[Chroniques] : si t’as froid, lis un manga !

Publié le 23 février 2013 par Paoru

Quatrième édition de nos chroniques bi-trimestrielles qui reviennent sur les lectures de l’équipe, de mi-décembre à début février. Pour cette édition vous trouverez une fois de plus de tout : de l’aventure, du fantastique, de l’humour, du suspens, de l’émotion et même une dose utile de journalisme !

En route pour les 11 chroniques de cette édition, bonne lecture !

Préambule : retour sur le manga en 2012

Le Meilleur du manga 2013 de Sébastien Kimbergt chez Kazé Manga par Ramza

Les ouvrages sur le manga ne sont pas chose fréquente mais ceux se focalisant sur son actualité sont, pour ainsi dire, inexistant. Fort de ce constat on accueille avec intérêt cet ouvrage d’un journaliste indépendant que vous pouvez croiser de temps à autre dans les colonnes d’Animeland, par exemple. Après deux ans de réflexion et d’écriture, il accouche d’un ouvrage aussi riche en informations qu’en sujets.

Beaucoup de critiques très superficielles ont été soulevées (et basées sur un feuilletage éclair qui en dit long sur la crédibilité du propos), en se focalisant essentiellement sur le bien fondé du Top 20 manga présent en tête d’ouvrage. Communication maladroite de Kazé Manga ou juste jugement à l’emporte pièce ? Peu importe finalement, car c’est perdre de vue la pluie de rubriques qui constituent ce guide : un bilan du marché Français de 2006 à 2012, un focus sur les mangas fleuves publiées au Japon, une interview aussi rare que complète de Kaoru Mori et une seconde de Rei Toma, un focus très sympathique sur le magazine de prépublication Morning et un foisonnement de présentation thématique : les mangas de sport, les mangas primés, les mangas sur la mode et que sais-je encore.

De nombreux autres sujets sont traités et tout le monde peut trouver de multiples intérêts dans l’ouvrage, du néophyte à l’amateur éclairé, sans être obligé de le lire à 100% : les 7/10 que j’ai lu m’ont amplement satisfait !

Pour en revenir au classement, son résultat en vaut un autre. Néanmoins, grâce à plus d’une centaine de jurés aussi différents les uns que les autres, il mélange sympathiquement quelques blockbusters comme One Piece et d’autres titres de grande qualité comme Bride Stories qui finit en tête ou encore Yotsuba& et Soil. Chaque titre est ensuite présenté à la hauteur de son classement et permettra au néophyte de faire un premier tour d’horizon de la production de manga en 2012.

J’en profite pour préciser que je fais partie de ces votants et que Sebastien Kimbergt m’a évidemment payé pour dire du bien de son ouvrage et écrire ces lignes, supprimant le peu qu’il me restait d’honnêteté intellectuelle !

Plus sérieusement – et pour finir – ce guide représente finalement un fourre-tout extrêmement intéressant, bien illustré, bien documenté et disposant d’un prix raisonnable (7.99 euros). Une sorte de best-of journalistique de l’année, avec les meilleurs thèmes et les sujets incontournables !

Les aventures de Guts, Thorfinn et Kuroe

Berserk #36 de Kentaro Miura chez Glénatpar Olivier

Série culte publiée depuis 23 ans au Japon, le récit se veut la biographie d’un homme : Guts. Guerrier solitaire évoluant dans un monde médiéval et fantastique, il fut autrefois contraint par un pari perdu à rejoindre les Faucons, une troupe de mercenaires dirigée par un certain Griffith. Il décide cependant d’être seul maître de son destin en bravant la fatalité qui lui est due. Destin sombre, torturé, où les cicatrices de sa vie se voient tant sur son corps que dans son cœur.

Beaucoup de sujets sont traités dans ce seinen violent (pédophilie, trahison, religion, inceste) et en font une œuvre sensible pour un jeune public.

