6,5% des divorces avec contentieux (50% des divorces) ont pour objet du conflit la garde de l'enfant
Ce week-end, il a beaucoup été question de la garde des enfants en cas de divorce suite au coup d'éclat d'un père qui a tout fait pour qu'on en parle. Mais qu'en est-il vraiment ? Les mères obtiennent-elles systématiquement la garde de leurs enfants ou est-ce un a priori infondé ?
Les pères sont-ils défavorisés pour obtenir la garde de leurs enfants ?
Si vous avez écouté, regardé ou lu un support d'information ce week-end, et vous l'avez fait à un moment ou un autre, vous avez forcément entendu parler de ce père de famille qui a campé dans sa grue pour attirer l'attention des médias sur son cas en particulier et sur celui des pères privés de la garde de leurs enfants après un divorce en général.
Celui qui crée l'événement attire l'attention, c'est ainsi. Spontanément, on ressent de l'empathie pour lui, sans le connaitre, car un geste a priori désespéré est forcément l'acte d'un homme qui souffre et qui doit être victime d'une injustice. Pensons-nous. Et pourtant, au fur et à mesure que le week-end dernier s'écoulait sous le soleil, la voix de l'ex compagne du grutier s'est fait entendre avec un autre son de cloche.
Qui dit médiatique ne veut pas dire vérité vraie
Progressivement le grutier vedette est descendu de son piédestal médiatique avant de descendre de son engin. L'ex épouse évoquait un homme violent et quand ledit monsieur a touché terre, on l'a entendu parler des femmes dans des termes peu élogieux, pour ne pas dire franchement misogynes... Le charme était rompu, mais le sujet sur le tapis.
Alors, qu'en est-il vraiment de la répartition pères/mères pour la garde des enfants en cas de séparation ? Sur le site de rue89, on apprend qu'un juge aux affaires familiales, interloqué par l'affaire de la grue, s'est plongé dans ses dossiers pour faire ses statistiques personnelles. Même si elles n'ont pas de valeur au plan national, il y a fort à parier qu'elles soient relativement identiques d'un tribunal à l'autre.
Une réalité tout autre...
Ainsi donc, pour l'heure, en cas de divorce par « consentement mutuel », ce qui représente 50% des affaires, les deux parents décident ensemble chez qui leur enfant va vivre. Dans les autres divorces, dits de « contentieux », soit les 50% restants, les parents sont généralement d'accord pour déterminer chez qui leur enfant va vivre dans 87% des cas, ce n'est pas sur ce point que porte le contentieux.
Cela réduit à peau de chagrin le pourcentage de divorces avec un conflit entre les deux parents à propos de la résidence de l'enfant : 6,5% des cas.
Dans les dossiers « hors divorce » qui nécessitent l'intervention du juge aux affaires familiales, dans 18% des cas, celui des deux parents qui demande la résidence de l'enfant l'obtient en l'absence de l'autre parent défaillant ; dans 59% des cas, il y a consentement mutuel entre les parents sur ce même sujet, ce qui réduit à 22% les dossiers avec un réel conflit.
Dans ces dossiers particuliers, la mère obtient la garde de l'enfant dans 47% des cas, le père dans 26,5% des cas et l'enfant vit en alternance chez les deux parents dans 26,5% des cas.
C'est souvent son comportement qui prive un parent de son droit de rencontre
Enfin, et c'est notable, les faits qui conduisent un juge aux affaires familiales à réduire le droit de rencontre d'un parent sont presque toujours liés à son comportement, souvent pour des questions de violence, d'alcoolisme, d'usage de stupéfiant ou encore d'agression sexuelle ou parce qu'il ne dispose pas d'un logement adapté pour accueillir son enfant.
Voilà qui permet de rétablir, du moins partiellement, la réalité sur l'attribution de la garde des enfants.
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