À l’image de Dead Space 3 et de son mode coop, de nombreux jeux qui ont glané leurs lettres de noblesse grâce à leur expérience solo proposent désormais un mode multijoueur. Allant de l’inutile au très bon, ces ajouts sont devenus un passage que peu d’éditeurs osent ignorer.
Dans Dead Space 3, le mode coopératif permet à l’un des joueurs d’incarner Carver, un personnage croisé dans la campagne solo. Mais inséré en arrière-plan des cinématiques, celui-ci ne parvient jamais vraiment à susciter l’intérêt du joueur qui le contrôle, les seules scènes qui lui sont dédiées étant bien trop rares pour justifier sa présence. De quoi se demander quel est l’intérêt de ce mode coopératif, qui transforme ce qui était un extraordinaire jeu d’ambiance (on parle de Dead Space 1) en défouloir pur et simple.
Un constat qui est malheureusement récurrent sur de nombreux titres récents : le mode multijoueur de Mass Effect 3 n’est ainsi qu’une pâle reprise de la fameuse horde de Gears of War, où quatre joueurs luttent de concert face à des vagues d’ennemis de plus en plus fortes. Si le résultat ne se montre pas déplaisant à jouer, il est cependant loin d’être indispensable.
La vérité, c’est qu’il permet surtout à l’éditeur de faire valoir un atout supplémentaire sur le boîtier du jeu : l’idée marketing derrière le manque d’idées de jeu, c’est de glisser dans la tête du joueur que la durée de vie s’en trouvera allongée, et ce de manière conséquente. En ces temps de crise économique (on nous l’aura assez répété), la rentabilité est un paramètre qui rentre en compte lors de l’achat d’un jeu.
Entre un jeu solo qui se finit en vingt heures et un autre qui bénéficie en plus d’un mode multijoueur, nombreux sont les joueurs qui n’hésiteront pas longtemps. Il est ainsi plus facile de vendre un jeu et de résister aux critiques des sites spécialisés lorsqu’il est possible de brandir le multijoueur en étendard.
L’argument de l’éditeur, qui cherche à satisfaire tous les joueurs, et en particulier ceux qui, disent-ils, désirent passer plus de temps dans l’univers qu’ils apprécient, est une vaste tromperie. Une tromperie parmi d’autres. Comme celle de faire développer le multi en externe, pour rassurer les joueurs en consacrant toutes les ressources du studio-mère au mode solo. Le problème, c’est que le résultat est parfois bien mitigé, comme en témoigne Bioshock 2.
Il existe également une troisième raison à l’ajout de cette composante multijoueur : comme au cinéma, les plus gros succès en terme de ventes sont des suites. Le multijoueur permet de garder pendant plusieurs mois après la sortie, parfois pendant plusieurs années, le jeu présent dans l’esprit du joueur. Sans compter la création d’une communauté de fans, qui soutiendra son jeu préféré corps et âme et répandra la bonne parole autour d’elle, comme cela a été le cas avec la série Uncharted.
Entendons-nous bien, il ne s’agit pas de dire que le multi est nuisible en soi, mais que son développement nécessite autant d’amour et de compétences que celui d’un bon solo. Si GTA IV, Red Dead Redemption ou Max Payne 3 ont su tirer leur épingle du jeu, c’est avant tout grâce au soin apporté par leur développeur : Rockstar. La preuve qu’il est possible de concevoir des jeux où le multijoueur est une cerise des plus succulentes posée sur le gâteau du mode solo.