Outre son scénario s’inspirant des romans japonais Guin Saga, c’est surtout des talents de dessinateur que Berserk tire toute sa superbe. Excepté un style vieillot sur ses premiers tomes, le manga offre un visuel impeccable ! Certaines doubles pages sont impressionnantes, les détails foisonnent et l’impression de mouvement est totale, ce qui donne d’autant plus de charisme au héros. De plus Glénat édite Berserk dans un format un peu plus grand que la moyenne, ce qui met en valeur les planches de l’auteur.

L’intrigue stagnante depuis plusieurs volumes a pu en décourager certains, toutefois cette halte scénaristique prend fin au tome 36 et les hostilités tant attendues reprennent !

Vinland Saga #11 de Makoto Yukimura chez Kurokawa - par Fabien

Depuis la fin de la première partie, appelée « Prologue » par Yukimura Makoto, les personnages de Vinland Saga étaient passifs, même si le récit n’en restait pas moins intéressant. Ce onzième volume marque le début d’une nouvelle étape dans le manga, puisque les choses sérieuses vont enfin débuter.

En effet, sans le savoir, les personnages principaux se dirigent tous vers un même point. Et qu’en est-il de ce nouveau protagoniste qui a fait son entrée dans ce volume ? Une chose est sûre, la suite de Vinland Saga promet d’être captivante. Comment se comportera notre héros face à des retrouvailles innatendues ? Quelle importance aura ce nouveau venu dans le scénario ? Des personnages formeront-ils des alliances ? Le lecteur – comme plusieurs protagonistes d’ailleurs – se posent pas mal de question !

Le dessin est comme toujours excellent, très détaillé. À de nombreuses reprises on se surprend à contempler certaines pages tant les paysages y sont magnifiques.

En résumé, ce onzième volume de Vinland Saga était encore une fois excellent, notamment grâce la convergence progressive des évènements, qui nous promet d’excellentes choses pour la suite. Malheureusement, la publication des chapitres au Japon étant mensuelle, il va falloir attendre la fin de l’année pour connaître cette suite…

Blood Alone #8 de Masayuki Takano chez Ki-oonpar Julien B.

Comme pour le 4e tome, c’est une seule histoire qui occupe la totalité de ce volume de Blood Alone. Et c’est un nouveau plongeon dans le passé de Kuroe qui nous permet enfin de rencontrer un personnage important qui n’avait pour le moment été qu’évoqué.

Blood Alone délaisse donc pour un temps son alternance entre chapitres tranche de vie et courtes histoires qui nous font découvrir petit à petit l’univers et le scénario de ce titre particulier. On met ainsi de coté le quotidien presque ordinaire qui joue pour beaucoup dans cette ambiance calme, douce et feutrée qui fait son charme. En contrepartie, c’est l’autre facette de la série qui est mise en avant, le surnaturel, avec un peu plus d’action que d’habitude (même si l’on reste loin d’un manga du genre), et quelques nouvelles pièces à ajouter au puzzle que l’on prend plaisir à reconstituer au fil des volumes.

Du coup, alors que l’on pouvait craindre que le scénario ne commence à stagner en jouant un peu trop sur le quotidien pourtant très agréable de Kuroe et Misaki, Blood Alone relance notre intérêt avec ce nouveau flash back plus long que d’habitude et ce qu’il faut de nouvelles informations. Et comme c’est toujours servit avec un dessin d’une grande finesse, à nouveau, on en redemande !

Meutre et meurtriers…

Neuro le mange mystère #23 de Yusei Matsui chez Glénatpar Olivier

Neuro pourrait vous berner à bien des égards, ne partez donc pas avant l’entracte à cause du faciès des figurants ou de la routine des premières scènes, ce n’est là que le décor du manga. En effet les enquêtes se suivent et se résolvent sans l’aide du lecteur. Ne vous attendez pas à un Detective Conan, cela reste du divertissement sur fond d’enquêtes policières.

La pièce principale démarre après quelques tomes, avec des enjeux qui dépassent le commun des mortels et l’arrivée d’antagonistes comme X. Ces acteurs se démarquent tout de suite du lot et s’intègrent à la charte graphique cauchemardesque de l’œuvre.

