Amoureux de lieux oubliés ou de topographie (et de street view), le travail de Philippe Cognée devrait vous parler.
Cette exposition vue la semaine dernière et tout juste terminée, valait le détour et a retenu mon attention, si bien que je souhaitais revenir sur cette présentation et sur la démarche de l’artiste.
Imaginez-vous déambulant parmi des bâtisses colorées qui ont vécu, dans une patte qui mêle réalisme et onirisme. Nous sommes en fait devant les toiles très grand format de Philippe Cognée, qui présentent de véritables « portraits de maisons ».
Dans ces peintures, on se plonge complètement dans le décor (aidés par la taille des tableaux), attirés par les couleurs, les formes et le contexte qui est suggéré. Quelles sont en effet ces maisons ? Certaines ressemblent à des commerces, d’autres à des habitations. Certaines sont sobres, d’autres tagguées. On reste silencieux et contemplatifs, transportés littéralement dans ces lieux.
En nous approchant, on perçoit plus nettement la facture des œuvres. La technique que nous avons du mal à qualifier semble singulière. En effet, Philippe Cognée travaille à partir de photos ou de captures photos qu’il fait d’images vidéo. Il reporte ces images sur le matériau qu’il va travailler, le bois ou la toile, à la peinture encaustique, c’est-à-dire de la peinture mêlée de cire d’abeille et de pigments colorés. Il recouvre ensuite l’œuvre ainsi esquissée d’un film plastique, qu’il chauffe avec un fer à repasser, ayant pour effet de faire fondre la cire et obtenir ainsi une touche disloquée. Le plastique est ensuite décollé, mais laisse des manques et produit des mélanges à des endroits épars. Le motif s’enfouit dans la matière, le sujet vit de manière aléatoire et autonome, et le résultat est surprenant. La toile est lisse est brillante, faite de bulles de matière à certains endroits, de trous dans le motif (dus au décollement du plastique), et semble être une image travaillée de la réalité.
Ici plus encore, Philippe Cognée a procédé de manière intéressante, il a choisit ses endroits à partir de promenades virtuelles, grâce à la fonctionnalité de Street View de Google Maps. Il s’est baladé dans les rues, grâce à l’imagerie permise par Google. Il s’est approprié les images pixellisées des photos prises et présentes dans la cartographie, ou les façades quelque peu passées de certaines maisons, pour les transformer en objet de contemplation, et presque en endroits en tant que tels dans la galerie.
Dans cette association de l’homme au paysage, et grâce à la facture des toiles nous sentons nos impressions et nos sensations affleurer dans ces lieux reconstitués.
(Exposition désormais terminée, présentée à la Galerie Daniel Templon, 30 rue de Beaubourg, 75003 Paris)