Magazine France

Politique: de Grizzly le patron aux sarkozystes dégrisés.

Publié le 21 février 2013 par Juan
Politique: de Grizzly le patron aux sarkozystes dégrisés. Un géographe, dans le Monde, qui témoigne des stratégies de survie de nos exclus. Un PDG prénommé Grizzly, dans les Echos, qui témoigne de l'ordurière posture de certains prédateurs du capitalisme. Un homme politique français, égaré dans son libéralisme.  D'autres qui célèbrent l'action internationale de l'ancien monarque...
Bienvenue.
Grizzly
Mercredi, nous pouvions nous régaler de ce courrier daté du 8 février et adressé par un patron anglo-saxon d'un groupe spécialisé dans la reprise d'usines de pneus en difficultés à Arnaud Montebourg. Après l'épisode Carlos Ghosn, voici un gars qui se surnomme Grizzly, cela ne s'invente pas. On dirait un nom de scène. Sa lettre est hallucinante, il faut la lire pour connaître l'ennemi. La lire et la relire.
"J'ai visité cette usine à plusieurs reprises. Les salariés français touchent des salaires élevés mais ne travaillent que trois heures. Ils ont une heure pour leurs pauses et leur déjeuner, discutent pendant trois heures et travaillent trois heures. Je l'ai dit en face aux syndicalistes français. Ils m'ont répondu que c'était comme ça en France ! Monsieur, votre lettre fait état de votre envie d'ouvrir des discussions avec Titan. Vous pensez que nous sommes si stupides que ça ? Titan possède l'argent et le savoir-faire pour produire des pneus. Qu'est-ce que possède le syndicat fou ? Il a le gouvernement français. Le fermier français veut des pneus à bon prix. Il se fiche de savoir si les pneus viennent de Chine ou d'Inde, et si ces pneus sont subventionnés. Titan va acheter un fabricant de pneus chinois ou indien, payer moins de 1 euro l'heure de salaire et exporter tous les pneus dont la France a besoin. Dans cinq ans, Michelin ne pourra plus produire de pneus en France. Vous pouvez garder les soi-disant ouvriers. Titan n'est pas intéressé par l'usine d'Amiens-Nord".
La réponse du ministre du redressement productif fut rapide, publique, et cinglante. "Vos propos aussi extrémistes qu'insultants témoignent d'une ignorance parfaite de ce qu'est notre pays". Montebourg lui rappela La Fayette. L'impétrant patron mériterait l'exclusion du territoire national, l'interdiction de passage en France. Qu'il voyage donc en jet hors de chez nous.
Malheureusement, il y en avait en France qui pensent comme ce Grizzly.
Gris
Hervé Novelli ne surprend plus. Le chantre de la faction néo-libérale de l'UMP a ressorti l'un de ses arguments préférés, mercredi 20 février sur le site Atlantico.
Aujourd’hui être travailleur même pauvre en Allemagne c’est largement préférable à être un assisté en France.
Car il est énervé, le neo-lib est énervé. Il devrait applaudir à la suppression envisagée des allocations familiales aux plus fortunés - via une fiscalisation ou tout autre moyen. Après tout, subventionner les familles, c'est de l'assistanat, n'est-ce-pas ? 
Et bien non... Novelli était agacé qu'on envisage de supprimer ces subsides. Le même hurlait déjà quand le gouvernement Hollande rabaissa de 2.300 à 2.000 euros l'avantage annuel du quotient familial dans la dernière loi de finances - en vigueur depuis janvier. Relisez l'argument, relisez-le soigneusement.
Je trouve que ce n’est pas la bonne solution. Les allocations familiales sont les indicateurs d’une politique familiale dans un pays. Si on les conditionne à des ressources, si on les fiscalise, on passe d’une politique familiale à une politique sociale. Pourtant, les solutions sont simples : il faut mieux regarder le bénéfice qu’en tire les allocataires. Il y a l’aspect "fraude" sur lequel il faut porter plus d’attention mais aussi revoir la multitude d’allocations sociales. Elles n’ont pas cessé d’augmenter et, dans une période comme celle-ci, auraient besoin d’être réservées à ceux qui en on le plus besoin.
Pour celles et ceux qui en doutaient, la messe est dite et archi-dite. Il s'agit bien d'une lutte de classes des plus mesquines. Car comment justifier qu'on s'épargne cette économie bienvenue en période de grande crise, quelques centaines d'euros à fiscaliser ? En 2013, nous rappelle le Monde, toute famille en France a droit à 127 euros par mois à partir de deux enfants, 290 euros pour trois enfants et jusqu'à 452 euros pour quatre enfants.
Hervé Novelli nous donne donc la réponse, sa réponse, terrifiante.
L'assistanat des riches, pour ces gens-là, se joue à 300 euros par mois.
Mesurez la mesquinerie.
Dégrisés
Les Amis de Sarkozy tenaient meeting. Mercredi matin sur France Inter, le "motodidacte" Christian Estrosi est presque sympathique face à Pascale Clark qui l'interroge un peu avant 8 heures. Il s'égare toutefois quand il confie combien Nicolas Sarkozy fut ce grand "leader moral".
Quelques heures plus tard, ces quelques Sarko-fans étaient tels ces grognards du Napoléon post-Waterloo. Ils priaient pour son retour. Leur Monarque déchu s'était réfugié à Saint-Hélène, version hôtel particulier Villa Montmorency.  On murmure dans les dîners que l'homme enrage tellement de ne plus être aux commandes qu'il s'épuise en sport. Il ressemble à Guido, ce personnage joué par Jean-Pierre Bacri dans l'excellent film de Jean-Marie Poiré, Mes Meilleurs Copains. Guido compense par un cyclisme effréné son abstinence sexuelle.
Un petit millier de personnes se sont relayées, en pleine semaine, en pleine journée, pour écouter la bonne parole, une réécriture du précédent quinquennat. Nulle allusion au printemps arabe raté par l'administration Sarkozy, aux voyages touristiques de François Fillon et Michèle Alliot-Marie, aux troubles relations avec le colonel Kadhafi avant 2011. Rien non plus sur les agitations dans trop d'inutiles G-vains, ni le discours de Dakar.
Cette première réunion fut un rafraîchissant souvenir. L'organisation était "artisanale" aux dires de l'un des patrons de l'évènement. Nicolas Sarkozy conservait-il pour lui les millions engrangés par son métier de consultant ? En tout cas, il s'est renseigné tout au long de la journée sur l'affluence de la manifestation. 
Jean-Pierre Raffarin avait même pourri la fête. L'ancien premier ministre, centriste introverti, a lâché sa bombinette, quelques pages pour énumérer les cinq erreurs majeures de Nicolas Sarkozy.
Cinq, seulement.
Hors système. 
"Pour la première fois dans l'histoire, les classes populaires ne sont pas intégrées au projet économique et social des classes dirigeantes." C'est une affirmation, ou plutôt un constat, sacrément troublant, connu de certains d'entre nous. Il émane d'un géographe qui, ce mercredi, publie une longue analyse dans le Monde. La France est d'abord périphérique. Quelque 60% du pays vit dans cette partie à quelques kilomètres de nos centres urbains. Cette France-là trouve peu à peu d'autres voies de survie. Elle surinvestit "le territoire, le local, le quartier, le village, la maison." Loin de l'agitation médiatique, loin du reste national.
"Cette France des fragilités sociales, qui se confond avec celle des plans sociaux, cumule les effets de la récession économique mais aussi ceux de la raréfaction de l'argent public."

La France est-elle finie ?


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Juan 53884 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte