On savait que dans la société idéale de certains, l’Assemblée Nationale « représentative » de la France comporterait 50% de femmes, x% de noirs et d’arabes, d’homosexuels, de Musulmans/Juifs/Chrétiens, de jeunes et de vieux, et une répartition représentative selon les catégories socio-professionnelles. Et nous venons d’apprendre que dans la société idéale des DRH, des jours fériés d’origine chrétienne seraient supprimés car « lorsque les fêtes religieuses des autres confessions arrivent, les salariés relevant de celles celles-ci ont tendance à demander des autorisations d'absence au nom de leurs propres convictions », et en gros ça nuit à la productivité. Ils ajoutent aussi que « le respect de la diversité, c'est certainement une des sources de paix de la société ».J’aimerais répondre aux membres de l’association nationale des DRH qu’ils devraient plutôt s’occuper des vraisproblèmes de leurs salariés, au premier rang desquels le mal-être au travail dû au stress au lieu de se préoccuper de la paix de la société. L’explosion des troubles musculo-squelettiques dus au stress, les malaises liés aux relations avec le manager direct, autant de défis majeurs qui attendent les DRH afin de concilier les exigences de performances attendues des salariés et leur bien-être, à l’heure où la compétition avec des pays à la main d’œuvre peu chère s’intensifie. Dans ce contexte, je doute que les problèmes liés aux jours fériés car ils sont d’origine chrétienne soient la question principale. Et quand bien même ils le seraient, si c’était en assouvissant les tentations communautaires qu’on assure la paix de la société, cela se saurait. Au contraire, le risque de telles mesures est de déclencher une escalade incontrôlable des revendications, source à l’évidence de tensions sociales au sein de la société. Cela fait aussi progresser le fait religieux au sein de l’entreprise, ce qui va à l’encontre de l’objectif affiché de flexibilité et compétitivité.En réalité, je crains que cette proposition soit marquée du même sceau de la culture généralisée du renoncement que les appels aux quotas un peu partout dans les institutions administratives et privées. Renoncement à l’héritage judéo-chrétien de la France, renoncement au principe d’égalité des chances et des droits, renoncement aux valeurs de mérite et de liberté… Et de plus en plus de personnes, dépositaires parfois de pouvoirs décisionnels importants, tombent dans le piège du « vivre-ensemble facile » consistant à vouloir plaire à tout le monde en apparence, tout en faisant fi des forces sous-jacentes du pacte social.Après tout, qui fête encore la Pentecôte et l’Assomption, si ce n’est une communauté catholique largement bigote et en perte de vitesse en France ? Là n’est pas la question. La religion chrétienne a accompagné plus de 1 500 ans d’histoire de France (depuis le baptême de Clovis aux alentours de 496), et en a forgé la plupart des traditions : les saints protecteurs, le repos dominical, et les fêtes qui rythment l’année et jalonnent la vie sociale. La religion chrétienne est aussi à l’origine des droits fondamentaux de la personne humaine et a joué un rôle majeur dans le progrès social grâce au catholicisme social. Elle portait d’ailleurs dans ses gènes le germe de la laïcité, plus précisément de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, en offrant la substitution du combat politique par le combat spirituel et plus intime de l’homme contre son propre égoïsme (Saint-Augustin). Dans ce contexte, il est dangereux de vouloir couper les racines de l’arbre dont nous mangeons actuellement les fruits. Il est illusoire de penser que nous pouvons jouir des avancées majeures de l’Histoire en effaçant les traces du passé. Bien au contraire, réaffirmer son Histoire, son identité et ses valeurs est le préalable à une société qui s’assume et qui ainsi est prête à accueillir celui qui est différent. C’est le doute de soi qui sème la méfiance de l’autre et fait percevoir l’étranger comme une menace.Renoncer à notre Histoire au nom de la logique économique de quelques entreprises qui soi-disant veulent plus de flexibilité serait une grave erreur. Ce serait ouvrir la boîte de Pandore, et entrer dans un questionnement sans fin du degré d’équité entre les religions, ce qui serait destructeur dans un pays laïc.
