A en croire certains, si l'usine Goodyear d'Amiens et d'autres sont en passe d'être fermées, ce serait à cause des travailleurs manipulés par la CGT !
Que les tirs croisés contre les travailleurs de Goodyear et leur organisation syndicale viennent du patronat, de la droite, des éditocrates et des ultralibéraux relèvent de la lutte des classes.
Le dernier exemple en date est cette incroyable lettre du PDG américain de la multinationale Titan qui étale son cynisme pour dire combien la mondialisation et le libre-échange représentent pour ce chacal et ses congénères une formidable opportunité pour accumuler le capital en exploitant toujours plus les travailleurs.
C'est cash, c'est injurieux mais cela a le mérite de montrer clairement que la mondialisation quoiqu'en disent les faux-culs, c'est surtout le dumping social et la régression sociale. Et, l'impuissance des États face aux firmes.
D'ailleurs, la réponse de Montebourg au susnommé révèle essentiellement l'impuissance de ce gouvernement social-libéral et son acceptation de cette mondialisation de la concurrence entre tous les travailleurs.
Tant qu'un gouvernement n'appliquera pas des normes écologiques et sociales, en d'autres termes un protectionnisme social et écologique, le patronat aura à sa disposition l'arme du chantage à l'emploi pour imposer ses diktats à l'État et aux salariés.
Dans ce contexte hostile, les travailleurs de Goodyear ont refusé le chantage patronal, en pensant probablement aux précédents de Continental à Clairoix (passage de 35 à 40 heures en échange de la promesse du maintien de l'emploi jusqu'en 2012 mais l'usine ferme en 2009) ou de Général Motors à Strasbourg (gels des salaires, pas d'intéressement, suppression de jours de RTT, l'usine est vendu un euro symbolique à un spécialiste de la liquidation).
Par conséquent, comment qualifier les charges tirées contre eux par des syndicalistes (Berger), une partie gauche politique (PS et gouvernement) et des médias traditionnellement classés à gauche ?
Ces belles personnes, totalement étrangères à cette lutte sociale, et qui pour la plupart n'ont jamais occupé un emploi ouvrier, ni vécu personnellement la pression des petits chefs et de toute une hiérarchie, se permettent de donner des leçons à des travailleurs en pleine lutte ! Aucune d'elles n'a idée combien il est usant d'être en grève illimitée ?
Imaginent-elles au moins ce que c'est de vivre au quotidien les vexations, les réflexions blessantes, le mépris social, les promesses jamais tenues ? Et pourtant, elles osent critiquer des travailleurs qui luttent pour sauver leurs emplois !
Alors, qui d'autres que les travailleurs et les représentants syndicaux sont plus légitimes qu'eux pour accepter ou refuser les propositions de leur patron, surtout lorsqu'elles sont assorties d'une menace sur leurs emplois ?
Ras le bol de cette gauche du mépris social qui récite les prières du néolibéralisme...