Je touche mon corps et je le sens, il est en vie.
Cette lumière jaune toujours, fatigante, quand je voudrais le noir absolu, le rien pour reposer ma tête et pour oublier que le corps est lourd. Je dois être dans un de ces services où des gens en blanc ne vous laissent jamais dormir, où l’on surveille nuit et jour la température du corps, les battements du cœur, l’état général…
Non, voilà, je sais maintenant. Je suis juste dans la grande ville.
Une petite chambre dans la grande ville avec le réverbère d’en face et le bruit en bas. Un homme à côté voudrait se rapprocher sans m’étouffer.
Parce que j’étouffe. J’ai mal au dos, j’ai froid aux pieds et j’étouffe.
Je crois qu’il le sent. Je crois qu’il voudrait donner de l’énergie, insuffler la vie dans un corps fatigué d’avoir été livré à lui-même, de n’en avoir fait qu’à sa tête. Il le caresse doucement, attendant un retour qui ne vient pas. Il se couche sur ce corps, le désire... et laisse couler des larmes chaudes le long d’un cou qui déjà ne répond plus.
Les yeux dans le blanc du mur, la tête tournée vers un ailleurs possible, le désir a quitté le corps, la vie reprend ses droits.