"Le pouvoir extérieur qui prive l'homme de la liberté de communiquer ses pensées publiquement le prive en même temps de sa liberté de penser" - Emmanuel Kant
Pour des blogueurs et autres créateurs de contenus qui ont vécu, sur Internet, un peu près toutes les situations possibles face à la censure... cette volonté gouvernementale d'encadrement plus strict de la liberté sur le Net, c'est vraiment beaucoup de bruit pour pas grand-chose car, les lois existent déjà, toutes les lois. Aussi, aucune raison d’en voter d’autres !
Dans le cas contraire, on espère pouvoir compter sur les réseaux sociaux (et accessoirement sur les journalistes) pour nous alerter si jamais il vient à l'idée du PS, de l'UMP et des Verts conjointement, cul et chemise, de nous en pondre une de loi, de nuit et au mois d'Août de préférence... mais on s'empressera d'ajouter : ce ne serait alors qu'une coïncidence !
On ne veut pas non plus passer pour des complotistes impénitents et paranoïaques.
Qu'à cela ne tienne ! Si cela peut rassurer le gouvernement Ayrault... nombre d'entre nous, blogueurs et créateurs de contenus sur le Net, souhaite ce qui suit :
Sur Internet, on veut la loi, toute la loi rien que la loi, celle qui aujourd'hui permet de poursuivre l'auteur de propos racistes, sexistes, haineux ou antisémites... et seuls les tribunaux sont à même de juger s'il y a lieu de poursuivre ou pas.
Sur Internet, on veut la loi, toute la loi rien que la loi contre ceux qui exercent sur les hébergeurs des pressions pour obtenir la censure d’un blogueur alors qu’aucune loi ne l’y autorise.
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Combattre la censure c'est ne pas se taire et continuer de dire ce qui est tu
A toutes fins utiles, on prendra soin de rappeler que les sites qui n'exercent pas de censure a priori sur les contenus qu'ils hébergent ne sont pas tenus responsables des propos qui y sont publiés : ils sont hébergeurs et non éditeurs ; les sites qui exercent a priori une censure sur les contenus sont responsables car ils sont alors éditeurs. Reste à savoir si cette distinction est tenable sur le long terme… dans tous les cas, ça ne doit pas être le problème des blogueurs.
En revanche, ce qui suit mérite sans aucun doute un maximum d’attention :
Dans leurs publications quotidiennes, les acteurs du Net seront de plus en plus confrontés non pas à la loi, mais à l’arbitraire de décisions de censure au cas par cas, selon le bon vouloir et les options disons à la fois "politique" (tout est politique !) et commerciale des hébergeurs ou des éditeurs, et cequelle que soit l’activité de ces hébergeurs : sites d’infos, plateformes de blogs, sites assoc)…
Et bien plus redoutable encore : censure au cas par cas selon la nature et l’origine des pressions qui sont exercées sur ces mêmes hébergeurs ou éditeurs de contenus... dans le cadre d'une sorte d'auto-censure préventive de l'hébergeur ou de l'éditeur, et ce sur le dos du blogueur dont les propos ne tombent pourtant sous le coup d'aucune loi, sinon une seule : celle du plus fort (en gueule ?) quand il s'agit d'exercer des pressions.
On ne pourra pas non plus compter sur des "modérateurs" inflexibles qui prendront le risque de perdre leur emploi (1), et moins encore sur des "Directeurs de publication" qui viendraient en soutien car, tous ceux qui sont et seront nommés devront intégrer cette obligation d'auto-censure préventive face aux menaces d'ordres politique, communautaire et commerciale. Ne compter sur aucune fermeté d'âme de ce côté-là...
Les principes et la loi devront s'effacer devant des pressions jugées irresistibles. D'où la nature trompeuse de cette volonté gouvernementale affichée d'encadrer plus strictement la liberté d'expression alors que toutes les lois sont là pour veiller aux délits qui auraient pour origines des "opinions". Dans les faits, il s'agit bien davantage d'établir un climat proche de l'intimidation ; là encore, on est dans le préventif à long terme.
Pour nous blogueurs, c’est le vrai danger qui nous guette avec ou sans la réforme de quelque loi que ce soit (1).
Aussi, quel recours avons-nous ? Est-ce que l’on doit d’ores et déjà envisager qu’un blogueur se retourne contre son hébergeur en cas de censure qu'aucune loi ne justifierait, ou bien contre celui ou celle qui serait à l'origine de cette demande de censure ?
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Si pour juger les autres il faut avoir été au moins une fois accusé...
de même pour comprendre la censure, faut-il avoir été censuré.
La censure c'est de l'intimidation, vécue comme telle aussi par ceux qui en sont les témoins sans en être les victimes directes. La censure jette comme un froid sur sa victime : soudain, on grelotte, on frémit à l'idée de le lire et de lui répondre. C'est alors que l'on s'éloigne du "censuré" pour trouver un peu de chaleur ailleurs auprès de ceux qui font l'unanimité ou presque.
Ce qui importe ce n'est pas ce que vous (ou un journal) dites car tout le monde ment ; ce qui importe c'est bel et bien ce que vous (ou ce même journal) n'acceptez pas qu'il soit dit ; là-dessus, on ne ment jamais : dites-moi ce que j'ai le droit et ce que je n'ai pas le droit de vous dire, - ce que vous êtes prêt à entendre et ce que vous ne voulez pas entendre -, et je vous dirai, avec une marge d'erreur infime, qui vous êtes : ce que vous craignez le plus.
D’ici dix ans, les plus téméraires d’entre nous seront sans doute appelés à se regrouper au sein de plateformes de communauté d’intérêts d'ordres politique, culturel et social afin de faire face, en nombre, à cet arbitraire déjà bien présent sur le Net. Nombre de blogueurs peuvent le vérifier tous les jours.
Certes, ces regroupements ont déjà lieu aujourd'hui. Le risque de ghettoïsation (et sa stigmatisation) existe mais... la liberté d'expression est à ce prix. A nous de laisser les portes ouvertes en grand afin d'y accueillir toutes les sensibilités aussi longtemps qu'elles ont pour objectif de servir un seul questionnement : qui fait quoi, à qui, comment, où, pour-quoi et pour le compte de qui.
Ces questions-là seront de plus en plus difficiles à traiter. N'ayez aucun doute à ce sujet car est-il exagéré de dire qu’aujourd’hui ceux qui gouvernent ceux qui dirigent l’Etat jusqu'à nos élus (nationaux et européens), n’auront aucun désir de nous renseigner à ce sujet ?
Car enfin, personne parmi eux ignore que la liberté d'expression, "c'est fait pour ceux qui ne sont pas d'accord"... et il y a fort à parier que nous serons de plus en plus nombreux à vouloir en faire usage.
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1 - Travail précaire si j'en crois les infos dont je dispose sur ce qui ressemble plus à un "job" qu'à un véritable emploi : précarité des conditions d'embauche, salaire proche du minimum légal, CDD...)
2 - A moins que le gouvernement et une partie de l'Assemblée, avec l'appui du Sénat, du conseil constitutionnel et d'une partie de l'électorat de la classe moyenne - une classe épuisée par la menace de la précarité et de la relégation (placard professionnel, chômage, pauvreté) -, ne décident de mettre un frein réel à la liberté d'expression...