Magazine Concerts & Festivals

Live Report Killer Mike (+ Rascals) @ La Coopérative de Mai

Publié le 20 février 2013 par Wtfru @romain_wtfru

killer-mike-live

_

Du rap américain à Clermont-Ferrand! La chose est tellement rare qu’elle devient immédiatement un événement. Alors quand en plus, il s’agit de Killer Mike, le MC bourlingueur d’Atlanta, poto d’Outkast et de la Dungeon Family, on tient alors l’un des concerts de l’année dans la région auvergnate.
Et pourtant… Et pourtant, on a bien cru jusqu’à la dernière heure que le concert pouvait être annulé. Malgré tous les efforts consentis par la Coopérative de Mai pour relayer l’information, il faut bien avouer que la date n’a pas suscité l’engouement voulu sur les réseaux sociaux. Au point d’ouvrir une offre « une place achetée = une place offerte » qui nous a tous fait chier dans nos bennes (en effet, c’est jamais bien bon ce genre de chose…) de peur.
C’est bien beau de gueuler sur la Coopé et les autres salles de concert des alentours du fait du manque de visibilité de la scène rap. Mais lorsque celles-ci prennent des risques, parce qu’il faut saluer la prise de risque sur le coup, plus personne ne répond présent. On connaît plein de fanas de rap dans le coin, on pourrait donner des noms. Ils n’ont pas fait le déplacement. Faut pas s’étonner après…

_

Bref, c’est dans la petite salle de la Coopé, très clairsemée, que prend place le concert du soir. A vu de pif, pas plus d’une cinquantaine de badauds se plantent devant la scène pour la première partie, le groupe anglais Rascals. Le DJ de la team se présente seul tout d’abord et a la périlleuse mission de chauffer l’ambiance. Pas gagné sur le papier et encore moins lorsqu’il commence sa démo. On va pas se mentir, le mec a zéro technique aux platines. Il va essayer d’enchainer quelques scratches sur des instrus de Kanye West 2.0 mais c’est très très poussif. Il passe très vite le relai à ses MCs, comprenant l’urgence de la situation. Les quatre garçons, qui ne doivent pas dépasser les 20 ans, ont l’avantage du nombre, prenant donc tout l’espace scénique. Ca réchauffe un peu la foule du coup. Pour ce qui est de la musique, on est en plein dans ce que fait l’Angleterre depuis des années niveau rap. A savoir dubstep + grunge + rap de Beastie Boys.
Forcément, ça envoie grave dans les basses. Par moment, on croirait même voir du rap de rave party. 
Niveau mceeing, les titous ont en encore du travail. Ils ne manquent pas d’envie, c’est une certitude, mais ça reste perfectible au mic’. Par contre, ils ont déjà tout compris pour cartonner dans les mois qui viennent. Des refrains (honnêtement) chantés et quelques textes qui plairont aux mamans. On peut vous parier déjà sur la réussite du groupe cette année, au moins sur leur territoire.
Mais pour ce qui est de Clermont, on ne peut pas dire qu’ils aient conquis le public, à part deux, trois gus déjà bien chauds comme une baraque à frites. Le pari chauffage de salle a donc échoué et ce sera à Killer Mike de faire le boulot pour faire remuer tout ça.

Et après un petit quart d’heure de pause, voici donc le début d’un putain de concert rap, dans le sens le plus strict du terme. Un Dj, Un rappeur et le tour est joué. La salle est un peu plus remplie que pour la première partie, un peu plus d’une centaine de personnes. Ouf, l’honneur est sauf.
Cependant, on sent comme une certaine fébrilité à se laisser porter. Pourtant, Mike le tueur ne prend pas le temps d’entamer les préliminaires et envoie d’entrée deux ogives pleine tronche. On part sur son dernier opus, R.A.P Music, et l’énorme Untitled sur lequel il montre à quel point il est un MC de tout premier plan. Sentant le public sur la défensive, il va directement briser la glace en misant sur l’interaction, souvent teinté d’humour: « Je suis noir, je suis gros, mais je ne suis pas un gorille, vous pouvez approcher ».
Juste ce qu’il faut pour lancer la machine. Et puis il appuie là où c’est efficace pour faire monter la sauce. On repart sur ses derniers titres, R.A.P Music, Ghetto Gospel et le cinglant Reagan avec une introduction tout aussi cinglante. Les oreilles de l’ancien président ont du siffler dans sa tombe…
Malgré une petite foule, Killer Mike joue le jeu et reste pro jusqu’au bout des ongles. Il aime son art et nous le fait sentir. Il a toujours le petit mot qu’il faut, le sourire, le petit geste pour les mecs qui le filment. Bref, une attitude pas toujours adoptée par les artistes, pourtant pas forcément plus connus.
Il prend même le temps d’offrir un petit pot-pourri de ses titres marquants, seul ou en feat, de Burn à Never Scared en passant par Big Beast, avec un hommage à Bun B ou l’énorme The Whole World avec Outkast, petit moment Nutella pour le public (et pour lui).
Et pour clore le tout sur un feu d’artifice, il va finir sur God in the Building en venant rapper son dernier couplet a capella dans la « fosse », se prêtant allègrement au jeu du serrage de paluches.

_

Le mec est resté une petite heure, mais ce fut tellement intense qu’on ne lui en veut même pas de ne pas être revenu en rappel. Alors qu’on aurait pu craindre le pire, le talent et l’envie de Killer Mike nous ont tout fait oublié et surtout rappelé qu’il ne suffit pas de grand chose pour faire un bon concert. Et même pas forcément un public nombreux. On espère du coup, que d’autres artistes de son rang viendront fouler le parquet de notre belle ville clermontoise et, qu’à force, les spectateurs sauront faire le déplacement.

_


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Wtfru 11406 partages Voir son profil
Voir son blog