Doté d’un charisme certain, Neuro – ce monstre au sens propre – laisse difficilement filtrer les informations à son sujet même si une seule phrase suffit à le définir : «il veut manger des mystères». Rien d’autre ne l’intéresse… Au début en tout cas. Sa relation avec Yako laisse place à beaucoup d’humour/running gag et temporise le ton pour éviter trop de lourdeur.

Car comme pour sa série phénomène « Ansatsu Kyoushitsu », actuellement publiée au Japon, Yusei Matsui sait entretenir le mystère sur son héros. Neuro est une série qui saura fidéliser le public prêt à tenter l’aventure en lui proposant une galerie de personnages forts, et un univers atypique mais structuré.

À noter sur chaque tome la présence d’un stéréogramme, attention au strabisme !

L’ile Infernale #2 de Yusuke Ochiai aux éditions Komikku - par Painfool

Vainqueur de l’arène, Ei Mikoshiba découvre petit à petit l’organisation générale de Paradis, la « capitale » de l’île infernale. Lors de son combat, une jeune demoiselle était présente, aux cotés de l’homme dont il cherche à se venger, Sakaki. Le passé de cette femme nommée Ichi, littéralement vénérée par les habitants de l’ile, semble étrangement mêlé à celui d’Ei et de Sakaki

Ce second volume expose au fur et à mesure la relation que Sakaki entretenait avec le père d’Ei Mikoshiba, ainsi que les raisons derrière le massacre de sa famille. Le thème est toujours aussi cru et sombre. On n’appelle pas ce lieu l’île infernale pour rien, et Yusuke Ochiai ne rate pas une occasion de nous le rappeler. Le tempo est assez rapide, ce qui est une bonne chose puisque la série ne compte que trois volumes. On sent qu’on est entré dans le vif du sujet et que le dénouement est proche !

Entre rires et larmes…

Q and A  #2 de Mitsuru Adachi chez Tonkam  (Ramza)

Après quelques années d’absence, Atsushi retrouve rapidement ses repères dans sa ville d’enfance mais difficile de passer inaperçu lorsque le fantôme de son frère, mort 6 ans plus tôt, n’en fait qu’à sa tête et ne se gêne pas pour vous hanter… Voir vous posséder pour démonter à tout le monde que vous êtes un champion de course ou un caid de la baston !

Mitsuru Adachi continue son manga qui mélange tranche de vie, comédie et une romance encore sous-jacente. Le mangaka multiplie les situations rocambolesques avec une galerie assez réduite de personnage, mais qui sait rapidement séduire,  comme les 2 ratés de ce récit. Le grand-frère de Yuho, l’héroïne, est un auteur oisif et sans inspiration, un tantinet pervers, qui ressasse toujours les mêmes scénarios insipides. L’autre boulet n’est autre que la terreur du lycée, Jinno, qui vocifère sans arrêt mais qui se fait toujours prendre au piège de sa mauvaise foi. La moquerie n’est jamais méchante et ces deux caricatures trouveront toujours la clémence du lecteur grâce à une bonne dose d’humour !

On recommande enfin ce tome 2 pour les introductions de chapitres les plus portenawesques qu’on a pu lire depuis bien longtemps, un régal d’auto-dérision !

Bye Bye My Brother de Yoshihiro Yanagawa chez Sakkapar Orian

Comme son nom l’indique, Bye Bye, My Brother n’est pas exactement un manga joyeux. C’est même tout le contraire. Errant dans les rues, entre promoteurs passionnés, souvenirs d’enfance et ressemblances troublantes, Nido nous montre sa bravoure et son grand cœur dans une histoire où chaque ligne et chaque case semble avoir été pesées bien longuement avant d’avoir été validées par leur auteur.

Évoluant perpétuellement entre métaphore et réalisme, Yoshihiro Yanagawa et Nido, son alter-ego,  tentent de… mais quel est leur but, au juste ? Seul l’énigmatique Dieu de la mort le sait !

