L’enfance d’Ivan – nos avis

Publié le 24 février 2013 par Tempscritiques @tournezcoupez

Le premier long d’Andrei Tarkovski, L’Enfance d’Ivan, nous met d’accord : il s’agit d’une oeuvre dont la plastique émerveille. Expliquons.

L’avis de Mona

Dès le premier plan, le film promet être d’une inventivité esthétique et d’une beauté qui subjugue. La caméra va presque trop vite et ne nous laisse pas profiter pleinement de l’image. Car oui, Tarkovski est un fabuleux faiseur d’images. Ce début onirique ressemble aux cauchemars des enfants ou à la noirceur des contes de fées. Les angles de vue déforment l’espace et les corps, et donne au spectateur un sentiment de vertige et de malaise.

Tarkovski nous présente le théâtre de la guerre, dur et inquiétant par ses nombreuses contre-plongées et éclairages du dessous qui projettent sur l’écran des ombres angoissantes. Pourtant une beauté presque irréelle se détache de ce film.

Jamais un cinéaste n’a autant exploré les ressources du langage cinématographique ; jouant à merveille de la profondeur de champ dans les rapports entre les personnages, arrivant à donner une matérialité aux visions d’Ivan, mêlant des surexpositions éblouissantes à des scènes de nuit peuplées d’ombres mouvantes.

Quoi de plus magique et transcendant que la scène amoureuse au milieu de la forêt de bouleaux ? Les sentiments s’expriment avec une grande pudeur et sincérité.

Certaines scènes laissent entrevoir des instants de vérité absolue. Tarkovski est un maître de cinéma qui touche à l’essence des êtres.

Une guerre. Des bouleaux. De l’amour.

L’avis de Terence

Il est évident que la mise en scène de Tarkovski est extrêmement maîtrisée. Ce qui saute également aux yeux, c’est qu’elle a surement été source d’inspiration pour d’autres cinéastes : on retrouve encore quelques idées visuelles de L’Enface d’Ivan dans des films plus contemporains. Le cinéaste trouve le juste milieu entre une vision poétique et cauchemardesque. L’Enfance d’Ivan regorge de sentiments, mais rend parfois le spectateur malade.  La guerre, loin d’être idéalisée, vue à travers les yeux de ce jeune adolescent, oppresse et angoisse.

Mais il est vrai, que ce qui interpelle, c’est la photographie magnifique émanant du film. Le trouvailles visuelles se multiplient, servant ainsi le scénario, et renforçant parfois cet état d’angoisse. C’est donc dans les ressentis d’Ivan, jeune orphelin de guerre traumatisé prêt à tout pour se venger, que le film parvient à conquérir le spectateur. Et cela commence dès l’introduction où celui-ci s’étonne, et est immédiatement plongé dans l’atmosphère pesante des cauchemars d’Ivan.

Et puis, il y a ces ombres, ces lumières, cette noirceur. Tarkovski explique le sens réel de l’image. Une image qui se rend utile à son récit. Indéniablement, Tarkovski comprenait le sens du mot cinéma : écrire avec la lumière.