On aime beaucoup le nombre trois, il nous fait penser à toutes ces choses merveilleuses que le monde nous offre, et que nos yeux peuvent absorber ou que notre corps peut ressentir avec amour et tendresse. Un threesome pour le corps, ou un enfant radioactif à trois bras dans une vidéo Youtube pour les yeux, peu importe, il existe une quantité limitée de raisons mathématiques qui viendrait détériorer ce mythe qu’on s’est crée autour d’un seul nombre.
En musique plus particulièrement, ce chiffre est d’un réconfort total. Il y a toujours cette peur enfouie en nous, lorsqu’on développe une affection pour un groupe et son premier album. Le deuxième opus est souvent un moment délicat, ce même groupe cherchant à confirmer son talent et son originalité et part quelque fois dans des contrées que personne n’a vraiment envie de visiter.
MGMT, à notre grand regret est peut être un des meilleurs exemples pour illustrer cette idée, et à l’opposé, Metronomy peut s’imposer comme le parfait contre-exemple. Rester fidèle à soi-même en offrant une nouvelle facette, problématique d’un bon groupe de musique du XXIe siècle.
Dans ces parfaits contre-exemples, Foals dispose aussi d’une place de choix. Foals a donné l’antidote avant de nous refiler le virus en lui même: une MST dont on avait même pas envie de se débarrasser à vrai dire. Cette énergie surpuissante venue d’Oxford en Angleterre, était prête à tout absorber sur son passage. Avec ses deux albums, Antidotes et Total Life Forever, Foals s’était équipé d’un gilet par balle qu’on ne voulait pas transpercer, mais simplement en admirer la texture.
Du haut de ses cinq membres: Yannis Philippakis (chant, guitare), Jack Bevan (batterie) Jimmy Smith (guitare), Walter Gervers (basse) et Edwin Congreave (claviers), Foals a donc parcouru un chemin sans fautes. Tout commence en 2008, avec Antidotes, premier format long après quelques EPs, et première vraie explosion sonore. A grands coups d’Olympic Airways, de Cassius, et de ses neufs autres chansons, Antidotes tapait sur les nerfs avec des rythmes déconstruits qui transformer une chambre étudiante du CROUS en salle de concert. Ca puait l’énergie et ça donnait des ailes, voilà tout. Un album qu’on ne qualifiera pas de classique, car il vaut bien plus que ça.
Le « onselasserajamaisdetoi » Hummer (sorti initialement en 2007, mais pas sur Antidotes) s’illumine au grand du jour grâce à la série Skins (on à tous accroché à un moment ou l’autre, avouons le), et Foals prend sa place d’empereur méritée. Un style de musique original, inattendu et un leader charismatique, la recette semble limite trop simple, pour faire un groupe aussi bon.
Après deux ans de passion et d’amour à sens unique, on avait besoin de renouveau. Changer nos habitudes amoureuses pour notre deuxième anniversaire de mariage avec ce groupe qu’on ne se sentait pas prêt de quitter, pas encore du moins. Et voilà, 2010, Total Life Forever, le charme opère une fois de plus. Plus calme, mais toujours aussi enivrant, Foals signe ici sa deuxième pièce maitresse, inlassable, inclashable, la plus redoutable. Spanish Sahara, cette montée dans Black Gold, ces corps bodybuildés dans Miami ou ce gamin sur scène dans Blue Blood, oui ce sont des souvenirs. Et de très bons souvenirs, ceux qui donnent des frissons, et qui en donneront toujours.
A l’annonce du troisième opus (si on exclu l’excellente mixtape Tapes en 2012), on a foncé les yeux fermés. Malgré un Inhaler très, comment dire, peu Foals, douter du résultat final n’était pas envisageable. Ce Inhaler en question, une chanson bizarre et à la fois pas si mauvaise que ça. Troublé de voir un Yannis énervé, remonté contre on ne sait quoi. On espère que ce n’est pas très grave en tout cas.
