Placer des droits de l'homme au-dessus du droit de propriété donne-t-il plus de droits à l'homme ?
Par Paul, L. Poirot (FEE) Etats-Unis.
Certains utilisent aujourd’hui des expressions ambigües afin de dessiner une perspective qui leur est favorable et, tout cela, avec la dose émotionnelle qui convient quand il s’agit de faire la différence entre les droits de propriété et les droits de l’homme. Par déduction, il y aurait deux types de droits – ceux qui relèvent des hommes d'une part, et ceux qui relèvent de la propriété d'autre part.
Dès lors que l'homme est plus important, il est naturel pour l’insouciant de réagir en faveur des droits de l’homme. En fait, la distinction entre droits de propriété et droits de l’homme n’existe pas ; le terme de propriété n’a pas de sens s'il ne s’applique pas à quelqu’un possédant quelque chose. La propriété en elle-même n’a pas de droit ou de valeur, en dehors des intérêts que les hommes lui trouvent. Il n’est d'autres droits que les droits de l’homme, et ce qui tombe sous l'appellation "droit de propriété" n'est rien d'autre qu'un droit de l’individu de posséder quelque chose. Plus précisément, il n’y a pas d’opposition de principe entre les droits de propriété et les droits de l’homme mais une opposition entre les droits d’individus vivant dans une communauté par rapport aux droits d’autres individus formant une autre communauté.
Si les gens ne peuvent plus avoir confiance dans leur capacité à jouir des fruits de leur travail, il n’y aurait que très peu d’incitations à économiser et à accumuler le capital – les outils et autres équipements servant à la production et à l’amélioration des conditions de vie. La déclaration des droits constitutionnels des États-Unis ne fait aucune distinction entre les droits de propriété et les autres droits de l'homme. Elle interdit de procéder à des recherches et des saisies sans fondement légal et protège « les personnes, les maisons, les documents et effets personnels », sans discrimination aucune. Aucune personne ne doit, sans le consentement de la loi, être privée de « sa vie, sa liberté et sa propriété », qui sont toutes trois également inviolables. Le droit de comparaître devant un tribunal est assuré au pénal comme au civil. On y trouve aussi l’interdiction d’une caution excessive pour une remise en liberté ou d'une amende zélée, ou encore d'une punition cruelle ou inhabituelle. Les Pères Fondateurs (de la Constitution Américaine) avaient bien compris ce que les politiciens d’aujourd’hui semblent avoir oublié : un homme sans droit de propriété – privé du droit de jouir du produit de son travail - n’est pas un homme libre.
"Nous ne protégeons pas le droit de propriété mais le droit d'acquérir une propriété. La propriété, en soi, n’a pas de droits ; l’individu – l’être humain – a lui trois droits essentiels, qui sont tous protégés des interférences arbitraires : le droit de vivre sa vie, le droit à la liberté et le droit de jouir de sa propriété… Ces trois droits sont si intimement liés qu’ils ne représentent en dernière analyse qu’un seul et unique droit. Donner la vie à un homme sans lui donner la liberté, c’est lui ôter tout ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue. Donner à un homme sa liberté en lui ôtant la jouissance de sa propriété, le fruit et l'insigne de sa liberté, revient à en faire un esclave." (Cour Suprême de Justice des États-Unis – George Sutherland)
Ces droits constitutionnels partagent deux caractéristiques. La première, c’est qu’ils s’appliquent à tous. La seconde, c'est qu'ils représentent des garanties - sans exception - de liberté et de protection vis-à-vis des interférences gouvernementales. Ils ne permettent aucunement que les uns aient des revendications aux dépens des autres, que ce soit individuellement ou collectivement. Ils disent seulement, en fin de compte, qu’il y a certaines libertés humaines, incluant celles de la propriété, qui sont essentielles aux hommes libres et auxquelles l’État ne doit pas déroger.
Qu'en est-il des soi-disant droits de l’homme, qui sont supposés être supérieur aux droits de propriété ? Qu'en est-il du « droit » à l’emploi, du droit « à un certain niveau de vie », du droit « au salaire minimum » ou aux horaires plafonnés hebdomadaires, le « droit » à des prix « acceptables », le « droit » de négocier collectivement, le « droit » à la protection contre les hasards et autres adversités auquel on peut être confronté au cours de la vie, comme le vieillissement ou la maladie ? Les Pères Fondateurs qui ont jeté les bases de la Constitution seraient surpris de voir que l’on parle de ces choses en termes de « droit ». Ces droits sont loin d’être des protections à l’encontre des tendances pénalisantes de tout gouvernement, et sont au contraire autant de nouvelles manifestations des tendances de tout gouvernement à étendre son contrôle.
Elles ne constituent aucunement des invitations à bénéficier du produit de son propre travail ; elles sont dans certains cas, sinon dans tous, des assertions d'un droit sur le produit du travail d’autrui. Ces « droits de l’homme » sont, il est vrai, distincts des droits de propriété, en ce qu’ils rejettent la conception élémentaire du droit de propriété. Ils ne participent pas à la formation de libertés ou de protections nouvelles offertes à tous ; ce sont des privilèges spéciaux qui sont conférés à certaines personnes au détriment d’autres. La distinction réelle ne s’opère pas entre les droits de propriété et les droits de l’homme, mais entre l’égale protection vis-à-vis des interventions gouvernementales d’un côté et, de l’autre, les demandes pressantes de quelques groupes de favorisés appelant à des interventions à leur seul bénéfice.
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Un article de la série « Clichés du socialisme » de la Fondation pour l’Éducation Économique (FEE) qui cherche à aider ceux qui dénoncent ces erreurs intellectuelles et mettent l’accent sur les mérites de la liberté.
Traduction : JATW pour Contrepoints.
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