4 mois, 3 semaines, 2 jours de Cristian Mungiu (Drame sur l'avortement, 2007)

Dans une Roumanie Soviétique (1987), Gabita veut avorter, mais cette pratique y est illégale. Hormis cette illégalité menaçant les différents protagonistes de l'opération (patient, médecin et complice) à de lourdes peines de prison, les conditions pour avorter sont spartiates du fait de la discrétion nécessaire pour la mener à bien.
Pour cela, Gabita est aidée par Ottila sa camarade de chambre dans les dortoirs de l'Université. Elle est chargée de réunir les fonds, tandis que Gabita doit s'occuper de la chambre d'hôtel
Par leur méconnaissance du déroulement de l'intervention et son impréparation, les deux jeunes femmes vont aller de déconvenue en déconvenue et vivre une expérience traumatisante.
À partir de 1957, l'avortement en Roumanie a été autorisé. Mais à son arrivée au pouvoir en 1966 Ceaucescu l'a énormément restreint afin de faire grimper le taux de natalité. Cela a fonctionné un temps, jusqu'à ce que des combines soient trouvées en toute illégalité.
 
À cette époque, sous un système figé, avorter était synonyme de rébellion, avec tous les risques qu'elle contenait. Les conditions précaires où se déroulaient les avortements ont fait grimper le taux de mortalité maternelle. Juste après la chute du dictateur en 1989, l'avortement redevenait légal, améliorant les conditions de grossesse des femmes.
Ce film a reçu la palme d'or à Cannes en 2007. Un choix qui a déplu au Vatican premier pourfendeur de l'avortement.
De longs plans-séquences rendent l'ambiance pesante et donnent un côté réaliste, permettant au spectateur de devenir témoin des faits et de revivre les dernières heures du communisme en Roumanie. Pas de musique pour faire passer des émotions. Les images racontant ce fait divers et toute sa symbolique (croyance, répression) sont brutes.