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[critique] le Diabolique Dr Mabuse : la dernière de Fritz Lang

Publié le 24 février 2013 par Vance @Great_Wenceslas

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Difficile quand on est cinéphile de rater un Fritz Lang. C’est pourtant ce que j’ai fait (mais sans le savoir) en laissant échapper un cycle consacré à ce réalisateur germano-américain incontournable, avec plusieurs films de ses deux dernières périodes diffusés au Cinéma de minuit. Il faut dire que les émissions de TV ne m’attirent pas plus que cela désormais. C’est pourquoi je peux m’estimer heureux d’avoir pu enregistrer le Diabolique Docteur Mabuse.

Le plus drôle est que j’ai visionné ce film sur un petit malentendu, croyant voir le Testament du Dr Mabuse, 2e film parlant de Lang et l’un de ses plus connus (accessoirement, le 2e film du réalisateur sur ce personnage). Au temps pour ma connaissance du sujet ! La voix inimitable de Patrick Brion me persuada bien vite, alors que s’égrenaient les notes du générique de Francis Lai, que je m’étais fourvoyé : le Diabolique Docteur Mabuse allait pourtant me permettre de boucler un tant soit peu la boucle sur un cinéaste majeur dont j’avais déjà visionné M le Maudit, Furie, les Contrebandiers de Moonfleet et, bien sûr, Metropolis.

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En effet, cet opus, qui constitue le 3e volet des « aventures » de ce sinistre malfaiteur inspiré du Fantomas de Feuillade – découvert lors de son séjour à Paris – devait finalement être le dernier film tourné par Fritz Lang qui cherchait à acquérir à nouveau la liberté artistique conquise naguère grâce au succès considérable de M le Maudit. Le film n’ayant pas rencontré le succès escompté ne lui permit tout simplement pas de se défaire de l’emprise des producteurs dont il n’acceptait plus les diktats (il avait d’ailleurs longtemps rechigné à refaire un « Mabuse », avouant avoir définitivement tué le personnage dans les années 30).

De fait, le talent de Lang est clairement intact sur cette œuvre, même si on aura du mal à l’associer à ses premiers métrages, nettement plus expressionnistes. Ici, en soignant un montage axé sur le rythme (les rebondissements et fausses pistes s’enchaînent sur un tempo incroyable), on voit également le poids de ses années passées aux Etats-Unis à cultiver certes ses thèmes de prédilection (le double, le dépassement de soi ou la vengeance) mais dans un registre plus grand public, plus directement accessible, moins équivoque. Il soigne toujours ses effets hors-champ (la séquence où Mistelzweig s’en prend au chien de Cornélius est un modèle du genre) et sa bande-son (les stridulations de la télécommande de la porte blindée ont ce côté glacial et mystérieux de certains films de SF comme Planète interdite) et se permet quelques jeux sur les ombres, mais l’ensemble s’apparente davantage à un gigantesque jeu de piste morcelé de chausse-trappes digne d’Agatha Christie, où le spectateur ne détient que bien peu d’informations supplémentaires (quelques gros plans insistants sur un pied bot, un cadran téléphonique) et se laisse volontiers malmener dans ses propres réflexions tandis que le bon inspecteur Kras (formidable Fröbe, dont le côté débonnaire dissimulant une volonté féroce annonce les Maigret) tend des pièges tout en essayant d’échapper à ceux qu’on lui tend. Jeu de masques, faux-semblants, on devine bien vite qu’à peu près tout le monde ment mais bien malin qui découvrira celui qui tire les ficelles. A cet égard, le finale a bien du mal à se montrer à la hauteur des possibilités émises, Lang semblant moins à l’aise avec l’action pure.

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L’ensemble, très ludique, se visionne avec curiosité et délice et pourra être apprécié même des plus réfractaires aux « vieux films » : la musique a le bon goût de ne pas être envahissante et de réserver ses cuivres à de rares moments cruciaux, l’image a été agréablement restaurée et les comédiens se cantonnent à une certaine sobriété, de laquelle on distinguera la bonhomie réjouissante de Werner Peters (très bon Mistelzweig), la distinction de Peter van Eyck et la grâce de Dawn Addams. Cette dernière est visiblement redoublée en allemand comme quelques autres acteurs non-germaniques de la distribution.

 

Ma note (sur 5) :

3,5


 

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Titre original

Die Tausend Augen des Dr. Mabuse

Mise en scène 

Fritz Lang

Genre 

Policier

Production 

CCC & Incom, distribué en France par SNC

Date de sortie France 

20 juin 1961

Scénario 

Jan Fethke, Norbert Jacques & Heinz Oskar Wuttig

Distribution 

Dawn Addams, Peter van Eyck & Gert Fröbe

Durée 

105 min

Musique

Bert Grund

Photo

Karl Löb

Support 

TV

Image 

1.66:1 ; 16/9

Son 

VOst mono

Synopsis Un journaliste est tué dans sa voiture sur la route de son travail. L'inspecteur Kras est sur le coup, et très vite il en vient à soupçonner plusieurs personnes intrigantes qui gravitent autour de l'hôtel Luxor, utilisé par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale pour espionner les chambres : son informateur Cornelius, un voyant qui avait « pressenti » le crime mais sans voir le coupable ; Marion Menil, jolie jeune femme sauvée du suicide par le richissime industriel américain Henry Travers ; et Hieronymus B. Mistelzweig, représentant en assurances et au courant de tout ce qui se passe. Pour y voir plus clair, Kras va essayer de démêler le vrai du faux en jouant de la désinformation tout en essuyant des tentatives d’assassinat. L’ombre du Docteur Mabuse, censé être mort dans les années 30, s’étend à nouveau sur l’Allemagne...


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