Capitale de la douleur (tristesse de l’exil)

Par Borokoff

A propos d’Ici et là-bas d’Antonio Méndez Esparza 

Après avoir vécu plusieurs années à New-York, Pedro, un père de famille mexicain, retourne vivre parmi les siens, dans les montagnes du Guerrero. Pedro aspire à une vie tranquille, entouré de sa femme et de ses deux filles, en attendant un troisième enfant qui doit naître. Mais bientôt, les difficultés matérielles et financières (ré)apparaissent. Pedro ne trouve pas de travail et malgré les économies qu’il a pu faire aux Etats-Unis, ne parvient plus à subvenir aux besoins de sa famille. Bientôt, un de ses souhaits les plus chers de constituer un groupe de musique (les Copa Kings) s’envole, remplacé par une réalité beaucoup plus terre-à-terre. Le constat à la fois amer et douloureux (mais lucide) qu’il va devoir encore « abandonner » les siens. Et (leur faire) vivre à nouveau une cruelle et douloureuse séparation ?…

Premier long-métrage pour Antonio Méndez Esparza, Ici et là-bas, dont la mise en scène très lente pour ne pas dire monotone, est caractérisée par de nombreux et très longs plans fixes, ce qui lui donne un côté très réaliste voire quasi-documentaire.

Divisé en plusieurs parties, plusieurs chapitres, Ici et là-bas dépeint le retour au pays d’un Mexicain qui ne rêve que de vivre en paix avec sa femme et ses trois filles tout en pouvant faire sa musique. La réalité en décidera malheureusement autrement.

Avec un regard plein de compassion, mais en réussissant toujours à éviter la mièvrerie ou un style trop complaisant, Antonio Méndez Esparza observe et décrit le quotidien de cette famille mexicaine en montrant comment elle aime vivre simplement, comme le dit Pedro dans ses chansons. Hélas, Pedro (excellent Pedro De los Santos Juárez, découvert par le réalisateur alors qu’il travaillait dans un  supermarché) et les siens éprouveront les plus grandes difficultés à rester une famille soudée.

L’équilibre était déjà fragile et précaire du fait que Pedro était parti plusieurs années (combien, exactement ?) aux Etats-Unis. C’est d’ailleurs ce qu’Antonio Méndez Esparza décrit le mieux, la méfiance voire la défiance parfois que la fille aînée de Pedro ressent désormais pour son père. Un père qu’elle na que très peu connu. Sûrement lui en veut-elle – même si elle a compris les nécessités de son départ – de les avoir laissées seules pendant des années. Le ressentiment chez les personnages d’ Antonio Méndez Esparza vient d’abord d’un manque affectif, un vide lié à l’absence qui s’accompagne d’un constat toujours lucide chez eux (leur manque de colère est lié à l’inutilité de s’énerver sans doute) : il n’y a pas grand-chose à faire ni aucun travail dans ces montagnes arides du Mexique.

Malgré un certain manque de rythme et une fin qui tire en longueur (le film aurait dû se terminer à la fin de l’avant-dernier chapitre), on conseille Ici et la-bas pour le regard empli de douceur du réalisateur. On reste assez fasciné par le calme des membres cette famille, par cette indignation toujours contenue que l’on sent en eux. Jamais, les membres de cette famille mexicaine ne semblent vouloir s’emporter ni se rebeller contre un destin arbitraire. Comme s’ils avaient accepté leur sort, résignés pour ne pas dire fatalistes. Mais ont-ils seulement un autre choix ?…

http://www.youtube.com/watch?v=2PKSvM1SEHM

Film américain, espagnol, mexicain d’Antonio Méndez Esparza avec Teresa Ramírez Aguirre, Pedro De los Santos Juárez (01 h 40) 

Scénario d’Antonio Méndez Esparza : 

Mise en scène : 

Acteurs : 

Dialogues : 

Compositions (chansons du film) de Pedro De los Santos Juárez :