# Dans la tête d'Harold. Merci à lui pour cette nouvelle contribution.
Après l’épisode hystérique de la fin du monde de 2012, nous voilà à nouveau plongés dans le fantasme du film Armageddon illustré par les infographies en 3D. Le discours rationnel des scientifiques nous informant que cet astéroïde ne pouvait pas entrer en collision avec la Terre n’a pas empêché les médias de faire les gros titres sur une catastrophe évitée : « Un astéroïde géant a frôlé la Terre sans dégâts » (L’EXPRESS). Satellites de la NASA, caméras professionnelles et amateurs braquées vers les cieux à la recherche d’une image spectaculaire ne se sont résumés qu’à un point lumineux, insignifiant, perdu dans l’immensité infinie de l’espace.
Image abstraite pour les néophytes qui se contentent d’écouter religieusement la voix évangélique de la télé à la recherche de sens. Mais au même moment, une météorite se désintègre au-dessus de la région de Tcheliabinsk en Russie provoquant des centaines de blessés et d’importants dégâts matériels. Ces images de gens hébétés, blessés et interrogatifs nous plongent dans une situation chaotique : vitres éclatées, mur d’un bâtiment effondré, boule lumineuse laissant une bande nuageuse blanche telle une déchirure dans le ciel. Ces images nous renvoient à notre condition humaine, à l’idée que la science n’explique pas tout.
La redondance des discours médiatiques montrant une boule blanche, telle une comète annonçant de mauvais présages, alimente cette superstition que le chaos peut surgir tout au long de notre existence. Est-ce par hasard si l’expression « pluies de météorites » a été souvent prononcée par les journalistes, disqualifiant ainsi un discours scientifique pour une interprétation à valeur religieuse, tel un châtiment. Il aurait fallu privilégier le terme scientifique de « désintégration » ou bien montrer l’image, bien rare à la télévision, de ce cratère formé par cette météorite ou encore de la capture de Météosat 9, afin de donner plus de sens aux images. Aux images satellitaires et à leurs discours scientifiques rassurants sur cette trace fugace de l’astéroïde s’opposent les images brutales et chaotiques de la météorite, à forte charge superstitieuse.