Magazine Environnement

Décroissance ou abondance ? Quel avenir pour notre société ?

Publié le 22 février 2013 par Eldon

dev durable gd Décroissance ou abondance ? Quel avenir pour notre société ?Un article intéressant des Echos qui pose la question de notre avenir collectif.
Face à une crise durable à la fois économique et écologique, seules deux approches sont possibles sans être nécessairement contradictoires : une approche pessimiste visant à maîtriser la croissance et une approche optimiste visant à orienter les progrès technologiques vers des solutions concrètes aux problèmes de l’humanité (énergie, eau, alimentation, santé, etc.).

La crise économique doublée de la crise écologique que nous subissons depuis 2008 souligne la situation paradoxale de notre société.

La croissance est une condition de survie indispensable de nos sociétés capitalistes. Sans croissance, du fait des progrès constants en matière de productivité, le chômage se creuse, avec son lot de conséquences : pauvreté, inégalité, insécurité… et peut-être même, à terme, révolution.

Néanmoins, la croissance met en danger notre écosystème. Nous consommons déjà plus que ce que la planète sait fournir. Si nous continuons à croître et si tous les habitants de la planète atteignent le niveau de vie des Américains, les limites physiques de la planète vont être dépassées, avec des effets encore plus dramatiques : changement climatique, désertification, inondations, guerres, famines, etc.

Face à ce paradoxe, deux visions de l’avenir s’affrontent et se complètent. Une vision plutôt décroissante, qui tendrait à dissocier les notions de prospérité et de croissance, et une vision d’abondance qui voit dans la croissance exponentielle des technologies une échappatoire permettant de satisfaire tous les besoins de l’humanité sans nuire à la planète.

La prospérité sans croissance

Pour concilier stabilité sociale et équilibre écologique, la solution proposée par Tim Jackson, professeur de développement durable au « Centre for Environmental strategy » (CES) à l’Université du Surrey et auteur de l’essai « Prosperity without growth: economics for a finite planet », consiste à dissocier « croissance » et « prospérité ».

En effet, la prospérité ne se limite pas à sa définition économique : elle adresse toutes les conditions du bonheur. Force est cependant de constater que la croissance économique est de moins en moins synonyme de prospérité, du moins dans les pays développés où les conditions matérielles du bonheur (manger à sa faim, avoir un toit, vivre en sécurité, etc.) sont globalement satisfaites.

Or, l’accroissement des inégalités, de l’insécurité et du stress au travail, de la solitude et de la perte de liens sociaux, nuisent plutôt au bonheur du plus grand nombre tout en étant des conséquences naturelles de la croissance dans une société basée sur la compétition et la réussite individuelle.

Ainsi, il serait possible d’atteindre la prospérité sans la croissance économique, en changeant les grands principes macro-économiques, et notamment l’indicateur de référence qu’est le PIB, incapable de prendre en compte les externalités négatives de l’économie (telles que la pollution).

L’idée consisterait à introduire un nouvel acteur dans les échanges : l’écosystème. Il s’agit ainsi de passer d’une économie où seuls les entreprises et les ménages sont pris en compte à une économie liée qui prend en compte l’écosystème et assure sa préservation.

Ce qui conduirait du point de vue de Tim Jackson à conduire trois actions macro-économiques majeures :

• Mener une transition structurelle vers les activités de services qui ont un faible impact écologique ;

• Investir dans les biens environnementaux : isolation, énergies renouvelables, etc. ;

• Mettre en oeuvre des politiques de réduction du temps de travail.

L’abondance grâce à la technologie

A contrario, Peter Diamandis et Steven Kotler propose une réponse très différente dans leur livre « Abundance ». Plutôt que de militer pour une rupture avec le capitalisme et la croissance, ils défendent qu’un véritable découplage entre croissance et impact environnemental est possible grâce aux technologies exponentielles.

Comme l’informatique et la téléphonie qui ont vécu avec la loi de Moore une évolution fulgurante ces dernières années, d’autres technologies essentielles à la survie de l’homme et de la planète peuvent connaître les mêmes bouleversements.

À ce propos, ils réinterprètent la pyramide de Maslow autour des technologies d’abondance, en détaillant les progrès qui nous attendent dans chacun de ces domaines clés.

• Alimentation : ferme verticale, permaculture ou encore viande de culture in vitro devraient permettre de nourrir les neuf milliards d’habitants prévus vers 2050, tout en limitant les émissions de gaz à effet de serre liée à l’agriculture intensive, au transport et à l’élevage.

• Eau : les technologies de désalinisation, les toilettes sèches et les réseaux intelligents devraient permettre de résoudre la question de l’alimentation en eau ainsi que les problématiques sanitaires qui y sont liées (cause de nombreuses maladies et de morts prématurées). Il ne faut pas perdre de vue que 70 % de la surface de la Terre est recouverte d’eau.

• Énergie : solaire, algo-carburant, batterie au sodium, nucléaire de 4e génération et réseaux intelligents devraient permettre de fournir de l’énergie pour tous les habitants et pour tous les usages, tout en réduisant ou en captant les émissions de CO2. Il ne faut pas oublier que le soleil fournit en une heure autant d’énergie que toute la consommation annuelle mondiale.

• Technologies de l’information : elles n’ont pas fini leur croissance exponentielle. Les intelligences artificielles vont dépasser l’homme vers 2023, et même toute l’intelligence de l’humanité d’ici le milieu du siècle, facilitant l’éducation des enfants à travers le monde et promouvant la liberté d’expression sur toute la planète.

• Santé : avec les progrès de la génétique, les technologies de diagnostic personnel, les robots infirmiers, etc., prolonger la durée de vie en bonne santé ne devrait plus être un problème.

Néanmoins, les auteurs ne sont pas des techno-utopistes pour autant. En effet, ils veillent à :

• Présenter les conditions de l’abondance, en ayant conscience de l’urgence de la situation : soutien aux entrepreneurs, actions des technophilanthropes tels que Bill et Melinda Gates, prise en compte des solutions du bas de la pyramide (d’après le livre « The Bottom of the Pyramide ») ;

• Soulever les risques liés aux technologies : bioterrorisme, cybercriminalité et surtout chômage… Comme au temps des révolutions agricoles, industrielles et des services, cette 4e révolution va mettre encore plus de monde au chômage avec des problématiques de reconversion certaines.

Quelles conséquences pour nous et nos enfants ?

À la lecture de ces deux visions de l’avenir, il ressort néanmoins un invariant. Dans les deux cas, l’offre de travail devrait continuer à s’appauvrir, soit faute de croissance dans la vision de Tim Jackson, soit à la suite des progrès exponentiels des technologies dans la vision de P. Diamandis et S. Kotler.

Croire sempiternellement au retour du plein emploi dans une économie verte et technofuturiste devient la seule et véritable utopie. Il nous faut donc dans tous les cas imaginer de nouveaux modèles de répartition des richesses, moins dépendants de la valeur travail, permettant à chacun de vivre dans de bonnes conditions même sans emploi.

Il faut sûrement dissocier rémunération matérielle et reconnaissance. Imaginer peut-être un système monétaire double : l’un à somme nulle, permettant d’acquérir et d’échanger des biens matériels dans les limites écologiquement acceptables, l’autre à somme non nulle permettant de valoriser la reconnaissance et la contribution de chacun à la communauté humaine… Les nouveaux indicateurs d’influence tels que Klout, en vogue sur les réseaux sociaux, sont peut-être les prémisses de ce nouveau système monétaire ? »

Source: Les Echos


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Eldon 6078 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte