Une année 2013 qui commence bien avec un mois de janvier augurateur. Du rap, de la chillwave, du rock, de la pop… Voici une sélection de ce qu’il faut principalement retenir pour le moment.
Django Unchained , Bande Originale du film
Quentin Tarantino, comme à son habitude nous livre d’excellentes pépites musicales. Du moins, il les ressort du placard pour en faire des objets presque cultes. Pour vous en convaincre, réécoutez les bandes originales de Pulp Fiction ou Reservoir Dogs. Le Django de Luis Bacalov et Rocky Roberts accompagne parfaitement l’arrivée de Jamie « Django » Foxx sur son cheval. La force de cette B.O., c’est également sa capacité à nous faire revivre le film sans aucun problème. La musique est tellement prégnante dans les films de Tarantino que l’on peut se repasser les scènes sans problèmes ensuite. C’est sa force. Tout comme d’inviter le géant Ennio Morricone sur cette bande originale, figure on ne peut mieux indissociable du western spaghetti, avec The Braying Mule.
Jim Groce, ou encore Riziero Ortolani nous offrent également des petits bijoux, comme ça tranquillement.
La place est également faite au rap avec la plus belle barbe du game, Rick Ross et son 100 Black Coffins, ou encore ce featuring improbable entre 2Pac et James Brown. Et malgré tout ce beau monde, il reste encore de la place pour la voix. Celle de John Legend, qui distille sa soul sur Who Did That To You, ou encore de l’italienne bouleversante d’Elisa Toffoli. La bande-son se termine sur RZA (Wu Tang Clan), clin d’œil à toute la lutte des blacks au States, sans aucun doute.
3/5
Christopher Owens – Lysandre
Si on ne décèle pas particulièrement d’hommage à Lisandro Lopez, on remarque assez vite que l’album de l’ex-leader de Girls a tout pour nous endormir. Très loin de la tuerie Vomit de son ancien groupe, Christopher Owens se complaît ici dans la ballade (des gens heureux). Here We Go Again et New York City sortent leur épingle de leur jeu, avec un son beaucoup plus pêchu, et une mélodie nettement moins ringarde que les autres titres. L’intro et l’outro font croire à une mauvaise blague. Bref, oublions cet album et souhaitons lui de retrouver l’inspiration.
2/5
Foxygen (voir chronique)
Après être passé par Dondolo, puis Young Michelin (contraints de changer de noms à cause de menaces de procès de la marque), Romain Guerret et sa bande reviennent avec Aline, leur nouveau projet, en ce bon début d’année. Avec Regarde Le Ciel, le paysage pop à la française est complètement redessiné. Comprenez par là qu’Aline arrive parfaitement à s’extirper de tous les problèmes que les groupes francophones ont, c’est-à-dire avoir une image pop crédible enchantant dans la langue de Molière. Ici, « pani problem », comme on dit en Martinique. En 12 titres, les marseillais donnent tout ce que l’on peut faire de mieux en France avec une sorte de spleen à forte inspiration des Smiths. La voix plaintive de Morrissey est presque singée sur certains morceaux, comme Elle M’Oubliera, Elle & Moi.
Leur single Je Bois Et Puis Je Danse est également révélateur du spleen dont je parlais plus-haut. La quête d’une conquête en soirée. Et puis finalement, non. Et on finira seul, encore une fois.
Qui n’a jamais vécu ça ? Et bien Aline l’a parfaitement décliné en chanson.
Grâce à eux, on gagne déjà du temps sur nos tops de fin d’année.
4/5
New Order – Lost Sirens
Bonjour, nous sommes les New Order et avons décidé de finir ringards. Voilà le constat que l’on fait. Pour les non-initiés, New Order c’est le groupe de l’après Joy Division (sans le père Curtis, bien entendu). Ce « nouvel ordre » a apporté un vent frais à la musique dans les années 1980 et est considéré comme l’un des groupes plus ou moins précurseurs de la musique électronique avec l’utilisation des synthés notamment. Dans cet album, on a le droit à quelques chansons sorties des placards et des inédits. Le problème c’est que les bougres nous ont pondu un album proche du néant. Le genre de pop-songs que Simply Red aurait pu produire. Mais si Simply Red n’a jamais eu de talent, les mancuniens eux en ont eu. Quand on pense au bijou Power, Lies & Corruption sorti en 1983, et la tournure qu’il avait (passant avec brio de leur période post-punk à la musique électronique), on a mal. Ajoutez à cela une guerre entre New Order et leur ancien bassiste Peter Hook, qui a repris avec sa bande des titres de Joy Division, la conclusion est vite faite, il faut raccrocher les crampons… Sur Lost Sirens, il n’y a que très peu de meubles à sauver. On pense à I Told You So, un genre de sous Heroin du Velvet. Mais au fond, qu’une seule chose à faire : retourner à Power, Lies & Corruption !
