Chaque corps de métier possède son bêtisier. Véritable marronnier de fin d’année à la télévision, ce genre mineur inspira aussi quelques auteurs. Longtemps, Jean Charles régna sur ce domaine, avec des recueils qui s’intitulaient La Foire aux cancres, Sacré gendarmes, etc. Enseignants, élèves, policiers s’y trouvaient épinglés. D’autres lui succédèrent, tel Tristan Maya (Liliane est au lycée), Jean-Luc Mano (Les Perles des politiques) ou Eugénie Berthet (Les Perles des impôts). Jean-Marie Gourio donna à ce genre ses vraies lettres de noblesse, avec la série des Brèves de comptoir dont les plus belles furent adaptées au théâtre. Avec Toubib or not toubib (Chiflet et Cie, 128 pages, 10 €) c’est au tour des médecins, des pharmaciens et des pompiers secouristes de livrer leurs brèves, réunies par Anne Camberlin, dont l’origine appartient le plus souvent – mais pas toujours… – aux patients.
En revanche, les admirateurs de Jean Tardieu et surtout de sa célèbre pièce Un mot pour un autre apprécieront le florilège de lapsus et de paraphasie contenu dans l’ouvrage. On apprend ainsi au fil des pages que les psychiatres du passé « sodomisaient » (pour « lobotomisaient ») les fous et que l’on peut parfois confondre « arachides » et « arachnides », « pédophile » et « pédiatre », « plébiscite » et « pleurésie », « oscar » et « escarre », « courtisane » et « cortisone », « glande tyrolienne » et « glande thyroïdienne », « BCBG » et « BCG », voire « Acadiens » et « acariens ». Il en résulte quelques dialogues loufoques qui réjouiront les amateurs.
Illustration : Honoré Daumier, Les Médecins, caricature.