Sous toutes ses formes, la violence fait parti de notre quotidien et est faite de petits riens qui expriment frustrations et stress.
Il m’est difficile de subir tous les matins des embouteillages … alors quand, à un feux rouge qui passe au vert, le gars devant moi a un temps de réaction supérieur à la milliseconde, c’est plus fort que moi : je klaxonne ! voir plus si affinités… Voilà. Et que le conducteur martiniquais qui n’a pas un jour vécu une situation similaire me jette le premier commentaire.
« Bon, désormais, je suis non-violent, mais je klaxonne quand même ! »
En janvier, le Conseil Régional de Martinique a lancé une campagne contre la non-violence. Pardon, pour la violence. Ah non, ce n’est toujours pas ça.
Alors alors, on se concentre : POUR la NON Violence !
C’est cool ? Comment ça, non ?! Ayant personnellement quelques difficultés à assimiler le concept, j’ai cherché la définition de la « non-violence » sur Internet :
« C’est le refus du recours à la violence ».
« C’est une stratégie d’action politique proactive et pacifique mise au point par Gandhi à partir de 1906 pour combattre les injustices, d’abord en Afrique du Sud, puis en Inde. Cela a permis les succès historiques et durables que nous connaissons (suppression de lois racistes en Afrique du Sud par exemple) ».
L’attitude non-violente « consiste à préserver en permanence l’espace nécessaire au dialogue et à la négociation ».
Bon… Okay… ben, non, je n’y comprends toujours rien… Si je suis pour la non-violence, moi, citoyen, quelle attitude dois-je adopter face à quelqu’un de violent qui m’agresse, cambriole chez moi, me klaxonne, m’insulte ou me menace ? Peut-être dois-je « tendre l’autre joue » ? Ou je lui dis : « oh frère, soyons non-violents, la violence j’aime pas, ok ? »
Soyons réalistes !
La campagne prévoyait un char au carnaval. Des militants du Conseil Départemental de la Jeunesse portaient des masques faisant références aux Anonymous, qui sont tout sauf non-violents, puisque considérés comme des terroristes numériques faisant eux-mêmes référence au film « V for Vendetta », inspiré d’une histoire vraie, celle d’une vengeance, plus violente que non-violente…
Des références violentes pour dire qu’on est contre la violence (ou pour la non-violence.)… Est-ce qu’on marche sur la tête ? Gandhi et Martin Luther King doivent se retourner dans leur tombe, sans parler de Nelson Mandela (qui est toujours là) …
Un « mémorial » a même été inauguré au nom de cette « non-violence ». (Pour rappel, un mémorial est un monument commémoratif. Commémore-t-on alors la mort de la non-violence ? On s’y perd…)
Il faudrait probablement réaliser une étude post-campagne afin de mesurer l’impact du message, et répondre à certaines questions : la publicité était-elle le moyen le plus judicieux pour faire passer un message contre la violence ? Le problème n’est-il pas plus profond pour le traiter qu’avec des mots et de la séduction ? Nos impôts doivent-ils financer des campagnes de communication ?
On fait d’ailleurs écho d’un budget de publicité relativement conséquent (autour de 200 000 euros…). Cet argent, n’aurait-il pas été plus fécond dans une action de terrain pérenne auprès des clubs de sport (comme moyen d’insertion ou de réinsertion par exemple) ou auprès des associations d’aides aux démunis ou SDF ? Ou auprès des associations pour alcooliques et toxicos ?
Une étude a-t-elle été réalisée pour définir ce qu’est la violence pour les Martiniquais ? On a l’impression qu’ils ne savent pas de quoi ils parlent, et qu’ils s’amusent un peu… Est-ce ainsi que l’argent public est dépensé ??
Il est écrit dans le dossier de presse de la campagne : « Le dessein de cette campagne est à caractère PARTICIPATIF, l’objectif étant de penser « ensemble » à des solutions possibles, à un changement d’attitude pouvant freiner cette recrudescence de violences sur l’île. »
Est-ce qu’on a le temps en une semaine de mettre en place une participation de la population. Une semaine est-elle suffisante pour militer « pour la non-violence » ? Posez-vous la question : Êtes-vous sensibilisés à la non-violence suite à cette campagne ?
N’empêche, ils ont su jouer sur le populisme, en prenant des Martiniquais qui ne sont pas forcément des acteurs, pour réaliser la campagne. C’est sympa. Mais est-ce suffisant pour avoir l’adhésion de la population ? En fait, pas très populaire cette campagne !
Vous l’aurez compris, le scepticisme s’impose comme une évidence face à cette campagne qui ne sera qu’une ligne budgétaire dans les comptes de la Région, un coup de « pub » qu’on oubliera aussitôt qu’on se fera insulté ou klaxonné parce qu’on n’aura pas démarré à la milliseconde où le feu sera passé au vert… Mea culpa mea maxima.
Anonym97