Makers (extrait n°2)

Publié le 21 février 2013 par Monartiste

Les pays sérieux fabriquent des choses 

Tout pays, s’il veut rester fort, doit posséder une base industrielle. Aujourd’hui encore, un quart environ de l’économie américaine repose sur la fabrication de biens physiques. Si vous y ajoutez leur distribution et leur vente dans le commerce, vous arrivez à près de trois quarts de l’économie. L’économie de service ne manque pas d’attraits, mais éliminez l’industrie manufacturière et vous avez un pays de banquiers, d’employés de restauration et de guides touristiques. Les industries du logiciel et de l’information brillent sous les feux de la rampe mais n’emploient qu’un faible pourcentage de la population.

Nous « vivons en ligne », disent certains, mais ce n’est pas vrai de notre vie de tous les jours. Notre vie commerciale se déroule principalement dans le monde réel, celui de l’alimentation, du vêtement, de l’automobile, du logement, et il en sera ainsi jusqu’à l’avènement d’un avenir de science-fiction où nous serons réduits à des cerveaux sous cloches. Les bits sont passionnants, mais l’économie globale, elle, est faîte d’atomes.

Pourtant le coût de la main-d’œuvre rend de plus en plus difficile la survie des industries manufacturières dans les pays occidentaux riches. Du fait de l’exode des emplois industriels, motivé surtout par les avantages de coût de l’Asie, l’emploi industriel est tombé à son plus bas niveau depuis un siècle aux Etats-Unis, à la fois en nombre absolu et en pourcentage de la population au travail.Pis les usines qui vont contre la tendance ont du mal à trouver des travailleurs qualifiés, car une génération entière s’est détournée des emplois industriels. L’industrie, d’où est issue la classe moyenne américaine, est aujourd’hui considérée comme en voie de disparition ( ce n’est pas exact, on le verra plus bas, mais si l’on n’y fait rien, les apparences risquent de devenir réalité). Travailler en usine paraît ennuyeux, dangereux et sans avenir.

Or aujourd’hui, il existe ne possibilité de renverser la vapeur – non en retournant aux usines géantes et à leurs armées de salariés d’autrefois, mais en créant un nouveau genre d’économie manufacturière davantage calquée sur le web lui-même : organisée du bas vers le haut, largement répartie, animée par l’esprit d’entreprise.

Selon un quasi-cliché, n’importe qui peut créer sur le web une entreprise immensément prospère à condition d’avoir une idée de logiciel suffisamment bonne. En effet, les barrières à l’entrée sont pratiquement nulles pour les entreprises créés en ligne : un ordinateur portable, une carte de crédit et vous voilà lancé.

L’industrie manufacturière, elle, a toujours été considéré comme quelque chose d’entièrement différent. Fabriquer des choses revient cher : cela nécessite des équipements et des compétences en mécanique, en logistique, etc.. Il faut en général d’énormes investissements de départ et les erreurs se traduisent par l’accumulation de stocks invendables. L’échec peut-être glorieux en ligne, où le coût d’entrée est relativement bas, mais dans le monde de la fabrication de biens réels, il est synonyme de ruine. Les atomes pèsent lourd, et les conséquences de leur échec aussi. Si vous fermez un site web, personne n’en a cure. Quand une usine ferme, des tas de gens perdent leur emploi, et leur emploi, et les propriétaires peuvent traîner une dette le restant de leur vie.

Du moins, il en était ainsi. Mais depuis quelques années, il s’est produit quelques chose de remarquable. Le processus de fabrication des objets matériels a commencé à ressembler davantage à celui des biens numériques. L’image du petit nombre des gens intelligents qui changent le monde avec guère plus qu’une idée et une connexion internet s’applique aussi, de plus en plus, à l’industrie manufacturière.