On connait la chanson. Jennifer Lawrence est une fille géniale, nous dit-on. Elle est super simple, n’a pas le melon, boit de la bière, rote comme un gars et aime la junk food. On connait la chanson oui, car rarement on pourra lire à propos d’une actrice (ou d’un acteur) débutant et particulièrement en vogue, des trucs comme : « C’est une grossse conne imbue de sa personne qui aime tabasser des gamins à la sortie de l’école ». À Hollywood, tout le monde est beau, gentil et propre sur lui c’est bien connu. Ce n’est souvent que plus tard, que les vieux fantômes font leur apparition, tous en même temps. Mel Gibson pourrait nous en toucher deux mots…
Mais Jennifer Lawrence, quand même, elle a vraiment l’air cool. Et puis, il faut reconnaître, qu’à 22 ans, la belle américaine jouit d’un statut relativement à part, si on le compare à celui de ses collègues du même âge, Kristen Stewart en tête.
Dans le magazine Rolling Stone, où Jennifer est interviewée, on la surprend à interrompre la ballade qu’elle fait avec le journaliste, pour aller faire pipi entre deux buissons. Qui fait ça aujourd’hui ? Pipi entre deux buissons ? Pendant une interview ? En fait on s’en fout, mais bon, c’est toujours cool de savoir que malgré sa vertigineuse et soudaine ascension, Miss Lawrence a gardé le sens pratique. C’est important le sens pratique. Et ce sont tous ces petits détails, ajoutés bien sûr, à un talent brut de décoffrage et à un physique à tomber par terre, qui font de Jennifer Lawrence une personnalité intéressante. Et puisque les détails ont leur importance, en voici cinq qui font toute la différence…
1 – Jennifer Lawrence a gagné ses premiers galons en mangeant un écureuil.
Pas au sens propre bien sûr. Enfin si, mais pas réellement. On parle ici de sa performance dans le film de Debra Granik, Winter’s Bone, où Jennifer interprète une jeune fille au courage et à la volonté inébranlables, chahutée par la vie et forcée de se débrouiller par elle-même pour nourrir sa famille. Cette scène est restée, même si au fond, elle n’illustre qu’un peu plus le caractère extrême des conditions de vie du personnage principal du long-métrage. L’important est ailleurs. Dans l’intensité du jeu de Jennifer, qui n’en finit pas d’impressionner grâce à une performance d’une maturité exemplaire (elle a 19 ans à l’époque). Là où d’autres s’empressent de rouler à tombeau ouvert sur l’autoroute des teen movies bas de plafond, Jennifer accepte d’apparaître toute dépenaillée dans une œuvre où son personnage en prend plein la poire pour pas un rond.
Avant cet acte glorieux, Jennifer avait tourné notamment aux côtés de Charlize Theron dans Loin de la Terre brulée, ou encore dans The Poker House, un film assez méconnu réalisé par Lori Petty, alias la meuf de Keanu Reeves dans Point Break.
Deux rôles en forme de rampe d’accès, vers la froidure et l’âpreté de Winter’s Bone, qui révéla au monde cette jeune femme au regard déterminé et au franc-parler certain. Jennifer rafle sa première nomination à l’Oscar de la Meilleure actrice. Oscar qui lui passe sous le nez au profit de Natalie Portman. Peu importe. Jennifer est déjà sur un autre coup… Et pas des moindres.
2 – Jennifer Lawrence a tourné avec Mel Gibson.
Dans un film réalisé par Jodie Foster qui plus est ! Ce film, Le Complexe du Castor permit à Mel Gibson, alors bien tricard à Hollywood, de se retrouver à nouveau en tête d’affiche. Jennifer elle, fait alors partie des rares actrices en vue de moins de 25 ans, à avoir côtoyé Mad Mel.