1/5
Age Of Consent de Power, Lies & Corruption (1983)
Toro Y Moi – Anything In Return
Le cas Toro Y Moi. Et sa fameuse « Chillwave ». Inspirée du chill-out, une musique plutôt orientée ambient (planante), mais également de l’espace du même nom dans les raves et free parties, un endroit qui permet de reposer son corps et ses oreilles sur de la musique entre deux soundsystems. Et la chillwave reprend les mêmes codes que le chill-out, en rajoutant un tempo plus dansant. Ainsi, elle donne envie de se déhancher tranquillement. C’est un peu un état second si l’on veut. Toro Y Moi (à prononcer comme en français), est en quelque sorte le disciple de cette vague. Sur son album Anything In Return, le troisième, Chazwick Bradley Bundick (de son vrai nom) s’en sort plutôt bien. Si l’album n’est pas à ranger dans les classiques ultimes de la musique, il reste néanmoins efficace avec des mélodies accrocheuses. Songeons un instant au single Say That, plutôt annonciateur de beau temps ou encore Rose Quartz qui invite au déhanchement maîtrisé. Bref, Anything In Return est un album à la cool, à écouter chez soi après une nuit (ou journée) infernale au Berghain (ou au Tilt). En n’attendant rien en retour si ce n’est de l’apaisement, tout simplement.
3/5
A$AP Rocky – Long.Live.A$AP
Comme Kendrick Lamar qui a finit l’année passée en beauté, A$AP Rocky commence 2013 sur les chapeaux de roue. Avec cet opus qui s’est tant fait attendre, le rappeur new yorkais nous met une claque et une bonne. L’idée, c’est que depuis un certain temps, un paquet de rappeurs arrive insuffler une dose de crédibilité dans leurs instrus. Comprenez par là qu’ils s’entourent de bons éléments pour rendre leur flow encore plus puissant. Sur cet album, l’exemple assez probant est Goldie. Fuckin Problems est calibré comme un parfait single. Un son et tout un tas de featuring (Drake, 2 Chainz, Kendrick Lamar) qui font mouche malgré les paroles plutôt orientées vers le cul (bah ouais, on les refait pas). Le duo avec Skrillex aurait pu s’avérer foireux, or il n’en est rien. Wild For The Night s’insère merveilleusement dans Long.Live.A$AP, au point d’en faire le titre phare. Malgré le concept plutôt naze du dubstep, ses bribes ici sont calibrées pour la voix d’A$AP Rocky (de son vrai nom Rakim Mayers). Globalement, l’album se tient parfaitement, et ce grâce à PMW (All I Really Need), Hell (putain de nappes envoûtantes et featuring parfait avec Santigold). Le sample de 1Train est efficace (tiré de Meshet Senin, chanson d’Assala, artiste arabe). Fashion Killa reste plus que correcte, et Phoenix d’une rare beauté instrumentale, avec cette voix qui vous transporte. Peut-être une redéfinition de la ballade (2.0). En tout cas, malgré les retards accumulés sur cet album, il n’en ressort que grandi.
4/5
Yo La Tengo – Fade
L’album démarre bien, vers un rock avec beaucoup de place pour les cordes (Ohm, I’ll Be Around, ) et une voix très travaillée. Les influences sont là, mais Yo La Tengo avec ses presque 30 ans de carrière n’a plus rien à prouver. On pense quand même à Sonic Youth sur Paddle Forward par exemple.
Mais les américains savent revenir. Avec Fade, ils entament l’année 2013 de manière tranquille, sur un rock progressif et parfaitement maîtrisé. On peut retenir une grande chanson de cet album pas toujours facile d’accès, il s’agit de Cornelia & Jane. Parfaite démonstration du talent des gars du New Jersey, grâce notamment à ce son de guitare envoûtant et abyssal. Si l’album peut s’avérer un tantinet faiblard sur la longueur, il mérite quand même de retenir notre attention, rien que de par sa complexité.
3/5
Sylvain