Maintenant, je me tais et laisse Isabelle s'exprimer:
"Un grand Domaine que celui de Peyre Rose ! Des vins magnifiques, splendides ! qui font aimer à travers eux la typicité d’une région, pleine du charme des garrigues ensoleillées, de ses empreintes culturelles, et font découvrir l’esprit féminin qui sait associer caractère et raffinement, comme la beauté sauvage de notre Manon des Sources. Marlène Soria, femme talentueuse, que rien ne destinait au travail de la vigne, a su parer ses connaissances acquises sur le terrain d’une grande affectivité et d’une intelligence hors norme. Je tiens à ce que mes descriptions traduisent une ode à sa féminité qui vaut à ce point les sensibilités aromatiques que l’on goûte dans les vins de Peyre Rose.
Syrah Leone 1993
Les effluves essentiellement viandés que répand le verre nous attablent dans un jardin sudiste, pour y côtoyer un monde viril, sanguin, vigoureux mais aux accents délicieux de parfums de violette. La deuxième aération nous sert, grâce à la fève de cacao, les gâteaux au chocolat et les compotes de pruneaux de nos goûters enfantins. En bouche, la torréfaction et quelques légers amers permettent de piquer au vif des fruits noirs et cuits comme le sureau, qui se seraient autrement tus en raison des notes dominantes de marinade, l’expression retrouvée des arômes viandés du nez... Une acidité encore bien présente aux configurations vives et juvéniles pour des tannins bien lisses et fondus.
Syrah Leone 1994
Saisissante et capiteuse évasion vers les odeurs de foin et de douce fourrure des clapiers, balayées par les olfactions des oliviers alourdis de chaleur, pour une bouche agréable, vive et fraîche, qui laisse savourer, avec vivacité, la tranquille douceur du fruit croquant (la fraise, la grenade), et le rassérénant parfum des herbes aromatiques. Une deuxième gorgée, pleine d’une sensualité animale, apporte une confiture douce et suave, celle fondue dans la marinade aigre-douce d’un lièvre au sureau. La deuxième aération développe les fruits grillés et caramélisés, progressivement l’orange sanguine cuite et confite, caramélisée et en reprise en bouche, le vinaigre balsamique.
Syrah Leone 1995
Le verre nous mène par le bout du nez vers une agréable senteur de liqueur balsamique mutée au café et au sucre cuit, pour nous conduire dans les alcôves fruiteuses du cassis et du sureau. Amarrée dans ces olfactions sybarites d’un plaisir vif et immédiat, la bouche, se laisse bercer par des tanins souples et fondus, et place dans sa nacelle des notes de torréfaction, de café, de jus d’olive noire, de thym et de romarin, qu’elle ballotte longuement sur le mouvement perpétuel d’une finale vive, riche d’alcool mais merveilleusement fraîche.
Syrah Leone 1996
Lever de rideau sur la scène gourmande d’un été aux senteurs de cassis cuit, de tarte à la myrtille et de chocolat, pour révéler une bouche généreuse de fruits croquants et juteux comme la quetsche, aux expressions kirschées et vanillées peu communes (en dépit de ce qu’il n’y a aucun élevage en barrique !). Le rideau ne se baisse que très lentement sur un vin majestueux, accompli, qui offre une représentation très aboutie des meilleurs languedocs.
Syrah Leone 1998
Le nez décrit les ardentes garrigues aux chaudes effluences des herbes de Provence, dans un paysage de vergers sur fond de méditerranée. Juste ce qu’il faut de fruits rouges frais, comme la burlat, pour apporter les lumineuses et vibrantes colorations impressionnistes d’un bouquet aux teintes de caramel au beurre salé et d’épices. La bouche est exaltante et exaltée, sauvage, dense, généreuse, pleine de la matière du champignon, puis du fruit, en particulier la myrtille, mais épicé, parfumé des vivifiantes baies de Setchouan, qui accordent une fraîcheur et une jeunesse surprenante.
Syrah Leone 2002
Si le nez se fait moins attachant, peut-être parce que plus fermé que les précédents, la bouche acquiert une finesse et une précision extrême dans la déclinaison féconde, généreuse - onctueuse en milieu de bouche – des fruits rouges que sont la fraise, la framboise et la groseille. Elle ravit dans les plus prodigues jardins fruitiers envahis de plantes aromatiques; goûts de menthe poivrée, de camphre et de réglisse qui construisent parfaitement une expression languedocienne de caractère, et de longue garde.
Oro 1996
Magnifique robe de la couleur du Sauternes, qui dévoile, au nez, des arômes de citrons confits au vinaigre, les parfums floraux de la rose et de la violette, déploie, en bouche, l’éventail des amandes, pour offrir une liqueur d’une incroyable finesse se languissant sur les amers de la gentiane ou de la quinine. Magnifique création d’un jardin charmant de fleurs et de fruits, berceaux de citronniers, kiosques enrichis d’amandiers et de noisetiers !... "
Vous pouvez également lire de belles choses sur ce domaine sur le blog de Loïck ou celui d'Olif. Et en acheter chez mon ami Laurent Baraou.