Dans La Maison // De François Ozon. Avec Fabrice Luchini et Ernst Urnhauer.
L'exploit que réalise Dans La Maison c'est finalement de nous rendre aussi accro que Germain à l'histoire que nous raconte Claude. Dès les premières minutes la manière dont le
scénario est narré et la mise en scène établie, le tout prend une forme tellement fluide et digeste. J'avais peur que ce nouveau film de François Ozon soit une déception lorsque
j'avais vu qu'il était en projet. Et puis j'ai vu que Fabrice Luchini s'était ajouté au casting, autant dire quelqu'un que j'apprécie beaucoup et, par son naturel légendaire,
parvient toujours à donner aux films dans lesquels il peut jouer une certaine ambivalence. Dans La Maison c'est un récit qui tente dé déconstruire la fiction, de la dépecé de sa
substantifique moelle pour nous en raconter une essence même. Au fond, cette histoire jusqu'à son dénouement (que tout le monde ne semble pas avoir apprécié) était très bien menée. C'est en tout
cas mon ressenti.
Un garçon de 16 ans s'immisce dans la maison d'un élève de sa classe, et en fait le récit dans ses rédactions à son professeur de français. Ce dernier, face à cet élève doué et différent,
reprend goût à l'enseignement, mais cette intrusion va déclencher une série d'événements incontrôlables.
Le scénario est efficace, léger et moderne. On surprend François Ozon à créer une sorte de nouveau genre au cinéma. S'il a pu se reposer un peu sur ses lauriers ces dernières
années avec quelques déceptions, il reste à mes yeux le réalisateur du très grand huis clos 8 Femmes. François Ozon est donc un petit virtuose français qui tente
de se faire une place au beau milieu d'une comédie qui semble avoir perdu de son piquant. Dans La Maison était brillant car au delà de cette petite histoire rondement bien
écrite, il y avait la volonté d'avoir un récit moderne et énergique. La réalisateur bien que cela ne soit pas ce qu'il y a de plus important dans le film n'était pas nécessairement balisée, et
permet encore une fois de créer cette atmosphère propice au récit que l'on tente de nous raconter. Les multiples 'A suivre…' font office de cliffangher. Au bout d'une quinzaine de minutes du
film, j'étais déjà tenté de regarder la fin tant la tension est jouissive et rondement bien menée.
Fabrice Luchini incarne le rôle du professeur avec beaucoup de force. C'était un personnage particulièrement intéressant qui n'avait pas besoin de subir le jeu d'un acteur qui en
fait des tonnes. C'est pourquoi Luchini était parfait car il est tout le contraire de beaucoup d'acteurs français. Je dirais même qu'il s'agit d'un des meilleurs. De plus, le rapport avec la
littérature dans Dans La Maison va de pair avec la passion de l'acteur dans la vraie vie. On peut également saluer le talnet d'Ernst Umhauer dans le rôle de
Claude. Ce jeune garçon est plein de talent bien qu'au final il joue beaucoup plus avec sa voix qu'avec son physique. Je suis peut être un peu plus réservé vis à vis d'Emmanuel
Seigner (mais c'est de famille) contrairement à Kristin Scott Thomas qui parvient à incarner Jeanne avec vergogne et pugnacité. Dans La Maison me laisse
sans voix. Parfait.
Note : 10/10. En bref, énorme coup de coeur.