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Les chiens du purgatoire par Jérôme Fansten

Par Livresque Du Noir @LivresqueduNoir

« Le jour où un chien de Pavlov enculera un mouton de Panurge, il est probable qu’un journaliste en sorte. »
C’est Lewis Guggenheim qui le dit. Lewis est journaliste. Chroniqueur judiciaire. Autant dire qu’il connaît bien les coulisses de cette farce quotidienne qu’on appelle « l’actu ».
Il dit ça par lassitude. Ou par provocation.
Un peu des deux, sans doute.
Il le dit surtout pour les besoins de sa com’ personnelle… pour le style et pour le plaisir d’être désagréable… « Le jour où un chien de Pavlov… » : un tel credo vous pose un homme dans ce monde des mass-médias, tellement speed et superficiel que l’arrogance y passe pour de la force de caractère.

Entre deux faits divers, Lewis organise des visites de scènes de crime. Il a de bonnes bases en criminalistique. Il avance dans le dos des flics. La scène de crime est encore chaude. Il promet les meilleurs safaris d’Île-de-France.
« Je commente ce qu’on appelle les « traces latentes », les traces de pas, les traces biologiques… sang, sperme, sueur… Mes touristes : des couples, essentiellement. L’odeur du sang les excite. Mes commentaires leur donnent de l’entrain. Ce divertissement alimente leurs peurs sociales et leur conformisme. Ouais… J’aimerais dire que la merde tombe de haut sur notre époque ; mais ce sont plutôt les égouts qui débordent. »
Il dit ça par lassitude. Ou… Bon, vous m’avez compris. Il le dit peut-être par habitude, sans trop y croire… un cynisme mécanique de journaleux vétéran…

Le jour où l’analyse qu’il fait d’une scène de crime ne correspond pas du tout à ce qu’en dit la police, il voit se profiler le scoop de sa vie.

Voilà pour l’histoire.

Les chiens du purgatoire est un récit à deux voix. Je viens de vous esquisser celle de Lewis. L’autre est celle de Jopo, flic ambigu confronté aux difficultés du métier. Le gouvernement dégraisse à tout-va dans la fonction publique, il aimerait bien voir ses pieds quand il est debout : la Réforme Générale des Politiques Publiques, ça s’appelle. Pire que le régime Dukan. Les flics sont de moins en moins nombreux, sous pression, avec du matos de merde. Mais… hey ! on met des caméra de surveillance partout ! ça compense ! Non ? Non.
Jopo, lui, fait ce qu’on lui demande. Il improvise. Dans l’urgence, il bousille un peu le boulot, forcément. Il attend juste le bon moment pour retourner dans la lumière. « Une lumière belle comme une sortie de secours sur un cercueil ! »

Outre une documentation poussée, je me suis donné comme contrainte de ne pas verser dans les petits péchés mignons du polar : pas de serials killers et de « corps atrocement mutilés » ; pas de sectes ; pas de complots politico-bizarroïdes, etc. Du brut, du quotidien.

J’ai exploré plusieurs formes de langage, le flux de pensée, la coupure de presse, le poème, l’extrait de PV… A travers ce kaléidoscope, au-delà de l’enquête policière et de la confrontation de mes deux personnages, j’ai voulu dresser le tableau de la police en milieu urbain, au moment où la doxa ultra libérale commence à imprégner même nos conceptions de la sécurité publique.

Au plaisir d’en reparler avec vous.

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