circuit fermé des autoroutes réservées aux humains de la motocracie.
Bref… guérisons. Étonnement, toujours. De me voir là, vivant. De me voir là, si jeune. De me voir là, si vieux. Tout à la fois. J'ai perdu beaucoup, bien sûr. J'ai rêvé ce matin à deux microphones et à une paire d'enceintes que j'ai traînés sur des décennies. Où sont-ils ? Impossible de me souvenir de les avoir donnés, prêtés, vendus. Peut-être ai-je laissé des kilos de matériel dans la cave de ma maison sinistrée sur la rue Messier. A-t-on seulement songé à affronter cette cave, dont toutes les surfaces étaient désormais conquises par le stachybotrys chartarum… le fameux black mold ? Bof. Je m'en fous dans des proportions qui font presque apparaître une nébuleuse entière dans le canapé de mon studio.
Trouvé une pépite d'or, l'autre soir. Elle était venue là, dans le troquet que je fréquente assidument au cœur de mon village. C'est comme le début de Casablanca. Sauf que la pépite n'est pas une femme et que le Bogart ne fume plus, ne boit plus, et joue de la guitare électrique. La pépite, c'est un peu trois mousquetaires, c'est à dire deux elfes qui montent sur scène, une fée qui tisse des textes, et une autre qui joue l'éminence grise et prépare en catimini l'invasion de l'univers (pour les purs incultes —honte sur eux—, il y a quatre « trois mousquetaires » et aussi, non, les mousquetaires ne sont ni des filtres anti-insectes, ni des clips d'escalade). Ces petits bonheurs, entourés des splendides créations de leurs fertilités conjuguées me font l'honneur de travailler avec moi depuis et, à dire vrai, ils m'enchantent. La suite pourrait s'avérer chargée de fruits rutilants et juteux. Qui sait ?! Je ne dirai pas, dans ce cas-ci, « on verra », mais plutôt… on entendra.
Je me joindrai aux Sénégolois ce vendredi, sur la scène de mon hangout, le Troquet Toqué, sur la Grand Rue de Sauve, dans le Gard.


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