Dans le film (fort réussi), Mel se ballade la majorité du temps avec une marionnette de marmotte, qui parle à sa place. Pas évident d’exister en face d’un acteur de la trempe de Mel et pas évident de voler la vedette à une marmotte en peluche qui cause avec un fort accent cockney. C’est pourtant Jennifer Lawrence qui rafle la mise quand elle est à l’écran, arrivant à ne jamais subir de plein fouet l’aura gigantesque de son paternel (dans le film) et à rajouter une belle performance à sa filmographie naissante. Depuis, Mel a tourné dans un inédit vidéo (le très sympathique Kill the Gringo) et on a aucune nouvelle de la marmotte. Jennifer a quant à elle tracé sa route…
3 – Jennifer Lawrence a vanné Meryl Streep aux Golden Globes.
« I beat Meryl » (j’ai battu Meryl !). Telle fut la première chose qui sortit de la bouche de Jennifer Lawrence lorsqu’elle se retrouve au micro des Golden Globes, le trophée de la Meilleure Actrice dans la main, pour sa superbe performance dans Happiness Therapy de David O’Russell.
Une blague qui n’a pas été du goût de tout le monde, si on en juge l’apparition sur la toile d’articles affirmant que la belle s’est fermée, avec cette blague, la porte des Oscars.
Pour les autres, ceux qui ont un sens de l’humour en parfait état de marche, c’est le sens de la dérision de la comédienne qui en est ressorti grandi. Ce qui n’est manifestement pas le cas de Lindsay Lohan, jamais plus à son aise que quand il s’agit de pointer du doigt la brindille dans l’œil de ses congénères, sans se préoccuper de la poutre qui squatte dans le sien depuis des lustres. Lindsay qui a donc déclaré sur Twitter que « personne ne devrait jamais s’attaquer à une légende comme Meryl Streep ». Une affirmation qui, vient d’une actrice au fond du trou, qui n’en finit plus de creuser et qui juge par contre tout à fait acceptable de voler dans les magasins, de multiplier les frasques et de ne pas se pointer sur les tournages où des mecs qui ont cru bon de lui faire confiance, l’attendent patiemment.
Manifestement, Lindsay et tous ceux qui ont reproché à Jennifer sa déclaration, n’ont pas vu le film Le Club des Ex, dont cette tirade est extraite. Rien de tel qu’une petite référence cinéphile pour provoquer le courroux du Hollywood bien-pensant et curieusement pas foutu de remarquer un tel clin d’œil ou de faire preuve d’un peu de second degré (car bien sûr, tout le monde n’est pas censé avoir vu Le Club des Ex).
Quoi qu’il en soit, Jennifer s’est expliquée à ce sujet sur les plateaux de différentes émissions télé, mais n’a pas pour autant semblé regretter quoi que ce soit. Et c’est tant mieux. Au point d’ailleurs d’enfoncer superbement le clou au Saturday Night Live, au cours d’un laïus brillant, au sujet de ses concurrentes aux Oscars. Un discours où tout le monde en prend pour son grade. Au sujet de Naomi Watts (une grande amie de Jennifer), Jennifer a ainsi déclaré : « Tu étais dans The Impossible. Tu sais ce qui est aussi impossible ? Que tu me battes durant la nuit des Oscars… ». À Jessica Chastain, Jennifer a balancé : « dans le film (Zero Dark Thirty donc), tu attrapes Ben Laden. Et alors ? Moi, dans Winter’s Bone, j’attrape un écureuil et je le mange ! ». Quvenzhané Wallis, la jeune tête d’affiche des Bêtes du Sud Sauvage, n’a pas été épargnée non plus : « Wallis, l’alphabet vient d’appeler, il veut récupérer ses lettres ! ». Pas plus que la française Emmanuelle Riva (Amour) : Une dame française, de 85 ans ? Oui, je pense que je peux te battre ! ».
L’intervention n’a pas manqué de faire se bidonner l’assistance qui a tout à fait compris à qui elle avait à faire. Jennifer Lawrence est jeune, belle et gonflée. Son humour est à l’image de son franc-parler. Et à Hollywood, le pays de la langue de bois, où tout le monde s’aime, ça fait un bien fou.
