Ce film nous transporte à l’époque de l’esclavage sur le sol américain où nous suivons le périple d’un esclave, Django (Jamie Foxx), et de son libérateur (Christoph Waltz), un tueur à gage qui aidera Django à mener sa quête pour délivrer sa femme (Kerry Washington).
Réalisé par Quentin Tarantino
Acteurs principaux: Jamie Foxx, Christoph Waltz, Léonardo Dicaprio, Kerry Washington, Samuel L. Jackson
Avec Django Unchained, Tarantino réaffirme son intérêt pour le remaniement d’évènements historiques que lui permet la fiction. Dans son précédent film, Inglourious Basterds, le réalisateur s’était attaqué au sujet délicat de la persécution des Juifs sous la dictature nazie. Avec Django Unchained, Tarantino continue sur la même lancée et met en scène l’esclavage afro-américain aux Etats-Unis.
Le film se passe en 1858 « somewhere in Texas » et prend la forme d’un western spaghetti. Tout bon cinéphile le sait, il s’agit du genre cinématographique privilégié de Tarantino. En effet, quasiment tous les films du réalisateur comprennent une touche de western. Mais pour la première fois, Tarantino en fait le genre même de son film. Django Unchained est en réalité le remake d’un western de 1966, Django de Sergio Corbucci.
Nous l’avons dit, Tarantino aime jouer avec l’Histoire et la bouleverser au travers de ses propres histoires. Est-ce un réalisateur qui se moque de la vérité historique? Tarantino prendrait-il un malin plaisir à parodier la souffrance des peuples? Voilà qui fait couler beaucoup d’encre et suscite de vives réactions. Certes le réalisateur offre un film divertissant et drôle, à partir d’un sujet qui ne se prête pas franchement à la rigolade.
L’une des critiques faite au film est l’impressionnante récurrence du terme « nigger » (utilisé plus de cent fois) qui est perçue par certains comme une insulte aux afro-américains. C’est l’une des raisons qui ferait de Django Unchained une parodie raciste. Vraiment? Depuis quand le fait d’attribuer des mots ou discours immoraux à des personnages fictifs, que ce soit au cinéma ou dans la littérature, est-il à nouveau problématique? On sait aujourd’hui distinguer l’artiste de son art, considérer une œuvre de fiction avec le recul nécessaire, et ne pas tout mélanger, non?
Et puis, le spectateur lambda n’est-il pas assez avisé pour se rendre compte que l’histoire du film existe dans une autre temporalité? Non pas aujourd’hui où le terme qui fait polémique est porteur d’une importante connotation raciste (connotation née de son histoire justement), mais à une époque où le mot « nigger » n’était pas péjoratif et était même utilisé entre afro-américains.
Ce qui est certain: Tarantino provoque et choque. Cela n’a finalement rien de nouveau. Jamie Foxx, qui joue Django, estime qu’il est insensé de ne pas s’attendre à cela de la part de Tarantino. Cette provocation violente est la marque de fabrique de ses productions. On peut reprocher plusieurs choses à ce film, comme sa longueur et sa progression parfois décevante, mais sûrement pas de trop ressembler à du Tarantino puisqu’il en est.
Pourtant à certains niveaux, Django Unchained s’éloigne des précédents films de Tarantino. Les personnages par exemple, qui dans ses autres films sont pour la plupart très attachants, semblent beaucoup plus inaccessibles dans celui-ci. Leur personnalité ne nous est finalement que peu dévoilée et nous les connaissons assez mal.
Cela n’empêche que trois personnages, probablement les plus frappants du film, ont une sacrée trempe. Le dentiste tueur à gage, Dr. Schultz (Christoph Waltz), le très hautain propriétaire Calvin Candie (Leonardo Dicaprio) et l’impertinent majordome (Samuel L. Jackson) pourraient bien former le trio qui fait de ce film une réussite. C’est en tout cas de leur bouche que sortent les répliques les plus marquantes et c’est souvent eux qui nous font rire.
Nous ne pouvons toutefois oublier l’aspect très comique du personnage interprété par Kerry Washington, une esclave noire nommée Brumhilda, qui maitrise parfaitement allemand. Mais c’est davantage la situation du personnage qui est amusante, moins sa présence dans les scènes du film. Rappelons par exemple la surprise du Dr. Schultz lorsqu’il apprend l’existence de la femme de Django: « Ooh let me get this straight… Your slave wife speaks German and her name is Brumhilda Von Schaft? »
Comme toujours, Tarantino excelle dans le comique de situation et réussit à merveille à attribuer à ses personnages des comportements ou des répliques totalement décalées. C’est principalement le Dr. Schultz qui mène la danse, de par sa personnalité hors du commun. Le personnage enchaîne les réactions inattendues et les attitudes les plus improbables. C’est par exemple le cas lorsqu’après avoir tué le Shérif, il termine son plaidoyer par « in other words Marshall, you owe me two hundred dollars. »
Au final, Django Unchained est incontestablement un bon film, assuré par un casting excellentissime qui participe plus que largement à sa réussite. Ceux qui espèrent y retrouver le rythme et l’émotion d’Inglourious Basterds risquent probablement d’être déçus. Il vaut mieux s’attendre à autre chose. Enfin, il manque un petit quelque chose, une pointe d’un ingrédient secret du cinéma pour faire de Django Unchained un très bon film.