On savait que dans la société idéale de certains, l’Assemblée Nationale « représentative » de la France comporterait 50% de femmes, x% de noirs et d’arabes, d’homosexuels, de Musulmans/Juifs/Chrétiens, de jeunes et de vieux, et une répartition représentative selon les catégories socio-professionnelles. Et nous venons d’apprendre que dans la société idéale des DRH, des jours fériés d’origine chrétienne seraient supprimés car « lorsque les fêtes religieuses des autres confessions arrivent, les salariés relevant de celles celles-ci ont tendance à demander des autorisations d'absence au nom de leurs propres convictions », et en gros ça nuit à la productivité. Ils ajoutent aussi que « le respect de la diversité, c'est certainement une des sources de paix de la société ».J’aimerais répondre aux membres de l’association nationale des DRH qu’ils devraient plutôt s’occuper des vraisproblèmes de leurs salariés, au premier rang desquels le mal-être au travail dû au stress au lieu de se préoccuper de la paix de la société. L’explosion des troubles musculo-squelettiques dus au stress, les malaises liés aux relations avec le manager direct, autant de défis majeurs qui attendent les DRH afin de concilier les exigences de performances attendues des salariés et leur bien-être, à l’heure où la compétition avec des pays à la main d’œuvre peu chère s’intensifie. Dans ce contexte, je doute que les problèmes liés aux jours fériés car ils sont d’origine chrétienne soient la question principale. Et quand bien même ils le seraient, si c’était en assouvissant les tentations communautaires qu’on assure la paix de la société, cela se saurait. Au contraire, le risque de telles mesures est de déclencher une escalade incontrôlable des revendications, source à l’évidence de tensions sociales au sein de la société. Cela fait aussi progresser le fait religieux au sein de l’entreprise, ce qui va à l’encontre de l’objectif affiché de flexibilité et compétitivité.En réalité, je crains que cette proposition soit marquée du même sceau de la culture généralisée du renoncement que les appels aux quotas un peu partout dans les institutions administratives et privées. Renoncement à l’héritage judéo-chrétien de la France, renoncement au principe d’égalité des chances et des droits, renoncement aux valeurs de mérite et de liberté… Et de plus en plus de personnes, dépositaires parfois de pouvoirs décisionnels importants, tombent dans le piège du « vivre-ensemble facile » consistant à vouloir plaire à tout le monde en apparence, tout en faisant fi des forces sous-jacentes du pacte social.Après tout, qui fête encore la Pentecôte et l’Assomption, si ce n’est une communauté catholique largement bigote et en perte de vitesse en France ? Là n’est pas la question. La religion chrétienne a accompagné plus de 1 500 ans d’histoire de France (depuis le baptême de Clovis aux alentours de 496), et en a forgé la plupart des traditions : les saints protecteurs, le repos dominical, et les fêtes qui rythment l’année et jalonnent la vie sociale. La religion chrétienne est aussi à l’origine des droits fondamentaux de la personne humaine et a joué un rôle majeur dans le progrès social grâce au catholicisme social. Elle portait d’ailleurs dans ses gènes le germe de la laïcité, plus précisément de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, en offrant la substitution du combat politique par le combat spirituel et plus intime de l’homme contre son propre égoïsme (Saint-Augustin). Dans ce contexte, il est dangereux de vouloir couper les racines de l’arbre dont nous mangeons actuellement les fruits. Il est illusoire de penser que nous pouvons jouir des avancées majeures de l’Histoire en effaçant les traces du passé. Bien au contraire, réaffirmer son Histoire, son identité et ses valeurs est le préalable à une société qui s’assume et qui ainsi est prête à accueillir celui qui est différent. C’est le doute de soi qui sème la méfiance de l’autre et fait percevoir l’étranger comme une menace.Renoncer à notre Histoire au nom de la logique économique de quelques entreprises qui soi-disant veulent plus de flexibilité serait une grave erreur. Ce serait ouvrir la boîte de Pandore, et entrer dans un questionnement sans fin du degré d’équité entre les religions, ce qui serait destructeur dans un pays laïc.