Extrait de “Camille redouble” de Noémie Lvovsky… par Telerama_BA Si j’ai choisi cet extrait, c’est...

Par Mmepastel


Extrait de “Camille redouble” de Noémie Lvovsky… par Telerama_BA

Si j’ai choisi cet extrait, c’est parce que, pour parler du film Camille Redouble que j’ai vu hier soir, je voulais exactement ce qu’on voit dans ce passage. De toutes façons, la bande-annonce, elle est facile à trouver, si besoin. Alors qu’ici, on voit précisément ce qui m’a le plus touchée dans ce film (dont la pensée m’a rendue nostalgique toute la journée) : le regard tendre d’une fille pour ses parents, parce que, cette fois, elle sait qu’elle va les perdre ; elle le sait, non pas de manière intellectuelle, mais de manière empirique : elle l’a déjà vécu. Car oui, je suppose que vous connaissez l’argument du film : tandis que, la quarantaine bien tassée, Camille noie ses échecs (notamment sa rupture amoureuse) dans l’alcool, elle se retrouve lors d’une soirée très arrosée, projetée dans le passé, dans l’année de ses seize ans, mais emplie de sa vie et forte de l’accumulation des années. Cette connaissance, au lieu de rendre les événements redondants à ses yeux, lui offre un nouveau regard. Car elle sait que ces choses-là, le sourire d’une mère, le baiser d’un amoureux, sont belles car elles sont uniques, elles ne reviendront pas, on les perd. On peut tenter de les enfermer, de les capturer, de les figer (photo, magnétophone), on ne peut pas arrêter l’instant, on ne peut pas empêcher le temps de filer et certains événements d’arriver. Sous la légèreté apparente du film, -c’est vrai qu’on y rit beaucoup, Noémie Lvovsky, coincée dans ses habits d’ado des années 80 est irrésistible-, c’est une véritable tragédie qui se joue. Les gens meurent, les maladies se confirment, l’amour se dégrade. On peut gesticuler, rien n’y change. Le savoir n’aide pas ; il rend juste les choses plus intenses, il donne à la vie la dimension tragiquement éphémère qui la rend belle. Qui donne envie de plus de douceur, de tendresse, de lenteur aussi. Puisqu’on ne peut pas arrêter le temps, on peut juste l’étirer, s’attarder sur les jolies choses. Vivre sa vie comme si c’était la dernière. Ah, ben oui tiens, c’est le cas en fait. L’air de ne pas y toucher, Camille Redouble est un film profond et troublant, que j’ai trouvé très triste. Pas gratuitement, triste comme la vie.