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La belle reprise d'"A Tort et à Raison"...

Publié le 21 février 2013 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

Il semblerait que Ronald Harwood soit un auteur à la mode auprès des directeurs de salles parisiennes ces temps-ci. Voilà qui nous ravit. Tandis que "Collaboration" triomphe à la Madeleine, Eric-Emmanuel Schmitt programme dans son théâtre "A Tort et à Raison", créé à peine plus loin rue de la Gaîté il y a quinze ans par Claude Brasseur et Michel Bouquet. Cette fois-ci pas de tête d'affiche, mais une distribution de qualité qui porte haut une pièce intense  et profonde évoquant (comme l'oeuvre sus-évoquée) la Seconde Guerre Mondiale à travers des personnages ayant existé, et donnant à réfléchir sur les relations complexes entre Art et Pouvoir, sur les notions de courage, d'honneur, de liberté, d'humanité...

L'action se déroule en 1946, à Berlin. En zone américaine. Wilhelm Furtwängler, chef d'orchestre de renommée mondiale très apprécié d'Hitler, est interrogé par le commandant Steve Arnold, le soupçonnant d'avoir collaboré avec le régime Nazi. Pourquoi n'a t-il pas comme tant d'autres quitté l'Allemagne après l'arrivée au pouvoir du Führer ? Par quel miracle a t-il pu continuer à travailler  en toute liberté ?  Si le musicien prétend n'avoir vécu que par et pour son art, sans jamais se mêler de politique, affirmant que le courage consistait à rester, et bien que de nombreux témoignages l'innocentent ou attestent même d'actes de résistance, certains faits seraient accablants, selon le militaire.

En Steve Arnold, Francis Lombrail déploie une énergie et une véhémence impressionnantes, laissant transparaître, face aux atrocités commises durant cette période, face à l'insupportable, une sorte  d'impérieux besoin de "réparer", de rendre justice.  Jean-Pol Dubois, pour sa part, campe un Furtwängler sibyllin, cérébral, aussi artiste que philosophe, fragile et combatif, bouleversé et bouleversant. Les deux acteurs s'emparent remarquablement d'un dialogue riche et passionnant, pour un affrontement au sommet.

Autour d'eux, des comédiens tout autant investis. A commencer par Jeanne Cremer et Guillaume Bienvenu, en jeunes allemands assistant l'américain, pourtant convaincus de la bonne foi du chef d'orchestre, fascinés par son talent, soucieux d'une paix rapide pour aller de l'avant. Leur partition est moindre, mais sur le plateau du début à la fin de la représentation, ils font montre d'une présence, d'une écoute et d'une sincérité qui ne les quittent jamais. Bravo. Les interventions de Thomas Cousseau et Odile Roire enfin, témoins prônant  l'innocence de Furtwängler, sont à l'image des autres prestations. Justes et prenantes.

Un spectacle fort, sans esbroufe, monté avec rigueur par Odile Roire, qui fait la part belle au texte et ouvre le débat.

Allez-y.

Au Rive Gauche pour 50 représentations.

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