Œuvre simple, dramatique et émouvante, ce titre possède d’autant plus de mérites que sa distribution a été difficile, et l’on peut féliciter les éditions Casterman d’avoir pris le parti de sortir ce tome relié alors même qu’il n’était pas sorti au Japon. Une agréable surprise assurément pour les amateurs de poésie dessinée à l’encre noire.

Princess Jellyfish #7 d’Akiko Higashimura, chez Delcourt par Painfool

Alors que la bataille pour la résidence Amamizu fait rage, le premier défilé officiel de la marque Jellyfish va avoir lieu ! Le succès va bien au delà de tout ce que Tsukimi et sa bande hétéroclite auraient pu prévoir, grâce à Kuranosuke Koibuchi, le neveu du premier ministre, qui y fait involontairement son coming out ! Fort de cette nouvelle notoriété, il en profite pour dénoncer publiquement la société qui menace la propriété et affirme sa volonté de sauver le temple des Amars !

L’humour est toujours omniprésent, et les gags s’enchainent à la perfection tout en mettant en valeur le scénario et l’excentricité des protagonistes. La romance garde tout de même une petite place dans ce shōjo atypique. On sent que les relations entre les deux frères Koibuchi et Tsukimi, l’otaku des méduses récemment devenue styliste, évolue lentement mais sûrement.

L’histoire de Princess Jellyfish continue de tenir le cap dans la bonne humeur, pour nous plonger de façon inattendu dans l’univers de la mode, avec intelligence et finesse.

Princesse Lucia #3 de Kouji Seo chez Soleil Mangapar Orian

Lucia n’a toujours pas abdiqué ! Malgré les échecs de ses précédentes tentatives, la princesse du monde magique doit réussir à s’accoupler avec Yuta pour enfanter d’un démon qui détruira le monde en sept jours, le tout orchestré par le roi des démons, transformé pour l’occasion en vendeur de nouilles.

Le décor étant planté, vous aurez bien compris que Princess Lucia est un manga comique décapant bourré de quiproquos, supporté par un casting sexy et de nombreuses scènes osées et, surtout, qui ne se prend absolument pas au sérieux.

Si la trame n’avance pas véritablement, on passe néanmoins un bon moment à voir Lucia s’escrimer, chapitre après chapitre, à manger Yuta dans le rôle d’un bip-bip, tel le coyote du dessin animé éponyme. Un manga sympathique, sans prise de tête, mais du coup assez loin des meilleures œuvres du genre qui savent allier l’histoire à l’humour et au dessin.

Et pour finir, un peu de sport !

Kuroko no Basket #7 de Tadatoshi Fujimaki chez Kazé Mangapar Fabien

Après un sixième volume nous montrant un match plein d’intensité, ce septième tome de Kuroko no Basket est beaucoup plus calme. En effet, suite aux évènements passés, certains membres de l’équipe de Seirin se remettent en question. C’est ce moment qu’a choisi Fujimaki Tadatoshi pour faire entrer un nouveau personnage dans son manga, qui se contente pour le moment d’observer mais dont l’attitude est intéressante. Mais sur le terrain, quel est son niveau ? On le saura certainement bien assez tôt.

En attendant, nous assistons à divers entraînements qui font de ce nouveau tome de Kuroko’s Basket un opus de transition. Heureusement les matchs devraient rapidement être de retour avec la Winter Cup qui approche à grand pas.

Concernant le dessin, il s’améliore progressivement. Kuroko’s Basket est le premier manga de  Fujimaki Tadatoshi et son trait devient de plus en plus convaincant au fil du temps, surtout sur les expressions des personnages, qui sont de mieux en mieux retranscrites.

Pour résumer, même si ce nouveau volume de Kuroko’s Basket fait une pause, il ne perd pour autant tout son intérêt, grâce à la remise en question des personnages et leur évolution aussi bien sportive que psychologique. On a hâte de retrouver Seirin plus fort que jamais face aux autres membres de la « Génération Miracle ».

Et vous quelle est la dernière lecture qui vous a marqué ?

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