Caroline Fourest : La situation en Tunisie - 2

Par Plumesolidaire

La grande majorité des personnes que nous recevons sont musulmanes et ne sont pas toutes d’origine arabe. Peu suspects d'islamophobie, nous n'hésitons pas à reprendre nos interlocuteurs lorsque, en notre présence, elles ou ils en appellent au Prophète pour qu'une démarche soit couronnée de succès.

A quoi nous faisons observer que ce ne sont ni le Prophète, Dieu et ses Saints ou encore quelque divinité que ce soit, qui font les démarches: c'est nous, les écrivains publics, pauvres êtres de chair et de sang. Le Prophète n'a jamais réussi une démarche d'écrivain public pour la raison qu'il n'a jamais noble pratique. La croyance ne replace pas l'écrit qui laisse une trace tangible et se fonde sur le Droit laïque français. L'écrit appartient au domaine de l'existence de la matérielle et non à celui de l'essence qui relève de la vie spirituelle.

Autrement dit, en la circostance, si nos démarches permettent parfois de résoudre des problèmes concrets et réels, l'essence n'a jamais fait avancer ni reculer une automobile. En tant que citoyen français je tiens beaucoup à la laïcité, et à son respect dans le cadre des activités de notre association.

Pour ma part, je pousse parfois un peu plus loin le bouchon de l'éducation civique. J'informe également que nos activités se déroulent dans des lieux publics, et dans le cadre d'une association placée statutairement sous l'égide de la Loi de juillet 1901. Dans l'enceinte desquelles les dimensions qui relèvent de la liberté de conscience individuelle et revêtent un caractère privé et confessionnel, religieux ou cultuel n'ont pas à s'exprimer.

Respecter ce principe, c'est nous respecter. Nous respecter c'est exprimer sa tolérance envers la diversité des convictions et des croyances. En s'abstenant donc, de manifester sa foi en présence de personnes qui sont libres d'être athées, agnostiques, ou croyantes de la même religion ou d 'une autre. Cela ne m'empèche pas d'entretenir de passionnantes conversations à propos de religion et de politique, comme celle j'ai eue récemment avec mon coiffeur tunisien, qui a fait partie des 38% d'électeurs d'Ennahda lors des élections pour la Consitutante qui n'ont réuni que 50% des électeurs tunisiens. Il n'est pas non plus innocent de rappeler que, selon Jeannette Bougrab "ce qui se passe en Tunisie nous concerne. 30% des électeurs tunisiens qui vivent en France ont voté pour Ennahda. Ils sont nés en France, ils sont allés dans les écoles de la République. Ce qui pose le problème  - de savoir - si la République, l'école permet d'avoir un sens critique, de prendre cette distance avec les fondamentalistes et les intégristes"*

Plume Solidaire

* (minute 5 à 5 minutes 30 dans la vidéo de l'émission des Matins "Radicalisme en France ; y a-t-il lieu de s'alarmer ?").