La réponse à nos questions a décidé de montrer sa tête, le 11 février, avec Holy Fire toujours chez la bonne combinaison Transgressive Records/Sub Pop. Et pardonnez nous de citer du Patrick Bruel, mais effectivement, on ne s’attendait pas à toi. Non pas du tout. Foals vient de bifurquer du chemin sans fautes, sur lequel on les aurait pourtant accompagné encore longtemps.
Holy Fire, onze chansons pour une petite déception? Onze chansons, c’est le même nombre qu’Antidotes, mais dès le début, Prelude n’arrive même pas à la cheville de The French Open. Alors où se situe le fond du problème? Holy Fire est inégal, voilà tout, beaucoup trop d’ailleurs.
Prelude nous entraîne déjà dans une énergie qui n’est plus aussi positive qu’avant, mais limite agressive, le cercle vicieux se met pourtant en place doucement et agréablement, mais laisse place en deux minutes, à des guitares lourdes qui font penser à un groupe de métal qui embarrasse tout le monde. Inhaler prend le relais, et devient meilleur avec le temps comme un bon vin. Mais tout comme un bon vin qu’on apprécie avant de jeter la bouteille après l’avoir vidée, Inhaler ne reste pas longtemps dans nos oreilles, comme un Cassius, lui toujours là. My Number, on passe notre tour, ça groove et les paroles se retiennent bien, mais ça colle pas, et depuis qu’on a vu ce montage Foals/Village People sur Youtube, cette chanson nous fait littéralement peur. On ne va pas vous faire une description de chaque titre, vous avez déjà pu vous faire une idée de notre état d’esprit. Là où cet album prend son intérêt, c’est à travers Everytime, Late Night, Milk & Black Spiders, Stepson et la superbe Moon qui vient fermer les rideaux. Cinq sur onze, Foals nous avait pourtant habitué à une perfection totale, où chaque morceau avait son mot à dire dans l’histoire de l’album.
Ce nouveau Foals sonne amèrement bien, attendions nous en trop de leur part ? Ou tout simplement la sainte flamme nous épuise t-elle ? Un album seulement trois jours (encore une fois) avant la St Valentin, ça ne nous a pourtant pas laissé indifférent, on y croyait à l’amour à double sens pour une fois. Mais quel est le vrai but de cet album?
Là où les nouveaux joueurs s’approprient des codes Foaliens (Peace avec son Bloodshake), Foals devient il le grand père d’un style qu’il a pourtant poussé à son sommet? La jeunesse veut sa place, et Holy Fire leur en offre sûrement une de choix.
On écoute un groupe qu’on a aimé, avec des regrets, des regrets aux couleurs de Total life Forever et d’Antidotes. On repense à ces bons moments, avec ces chansons dont on ne se lassera surement jamais. Holy Fire fait tâche, Vanish oxi action ne pourra rien y faire, nous ne sommes plus trop convaincu par un groupe qui nous a pourtant bercé dans ses débuts, comme pendant son apogée.
Holy Fire est peut être cet album de trop, ou cet album trop tôt, loin d’être mauvais mais aussi loin d’être ce que Foals fait de mieux. Partagé entre prendre ce disque comme il vient, ou le comparer à ses ancêtres, troublé est l’état d’esprit dans lequel nous sommes, troublé est l’état d’esprit dans lequel nous resterons jusqu’au quatrième, qui sait?
Foals reste l’un des meilleurs groupes live qu’on a eu la chance de voir dans notre courte existence, et Holy Fire n’est pas une motivation suffisante pour bouder. Trois dates françaises, vous ne trouverez aucunes raisons de les rater (à part si vous habitez en Bretagne):
Le Samedi 23 mars 2013 – Lyon – Transbordeur
Le Lundi 25 Mars 2013 – Paris – L’Olympia
Le Mardi 26 Mars 2013 – Lille – l’Aeronef
Tracklist:
1. Prelude
2. Inhaler
3. My Number
4. Bad Habit
5. Everytime
6. Late Night
7. Out Of The Woods
8. Milk & Black Spiders
9. Providence
10. Stepson
11. Moon