De temps à autre, il arrivait que le seul nom inscrit sur l'affichette ne permette pas de comprendre de quelle réunion il s'agissait. Réunion de l'au-delà, des profondeurs, de ce n'est pas pour autant que ...
Le nom de celle qui enfonça pour la première fois ma fatuité, la réunion du gardénia, fut de ce genre-là.
C'était une réunion de parents qui avaient perdu un enfant accidentellement. Honteux de la faute que je commettais, je voulus aussitôt quitter la salle. Mais les deux personnes entre lesquelles je me trouvais m'ayant pris la main, même si je voulais m'échapper, je n'en avaix plus la possibilité. Les membres qui s'étaient rassemblés se donnaient tous la main.
Si de leur côté (à droite un homme entre deux âges en costume sombre, à gauche une femme de petite taille aux cheveux blancs rassemblés en chignon) leur main s'était contentée d'accompagner la mienne, j'aurais sans doute quitté tranquillement la pièce après m'être incliné, mais leur paume dans mes paumes était chaude et débordait d'une sincérité qu'il m'aurait été bien difficile de chasser.
Maintenant ces gens-là avaient besoin de la chaleur du corps d'autrui. Il recherchaient une main à serrer. Même la main de quelqu'un comme moi ... Résolu, je repris place calmement sur la chaise de laquelle je m'étais à moitié levé.
Texte extrait de "Les lectures des otages" de Yôko Ogawa
Photos à Sugamo (Tokyo) en juillet 2012