Michel-Edouard Leclerc a remis çà. Sa dernière publicité n'a échappé à personne. Ce fut même l'objet des discussions du déjeuner de lundi au laboratoire. Laboratoire de 230 personnes, qui ne regroupe que 6 pharmaciens...
Les parodies lui répliquant ont vite fleuri sur les réseaux sociaux, lui répliquant.
Ces deux réponses parodiques de ma corporation se fondent sur le même argument: celui de la traçabilité. Comment Michel-Edouard Leclerc peut-il envisager de vendre des médicaments, produits nécessitant une sécurisation maximum de sa chaine de distribution, alors qu'il n'est pas capable d'assurer à ses clients l'origine de la viande utilisée dans les produits qu'il commercialise?
Michel-Edouard Leclerc est-il responsable des ingrédients entrant dans la composition des produits manufacturés qu'il vend? Je crois que la réponse est non.
Michel-Edouard Leclerc est responsable de son rayon boucherie. Et depuis l'épidémie de la vache folle, force est de constater que la traçabilité est strictement respectée: à ma connaissance, aucun scandale à l'heure actuelle.
Si Michel-Edouard Leclerc vient un jour à vendre des médicaments, la sécurisation du circuit du médicament sera assurée de la même manière. Et Michel-Edouard Leclerc embauchera des pharmaciens pour verrouiller le circuit.
"Oui mais on n'est pas des épiciers".
Lorsque mes oreilles trainaient à la cafétéria lundi midi, elles ne cessaient de capter la même phrase: "de toute façon, quand je vais à la pharmacie, on me donne la boîte de paracétamol, on ne me demande rien".
Tout pharmacien pourra vous conter ces faits d'armes lorsqu'il arrêta une interaction médicamenteuse. Je ne suis pas en reste.
Tout pharmacien pourra vous dire quels sont les patients qui surconsomment paracétamol, Dulcolax et autre produits codéinés.
Mais où est la traçabilité?
Où sont les preuves de nos exploits quotidiens?
Que pouvons-nous produire aux pouvoirs publics afin de justifier de notre action quotidienne au service des soins?
Nul part.
Rien.
Aucune traçabilité des interventions pharmaceutiques officinales.
Depuis 2006, les pharmaciens cliniciens hospitaliers trace leur activité grâce à ACT-IP, une base de données nationales. 112 000 interventions pharmaceutiques, renseignant le problème détecté, l'intervention proposée et l'acceptation ou le refus du prescripteur, ont été documentées au sein de la base.
Je ne demande pas que les officinaux créent leur propre base de données.
(çà ne sera pas utile d'ailleurs - Spoilers - )
Mais chaque pharmacie d'officine pourrait assurer la traçabilité des interventions qu'elle réalise.
Je n'en connais qu'une qui le fait.
Et là, nous deviendrions crédible.
Pour lecture:
Bedouch P, Charpiat B, Conort O, Rose FX, Escofier L, Juste M, Roubille R,Allenet B.
Assessment of clinical pharmacists' interventions in French hospitals:results of a multicenter study.
Ann Pharmacother. 2008 Jul;42(7):1095-103.