Dans une lettre au vitriol, le président de Titan accuse le gouvernement de soutenir des salariés bien payés qui ne travaillent pas plus de trois heures et annonce qu’il va s’en aller en Chine, produire des pneus qu’il vendra ensuite aux Français. Sur le fond, le patron de Titan n’a pas tort. Tout se passe dans cette affaire comme si la CGT avait tout bloqué, non pas pour protéger l’emploi, mais pour pourrir cette affaire et le gouvernement avec, qui cherchait une solution de compromis.
Et donc, pour nous prouver sa compassion pour les plus humbles d’entre nous qui ont besoin de leur emploi pour survivre, ce qu’il semble oublier tout au long de son billet, le journaliste émérite donne raison sans hésiter au patron de Titan, qui a pourtant montré dans une lettre devenue célèbre un mépris des plus forts pour les ouvriers français. Et Montebourg a donc bien fait de lui répondre, promettant des sanctions. Sous prétexte de liberté, celle de faire de l’argent à tout prix, y compris celui de la destruction de l’équilibre social comme c’est le cas en ce moment, tout n’est pas permis et la force doit rester à la loi, seule garante du respect des intérêts des parties en présence. Dans un pays démocratique, le dernier mot doit revenir en effet à l’Etat, qui seul peut garantir l’équilibre des forces en présence et le respect des intérêts collectifs plutôt que particuliers, comme s’y emploie en pur propagandiste libéral Monsieur Sylvestre. Et si j’étais plus grossier, je reprendrais bien volontiers le qualificatif de l’ami de Politeeks à son endroit.
Monsieur Sylvestre n’hésite pas à qualifier la CGT de « fossoyeur de l’emploi français« , au mépris de toute déontologie journalistique, qui devrait théoriquement être basée sur des faits, sur la vérité historique et plus circonstanciée. Or, il nous suffira d’aller consulter cet article qui démontre à quel point les syndicats de Goodyear, loin de ces clichés droitiers outranciers, ont réussi depuis 5 ans à défendre pied à pied leur l’emploi, pour disqualifier les propos diffamants d’un journaliste pris en flagrant délit de dérive droitière. Mais comme le Monsieur est aveuglé par sa haine des représentants ouvriers, il les a déja purement et simplement effacés du paysage : « Pour l’instant, l’usine sera fermée et les types se retrouveront au chômage. Bravo la CGT, bravo l’administration française. » Que sait-il de l’avenir ? Plutôt que d’ enterrer prématurément pour les besoins de sa démonstration les ouvriers et leur site, ne ferait-il pas mieux de mettre ses compétences et son analyse au service de la convergence des énergies pour sauver le site, ce qui serait bien plus productif et démontrerait plus sûrement une préoccupation pour l’intérêt commun plutôt que celui de ces êtres cupides qu’il soutient ?
« Tous les chefs d’entreprises de France et de Navarre ne sont pas loin de se demander pourquoi travailler dans ces conditions si un patron est coupable de tout. » Non Monsieur, là encore, vous tapez à côté, et prenez vraiment la gauche française (qui contrairement à vous a bien plus l’expérience des luttes sociales, de la défense des emplois et de la réflexion économique et politique alternative, c’est à dire un peu plus créative que la vôtre : celle de la loi du plus fort), pour un ramassis d’abrutis. Nous ne sommes pas en effet contre tous les patrons, mais nous opposons simplement à cette élite mondialisée destructrice d’emplois, sans aucune morale ni autre moteur que celui de l’appât du gain, qui nous méprise tant… Elle n’avait pourtant pas besoin en ce moment de chiens de garde pour nous imposer sa force. Mais il semblerait bien que certains préfèrent se montrer forts, voir violents envers les faibles, qui ont besoin de syndicats de combat (et non de complaisance comme nous l’enseigne l‘Ani)… et étonnamment indulgents envers les forts. J’appelle cela quant à moi de la lâcheté. Ce n’est pas une insulte, mais un diagnostic.
Si vous voulez lui faire connaitre toute l’affection que vous portez à ses idées empreintes d’un humaniste hors du commun, son compte facebook est ici. Et de grâce, ne reproduisez pas la bêtise de ces gens là : jetez lui à la figure des arguments, plutôt que des insultes. Parce que nous le valons bien.
C’est à lire : un autre billet très complémentaire de Melclalex ici.