Vaqar Zuberi : «Le Mexique est un sérieux concurrent pour la Chine»

Publié le 23 février 2013 par Sylsol

Le responsable du fonds Mirabaud Opportunities – Emerging Markets explique pourquoi il est toujours intéressant d’investir dans les marchés émergents.
Le fonds Mirabaud Opportunities – Emerging Markets, fonds de fonds lancé en décembre 2011, est investi dans 33 sous-jacents. Son gérant explique pourquoi il reste intéressant d’investir aujourd’hui dans les marchés émergents.
Le Temps: Quelle est la stratégie de votre fonds ?
Vaqar Zuberi : La stratégie est simple: permettre à nos investisseurs de bénéficier de la croissance des marchés émergents tout en essayant de réduire la volatilité propre à ces marchés. Nous voulons que nos clients soient protégés en cas de baisse abrupte des marchés.
– Comment procédez-vous ?
– En investissant à la fois dans des fonds traditionnels (55% du portefeuille) et des fonds alternatifs (45%). La gestion alternative permet de vendre à découvert des titres ou des marchés dont le prix nous paraît surévalué et, ainsi, de protéger le portefeuille. Cette stratégie doit nous permettre, à moyen et à long terme, de réaliser jusqu’à deux tiers de la performance de l’indice de référence (MSCI Emerging Markets) lorsque les marchés sont à la hausse et d’être exposés à moins de la moitié des pertes de l’indice lorsqu’ils sont à la baisse.
– Une stratégie qui s’est révélée payante jusque-là ?
– Du 1er janvier 2012 au 31 janvier 2013 nous avons réalisé 71% de la performance de l’indice avec seulement un tiers de la volatilité. En mai 2012 par exemple, lorsque l’indice a chuté de 12%, notre portefeuille n’a baissé que de 4%. En janvier de cette année, le fonds a même progressé de 3,5% alors que le MSCI Emerging Markets n’a gagné que 1,3%.
– Comment l’expliquez-vous ?
– Grâce à la sélection de gérants talentueux qui nous apportent des idées d’investissement originales, orientées vers la croissance interne des pays. Nous préférons miser sur des entreprises qui bénéficient de cette croissance que sur de grandes multinationales qui dépendent de la conjoncture mondiale.
– Avez-vous des exemples de telles entreprises ?
– Anhanguera est un bon exemple. Une société brésilienne d’éducation privée qui dispose du soutien du gouvernement. Le nombre d’étudiants qui vont dans ses universités a progressé de 36% en 2012 (419 000 personnes). Dans le même temps, l’action a bondi de 72% et se traite toujours à seulement 15 fois les bénéfices.
– Quels sont les marchés émergents les plus intéressants ?
– En Amérique latine, nous sommes davantage attirés par le marché mexicain que par le marché brésilien où les titres les plus intéressants sont devenus très chers l’année dernière. Le Mexique est devenu l’usine des Etats-Unis : on y produit les avions, les voitures, les ordinateurs ou les téléphones mobiles consommés par les Américains. Le Mexique constitue aujourd’hui un sérieux concurrent pour l’économie chinoise.
– Ce n’est donc pas la croissance interne qui vous intéresse ici ?
– Le fait que le Mexique ait restructuré son économie et soit devenu plus compétitif au niveau des exportations a participé à alimenter sa croissance interne. Car toutes les usines qui s’implantent sur place créent des emplois. Et par conséquent de la richesse.

– Qu’en est-il de l’Asie et de l’Afrique ?
– Sur le continent africain, nous sommes davantage intéressés par les pays d’Afrique centrale, tels que le Nigeria ou le Kenya, que par l’Afrique du Sud. Nous y sommes surtout investis dans des entreprises de téléphonie mobile, telles que Safaricom, et des sociétés financières. En Asie, c’est la Chine qui nous semble particulièrement attractive cette année. Notamment du fait que la transition politique entamée l’année dernière touche à sa fin. Nous misons surtout sur des sociétés cotées sur le marché intérieur (les «A shares») qui nous paraissent sous-évaluées par rapport aux titres de la bourse de Hongkong. Actuellement, nous avons déjà une exposition à ce marché et discutons avec plusieurs gérants basés en Chine qui ont obtenu l’autorisation d’acquérir ces titres.
– Est-ce là aussi des sociétés orientées vers la consommation interne qui vous intéressent ?
– La Chine est un pays qui essaie d’orienter son économie vers la consommation intérieure. C’est une transition qui va être longue. Mais on voit que c’est déjà le cas dans certains secteurs. Par exemple, une société comme Home Inns & Hotels, basée à Shanghai, qui gère des motels en Chine, profite de la croissance du tourisme local.
– Pourquoi faudrait-il investir aujourd’hui encore dans les marchés émergents ?
– Contrairement à l’Europe et, dans une moindre mesure, aux Etats-Unis, ce sont des marchés qui connaissent la croissance. C’est vrai qu’il s’agit de marchés volatils et moins liquides, mais il est possible de bénéficier de leur croissance tout en se protégeant contre la baisse des marchés. Il faut investir avec prudence et avec des gérants qui connaissent bien ces marchés.
(Sebastien Dubas - leTemps.ch - 18/02/13)