Et en aucun cas, cela signifie qu’elle pense effectivement pouvoir écraser tout le monde aux Oscars… Et même si c’est le cas, reconnaissons-lui une façon de l’exprimer bien plus drôle que tous les discours très politiquement corrects qui sont légion en période de récompenses.
4 – Jennifer Lawrence a réussi à jouer dans Hunger Games sans que cette franchise adaptée -comme Twilight- d’une saga littéraire édulcorée à destination d’un public adolescent, ne torpille son image et sa crédibilité.
Dans Hunger Games, Jennifer Lawrence tire à l’arc dans un jeu télé où des jeunes doivent s’entretuer. Paradoxalement, même si effectivement, des gens meurent, souvent dans des circonstances violentes, il n’y pas beaucoup de sang dans Hunger Games. Car le sang, surtout quand il gicle à profusion, ce n’est pas très compatible avec la cible à laquelle s’adresse le film, à savoir les jeunes adolescents fans du livre.
Best-seller de la littérature adolescente de Suzanne Collins, Hunger Games était tout désigné d’office pour prendre le relais de Twilight qui s’apprêtait alors à tirer sa révérence. Twilight qui aura marqué au fer rouge ses deux acteurs principaux, à savoir Robert Pattinson et Kristen Stewart. Hunger Games par contre, dont la suite s’apprête à débouler dans les salles obscures, ne semble pas avoir conféré à sa star, Jennifer Lawrence, le statut d’actrice uniquement destiné à plaire aux 12/20 ans. En témoigne ses autres rôles, très adultes. Comme l’illustre son rôle dans Happiness Therapy où, à 21 ans, elle joue les veuves légèrement psychotiques et nymphomanes, en tenant la dragée haute à Robert De Niro et Bradley Cooper. Un Bradley qu’elle retrouvera cette année dans le très adulte lui aussi, Serena, de Susanne Bier.
Un phénomène difficile à expliquer. Son partenaire dans Hunger Games, Josh Hutcherson étant lui-même toujours pour le moment cantonné aux rôles d’adolescent dans des productions majoritairement destinées aux pré-adultes.
Peut-être est-ce dut à l’assurance et à la simplicité de la comédienne, qui semble se moquer d’être mise dans telle ou telle case et qui trace sa route en ne se souciant uniquement que du bien fondé de ses choix. Peut-être est-ce aussi le fait que contrairement à Kristen Stewart, J-Law (son surnom outre-Atlantique), n’a pas pour l’instant été dans le collimateur des journaux people et que sa vie privée, le reste.
À ce jour relativement intouchable, Jennifer Lawrence peut tout se permettre ou presque. Y-compris jouer dans un slasher tout naze (La Maison au bout de la rue), où elle et son marcel blanc, arrivent à tirer vers le haut un spectacle mou du genou, et téléphoné. Une prouesse qui ne pouvait pas être passée sous silence.
5 – Jennifer Lawrence a incarné Mystique dans X-Men
Qui d’autre aurait pu prendre la relève de la sculpturale Rebecca Romijn, dans le préquel d’X-Men ? Le challenge était de taille : incarner Mystique au moment même où celle-ci bascule du côté obscur de la force et apprend du même coup à dompter son fameux pouvoir (qui lui permet de se transformer en n’importe qui, n’importe quand). On est d’accord, la performance est surtout physique, mais dans le cas présent, le charisme a tout autant d’importance. Quand il s’agit de se balader à moitié à poil, recouverte de peinture bleue le charisme, c’est important. Et Jennifer Lawrence en a à revendre !
Alors ouais, Jennifer Lawrence, outre ses talents d’actrice probants, est peut-être une petit merdeuse orgueilleuse. Mais franchement, c’est aussi pour ça qu’on l’aime…
@ Gilles Rolland