Grand moment d'émotion à Bastille où Philip Jordan dirige la première journée de l'Anneau du Niebelung, la Walkyrie de Richard Wagner.
Paul Claudel contrairement à Quentin Tarentino n'aime pas le poison Wagner. Dans Django Unchained, Hildi (diminutif jeuniste de Brünnhilde), la jeune esclave noire a été prénommé ainsi en référence à la Walkyrie de Richard. Christopher Waltz qui interprète l'humaniste dentiste devenu chasseur de primes raconte son histoire à un esclave noir émerveillé « il est fou ce type, amener sa fille au sommet d'une montagne, l'entourer de flammes crachées par un dragon géant et attendre le pompier magique qui viendra la délivrer. » dit l'esclave.
Ils sont fous ces allemands ! Il est dingo Tarantino. Là où Claudel ne voit que pensée mythique pré-religieuse dans les pesantes légendes allemandes, Quentin égrène un conte de fées. Après avoir tué Hitler dans son film précédent, il a l'œil humide aux légendes allemandes...
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Une mise en scène revue et corrigée
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Après un prologue un peu poussif, Gunther Kramer qui poursuit la tétralogie à l'Opéra Bastille a lui resserré les boulons de sa mise en scène, offrant ainsi- au moins dans les deux premières parties- une illustration éclatante et souvent méconnue des qualités dramaturgiques de Richard Wagner. La scène de ménage Fricka(Sophie Koch) versus Wotan (Egils Silin ) est de ce point de vue totalement admirable : du Bergman. Son dieu de mari est attiré par les humains. Non, non, non au mariage Dieux -Humains. Ça engendre des créatures à la personnalité difficile ! Ce Siegmund, completly jobasse ... Un jour, ils voudront tout, le mariage pour tous et le crépuscule des dieux et retourneront leurs épées cassées contre les murailles du Walhalla... « L'homme vraiment libre ne peut avoir été créé par quelqu'un » dit le révolutionnaire Siegmund .
On comprend que Claudel s'agace . Ces enfants à la personnalité fragile seraient même portés sur les amours incestueuses. Avec une histoire aussi tordue , comment ne pas perdre le fil. Jusqu'à la chevauchée des Walkyries pourtant on y croit. On se surprend même à s'émouvoir de ce scénario de telenovela métaphysique. Pour ce passage mythique , il a imaginé un champ de bataille qui évoque les camps. Faudra-t-il toujours que les mises en scène de Wagner soient accompagnées de bergers allemands ? Les cadavres nus des victimes sont ressuscités par les Walkyries et entament une chorégraphie mécanique avec un costume d'infirmier et un masque d'Hannibal Lecter...Tout ce mouvement fait perdre un peu de puissance vocale aux walkyries...dommage. Mais très vite on se reprend et le dernier acte est une splendeur . Une splendeur accoutumée par le jeune chef Philip Jordan dirige divinement la musique de Wagner jusqu'à la très grande émotion. Ses solistes sont admirables : Stuart Skelton est un très grand Siegmund. Le Wotan d'Egin Silis , racé, preste , élégant. Gunther Groissbock (qui chantait un géant dans le prologue) est excellent dans le difficile rôle d'Hunding. Alwyn Mellor est une Brünnhide bonne actrice même si elle poitrine un peu l' « hojotoho ». Quant à Mme Serafin elle est très convenable en sœur aimée. Passons sur les lumières, les décors, l'histoire .
« La musique contient d'elle-même et en elle-même le drame tout entier . » disait Richard Wagner. Sa musique permet d'atteindre une sorte d'inaccessible, l' « en-soi des philosophes ». A Bastille, nul doute que Philip Jordan nous fait approcher ses régions enfouies.