Marc Chagall entre guerre et paix, au musée du Luxembourg

Publié le 23 février 2013 par Mpbernet

Déjà beaucoup de monde à cette exposition ouverte seulement jeudi. Mais j’avais pris la précaution de réserver, ce qui nous a évité une longue période de queue par un blizzard terrible. Et pourtant, cela en valait la peine.

  

J’avais encore en mémoire les tableaux céruléens de Marc Chagall, le plafond de l’Opéra de Paris, ses vitraux, les œuvres de la maturité d’un artiste porté aux nues de son vivant avec le concours d’André Malraux, et qui attînt presque l’âge de cent ans.

Il a traversé l’espace européen et le XXème siècle, ses folies et ses horreurs en trouvant toujours, juste à temps, le moyen de se mettre à l’abri de la barbarie. Dans un style qui lui est propre, qui se reconaît entre mille, intemporel, rien qu'à lui ... il mélange les symboles et les thèmes des religions juive, dont il est issu, et chrétienne, dont la crucifixion devient un thème récurrent.

Marc Chagall utilise les techniques les plus élaborées, armé d’une habileté et d'un sens de la couleur et du dessin puis la de gravure sans faille. Les souvenirs de son Vitebsk natal, l’amour de son épouse, la maternité, la guerre, la figure du « Luftmensch » ou homme de l’air incarnation du Juif errant, la chèvre à laquelle il s’identifie, le message de la Bible et le Christ parsèment ses toiles riches de couleurs flamboyantes ou d’un bleu intense. Et surtout, un bestiaire merveilleux ...

Selon Gilberte Jacaret : « Dans l’iconographie de Chagall, l’hybridation trouve ses figures de récurrence : la tête humaine est remplacée par une tête d’animal, les bêtes ont des membres humains dont elles se servent pour jouer de la musique ou pour peindre. Le poisson rappelle la figure de son père, marchand de harengs. Et si les oiseaux jouent aussi du violon ou du schoffar, c’est que leur chant est comparable à la musique divine. Il se peint lui-même sous l’aspect d’un coq ou d’une chèvre. Pendant l’été 2007, le musée national Marc Chagall de Nice avait présenté une exposition intitulée : Monstres, Chimères et figures hybrides. Parmi eux, le bouc danseur est un saltimbanque en qui Chagall se reconnaît. Dans la Bible, le bouc est celui que l’on sacrifie.
Le bouc danseur serait donc, à la fois, la représentation de l’artiste, isolé du groupe, créateur en butte à l’incompréhension, mais qui, par la force de son art, fait passer son message : il danse pour remercier Dieu. Dans le tableau
La danse, l’artiste s’est aussi représenté au travail, devant son chevalet où figure un Christ en croix (celui qui s’est sacrifié), avec un coq, presque son double, à ses pieds. »

La danse est le dernier tableau de cette exposition : un échange de bouquet avec une frise finale de belles filles, reprise en dimension immense dans la salle dédiée aux produits dérivés … Une merveille comme tous ces tableaux dont on ne cesse de regarder les détails.

Bref, cette exposition est à voir absolument, malgré la foule qui, j’en suis certaine, va continuer à s’y écraser jusqu’au mois de juillet.

Marc Chagall, entre guerre et paix, exposition au musée du Luxembourg, jusqu’au 21 juillet. 19, rue de Vaugirard, Paris 6ème. 12,50€