Des pantins. Ne serions-nous que des pantins? On nous ballade, c’est sidérant. Naïfs que nous sommes.
En tout cas voici la dernière nouvelle du front de la grande tromperie: 65% des artisans retraités y auraient été exposés au cours de leur carrière, en particulier les garagistes et les maçons.
»Comme le révèlent les résultats d’une étude nationale menée sur l’exposition à l’amiante des artisans retraités, il semblerait que 65% d’entre eux y auraient été exposés durant, en moyenne, 25 ans et demi.
Le programme Épidémiologie et surveillance des professions indépendantes, mené par l’Institut de veille sanitaire (InVS) et le Régime social des indépendants (RSI) entre 2005 et 2009 a permis de démontrer que 65% des artisans auraient été exposés à l’amiante au cours de leur carrière. Il ressort également que cette exposition aurait été plus élevée chez les garagistes et les maçons.
La première phase de ce programme d’étude s’est concentrée sur l’Aquitaine, la Basse-Normandie et Haute-Normandie, le Limousin, le Nord–Pas-de-Calais, la Picardie et le Poitou-Charentes. Un panel de plus de 15 000 artisans, dont 85% d’hommes, ont été conviés à participer au programme mais seuls 61% d’entre eux, soit 9 125 personnes, ont répondu présents.
Les résultats de l’étude ont démontré que les salariés retraités avaient été moins exposés à l’amiante que les artisans retraités, tous secteurs d’activités confondus. Cependant, c’est dans le domaine de la construction que le plus grand nombre d’artisans touchés se démarquent. Au delà de la simple étude visée par ce programme, il a également permis de « réduire les inégalités en favorisant le suivi médical et l’accès au Fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante (Fiva) », comme l’ont expliqué les auteurs avant d’évoquer : « l’importance de renforcer l’information des médecins traitants, interlocuteurs des artisans pour le repérage de leurs expositions et pathologies ». »
Source: MaxiSciences
A lire: Entretien avec François Malye
La responsabilité de l’Etat et des industriels vis-à-vis de l’amiante est enfin sanctionnée par les tribunaux. Mais combien d’années de non-dits, de mensonges au nom du profit et du chantage à l’emploi avant que ne soit reconnue la souffrance de milliers de victimes… Auteur du livre « Amiante : 100 000 morts à venir », François Malye a mené l’enquête sur cet incroyable scandale.
Doctissimo : 100 000 morts d’ici 2025. Comment en est-on arrivé à de telles prévisions ?
François Malye : C’est le professeur Marcel Goldberg qui le premier a évoqué ce chiffre. Il coordonnait pour l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) l’étude sur « les effets sur la santé des fibres de substitution à l’amiante » demandé par le gouvernement et rendue publique en 1996. Ces projections de mortalité ont été telles qu’elles ont finalement abouti à l’interdiction de l’amiante en 1997.
Doctissimo : Mais la connaissance des risques liés à l’amiante ne datent pas de 1996…
Doctissimo : Qui sont les victimes de l’amiante ?
François Malye : Ce sont des ouvriers qui travaillaient dans les industries de transformations de l’amiante. Un domaine des plus vastes qui va du textile, du bâtiment, de l’automobile, de l’électroménager, de l’isolation aux chantiers navals… Plus de trois mille produits courants sont fabriqués à base d’amiante.
Mais au-delà de ces professions directement exposées au fameux minéral, on voit apparaître aujourd’hui des cas de mésothéliomes chez des peintres, des enseignants, des chercheurs… chez qui l’exposition à l’amiante a été trop épisodique pour avoir été documentée.
Doctissimo : Voulez-vous dire que tout un chacun peut se révéler « à risque » ?
François Malye : Entre 15 et 25 % des mésothéliomes seraient ainsi dus à des « expositions environnementales », une réalité qui va de l’inhalation des fibres dans des locaux isolés à l’amiante aux riverains des usines… Contrairement à ce que la politique de l’amiante a longtemps essayé de faire croire, le danger n’est pas limité aux seules entreprises de transformation de l’amiante. Les produits qui sortaient de ces usines se retrouvent dans l’environnement et exposent à un risque d’inhalation de ces fibres.
Certains scientifiques américains parlent ainsi de « troisième vague » de victimes après les ouvriers et les professions du bâtiment. Cette dernière vague a déjà emporté en trois ans sept personnes qui travaillaient à l’université de Jussieu, trois dans un lycée de Quimper, etc.