Chronique La croisade s’amuse

« Tout le monde le sait bien qu’il n’y a pas de racisme mais des racismes : racisme anti-pauvre, racisme anti-jeune, racisme anti-femme, racisme anti-arabe… Alors, si vous êtes une pauvre jeune femme arabe !… ». Nous débutons cette chronique avec une citation de Guy Bedos, célèbre humoriste, ayant déjà collaboré avec Rachida Khalil dans une précédente pièce, La vie rêvée de Fatna, en 2004.

La comédienne nous présente dans La croisade s’amuse, ici, jouée au Théâtre le Petit Montparnasse, une succession de tableaux portant un regard sur notre société avec ses contradictions et ses dérives, en mal d’identité où l’étranger est montré du doigt et désigné comme l’ennemi à abattre et tout cela avec un humour intelligent et ravageur.

Accompagnée de ses acolytes  Abderahim Khalil, Djanis Bouzyani, Shirley Henault, Chloé Aoulakoul, Ambre Caipfali, Coline Omasson et Wendy Deavaux, cette comédienne et auteur nous emporte dans une pièce où le spectaculaire et l’humour adroit ont une place privilégiée, incarnant des personnages hauts en couleurs, un brin sarcastiques, parfois cruels et surtout très attachants.

En effet, nous sommes face à une mise en abîme qui se transforme en dérision sur nos propres démons face à l’Islam et à l’immigration mais c’est avant tout une comédie humaine où ces hommes et ces femmes arabes pris dans le tourbillon de leurs propres vies, cherchent tout comme nous à donner un sens à leur existence.

Rachida Khalil l’a compris et nous fait partager avec la plus grande tendresse, sa vision critique à la fois autobiographique et plus générale sur la tolérance, sur la différence et sur la position de la femme dans notre monde.

Derrière les artifices d’une mise en scène bien menée grâce au talent d’Emmanuelle Michelet, nous entrons dans une danse explosive et provocatrice digne des milles et une nuit et nous tourbillonnons, touchant presque du doigt le génie de cette artiste qu’est Rachida Khalil qui n’oublie pas que l’humour est une arme indispensable face au diktat de l’ordinaire, de la bêtise et des idées préconçues.

Rachida Khalil dans La croisade s’amuse, Théâtre du Petit Montparnasse, du mardi au samedi à 19h.