Blancanieves de Pablo Berger, Sortie en salles le 10 avril 2013

Par Bourlingueur

Un film de Pablo Berger, avec Maribel Verdu, Daniel Gimenez-Cacho, Angela Molina, Pere Ponce, Macarena Garcia, Sofia Oria, Josep Maria Pou, Inma Cuesta…

Genre: Drame fantastique

Durée: 1h44 mn

Distributeur: -

Année de production: 2012

Synopsis: 

Sud de l’Espagne, 1910. Epoux de la belle Carmen de Triana, une danseuse de flamenco qui est sur le point d’accoucher de leur premier enfant, Antonio Villalta est à l’apogée de sa carrière de torero. Le destin du couple bascule lorsqu’Antonio est encorné par le dernier taureau qu’il devait affronter: au même moment, sa femme perd les eaux et meurt en donnant naissance à une petite fille nommée Carmencita. Antonio survit mais est désormais tétraplégique. Désespéré, il rejette son enfant et perd goût à la vie. Cela fait l’affaire de l’infirmière Encarna qui se rend indispensable auprès de lui et finit par l’épouser…

Elevée par sa grand-mère, la petite Carmen souffre de l’absence de son père bien qu’elle soit heureuse. Lorsque sa grand-mère meurt, elle est envoyée chez son père où elle rencontre pour la première fois sa marâtre Encarna, laquelle lui fait subir les pires humiliations, lui interdisant notamment de voir son père. L’enfant désobéit un jour et père et fille se découvrent l’un l’autre. Antonio apprend à Carmen les rudiments de la tauromachie mais ce bonheur ne dure pas…

A la mort d’Antonio, assassiné par Encarna avide de vivre librement sa vie de femme riche, Carmen est envoyée par sa marâtre loin du domaine cueillir des fleurs pour la tombe de son père. L’amant d’Encarna l’accompagne, ayant pour mission d’assassiner la jeune femme.

Sauvée de la noyade par un nain, Carmen a tout oublié de son ancienne vie. La famille du nain l’adopte et la baptise Blancanieves, comme dans le conte. Avec eux, elle va redécouvrir l’art de toréer, se remémorer son passé et retrouver Encarna qui n’en a pas fini avec elle…

Critique

On peut dire que The Artist et Blancanieves sont des oeuvre soeurs: elles se ressemblent tout en étant différentes. 

Quand The Artist rend un hommage appuyé aux films muets du Hollywood des années 1920, Blancanieves est une véritable ode à l’Espagne. Ce n’est pas  juste un autre film muet en noir et blanc, cherchant à surfer sur le phénomène lancé par Michel Hazanavicius. C’est une oeuvre rendue intemporelle par le choix artistique de l’absence de couleurs, magistralement portée par une troupe d’acteurs spectaculaires magnifiés par le silence au premier rang desquels brillent Maribel Verdu, sublime de cruauté et de sadisme en infirmière/marâtre, et la jeune Macarena Garcia, révélation féminine des Goyas 2013 pour son interprétation saisissante de Blanche-Neige.

Blancanieves, c’est une déclaration d’amour à l’Espagne et à ses traditions, une réinvention culottée, crédible, moderne et respectueuse du conte des frères Grimm, une somme de références culturelles et historiques espagnoles parfaitement dosée et l’apologie des femmes fortes et indépendantes. La frêle et passive Snow-White connue de tous disparaît devant la caméra de Pablo Berger, remplacée par une Blancanieves certes impuissante à maîtriser son destin mais toujours gracieuse, pleine de vie, forte, torera. 

A travers ses deux héroïnes, la méchante Encarna et la douce Blancanieves, Pablo Berger met aussi à mal le cliché du machisme traditionnellement attaché aux Espagnols, rejoignant par là un certain Pedro Almodovar, fervent admirateur de la gent féminine qu’il utilise régulièrement comme thème central de ses oeuvres.